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Internet : gratuit sur les lieux publics ? C'est possible !



Mis à jour le jeudi 2 septembre 1999

Pacific Digital Telecoms, une jeune société, a annoncé, jeudi 2 septembre le déploiement, sur une cinquantaine de lieux publics comme des stations de RER et de métro à Paris, des centre commerciaux Auchan, des stations Elf, l'université d'Assas (Paris 6e arrondissement) ou des places publiques à Issy-les-Moulineaux, Voisins-le-Bretonneux (78) ou Chalon-sur-Saône, des bornes d'accès à internet entièrement gratuit. Pour surfer sur le web, l'utilisateur n'a besoin ni de payer un abonnement, ni de payer le prix de la communication. Il sera même possible de téléphoner gratuitement dans le monde entier quand le service de téléphonie sur Internet sera disponible.

Entièrement gratuit ! Pour vaincre la méfiance des utilisateurs des quatre premiers Cyberdeck installés depuis le début du mois de juillet dans le hall d'entrée de la station de RER de Port Royal (5ème arrondissement), Alain Villenave et Eric Delmaere, co-fondateurs de la société Pacific Digital Telecoms ont été obligés d'apposer une notice explicative sur leurs machines. L'utilisateur ne paye rien. Le service est financé par la publicité et le commerce électronique.

Les Cyberdeck sont installés aux frais de Pacific Digital Telecoms dans des lieux publics fréquentés. L'ensemble prend la forme d'un écran publicitaire géant placé au dessus d'une machine d'accès à internet. Les annonceurs comme le site d'enchères électroniques Auckland ou le voyagiste Degriftour louent un emplacement sur l'écran publicitaire ventant les mérites de leurs produits ou de leurs services. Des produits et services que l'on retrouvent directement sur le "portail" (page d'accès à internet) développé pour le Cyberdeck. L'internaute peut alors acheter en ligne. Les annonceurs payent donc un forfait pour leur publicité et reverse une commission sur le chiffre d'affaires générés par le commerce électronique.

« Mais pour convaincre les utilisateurs de passer au stade de l'achat en ligne, il faut avoir gagné sa confiance en lui rendant des services gratuits » estime Alain Villenave. C'est pourquoi, les utilisateurs du Cyberdeck peuvent avoir leur propre adresse électronique avec une messagerie consultable sur n'importe quelle borne ou sur un PC via le service internet Cyberdeck.com. « Je viens là pour éviter de me ruiner dans les cybercafés », précise un internaute chevronné, rencontré à Port Royal, et qui ne dispose pas de PC chez lui. Cependant, tout comme son voisin, plus jeune et néophyte, il reproche au Cyberdeck son écran tactile dont l'utilisation est difficile. Toutefois, les quatre écrans de Port Royal sont utilisés par 350 personnes par jour qui restent en moyenne 11 minutes sur le web. Depuis deux mois, aucun écran n'a subi d'actes de vandalisme majeur, il a simplement fallu remplacer quelques claviers fatigués. Il faut dire leur créateur se sont inspirés du mobilier urbain anti-vandale développé par la RATP. « Nous voulons développer des produits et des services à la fois populaires et très personnalisés, chaque utilisateur peut se fabriquer un répertoire de sites favoris », explique Eric Delmaere.

D'ici au mois de décembre, Pacific Digital Telecoms envisage d'installer ses machines dans 1 000 lieux publics. L'investissement total se monterait alors à plus de 140 millions de francs. La société qui a déjà réunie 20 millions de francs s'apprête à faire deux augmentations de capital : l'une de 12 millions est en cours, l'autre de 120 millions en novembre. Des investisseurs comme Trinova, Entreprises en croissance ou la SGAM (la société de gestion d'actifs de la Société générale) ont déjà participé au financement. A terme, Pacific Digital entrera en Bourse pour financer son expansion européenne.

Enguérand Renault


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