lundi 5 mars 2001

Le réseau de résistances
Depuis cinq ou six ans se dessine une société en réseau dont les acteurs, loin des considérations marchandes, utilisent la Toile pour refaire le monde. Rencontre avec ces défricheurs, militants solidaires et artisans d'une nouvelle démocratie.

     
Les portraits d'internautes créateurs de sites citoyens
 
Pierre Lazuly
Pour une vraie société sociale
 
Meryem Marzouki
Le Net marchand nous menace
 
Erwan Cario
A bas les friconautes
 
Joëlle Palmieri
Le point com des femmes
Alain Busson
Le retour du politique par le web

 
Le programme des animations de la quatrième Fête de l'Internet se trouve sur le site officiel
http://www.fete-internet.fr/

 

 






Aux dernières Fêtes de l'Internet, les start-up paradaient. Aujourd'hui, pour la quatrième édition, alors que les tenants de la nouvelle économie ont plutôt mis leur souris en berne, fêter l'Internet, c'est revenir aux sources, explorer cette nouvelle société en réseau issue des nouvelles technologies. Nouvelles, d'ailleurs, il ne faut pas exagérer, elles ne le sont pas tant que ça. Si la transformation de l'image et du son en codes informatiques n'est pratiquée tous azimut que depuis les années 80, le premier ordinateur date de 1948. Et si les grandes entreprises se battent maintenant pour acquérir un bout de réseau par-ci, par-là, la disparition du monopole des télécoms a déjà une quinzaine d'années, lorsque, après la chute du Mur, les Etats-Unis ont réduit leurs efforts militaires et forcé leurs industries de pointe à se reconvertir à l'informatique et à la microélectronique civiles. Quant à Internet qui ressemble maintenant à la panacée de la modernité bon teint, c'est un vieillard informatique plus que trentenaire que bon nombre d'ingénieurs estimaient périmé au début des années 90. Seulement, par le fait du hasard, toutes ces technologies qui évoluaient gentiment dans leur coin se sont rencontrées sur un terrain propice. Tout le monde le sait, les grandes tendances socioculturelles des pays développés traduisent un besoin d'autonomie, une recherche de sens après la chute des idéologies, un goût des réseaux entremêlés et éphémères, en dehors des fonctionnements traditionnels (travail, classe sociale), et institutionnels (partis, syndicats, religion)...

Du coup, il y a cinq ou six ans, tout s'est accéléré. Les prophéties des cybernéticiens en général et de Robert Wiener en particulier, vieilles, elles aussi, d'un demi-siècle, puis revues par Mac Luhan, sont ainsi totalement entrées dans la réalité : l'espace social est un espace communiquant.

C'est vrai, on est encore très loin du média universel, seul 6 % de la population mondiale utilise Internet. Pourtant, sans cette extraordinaire conjonction, vous n'enverriez pas d'un clic la photo du petit dernier à votre famille du bout du monde, vous n'auriez pas accès aux manuscrits du XVe siècle stockés à la BNF, vous n'iriez pas discuter rugby avec un inconnu des antipodes, José Bové n'aurait pas eu la reconnaissance internationale que l'on sait, vous n'auriez pas découvert que l'Opéra d'Eureka Springs, petite ville inconnue du fin fond de l'Arkansas, programmait Madame Butterfly en juillet...

Oui, mais voilà : qu'est-ce tout ça va changer ? Comment ce fonctionnement en réseau peut-il modifier les rapports sociaux, le militantisme, l'éducation, la notion d'Etat ? Allez, risquons-nous : est-ce que ça va nous amener à réinventer l'exercice de la démocratie ? Nous amener, oui, car si on n'est pas actif, on est fichu. La preuve sur le terrain où quelques webzines s'agitent déjà sur la Toile pour que les internautes soient réellement citoyens. La preuve aussi avec Alain Busson, universitaire et délégué général de l'Observatoire des télécommunications dans la ville, pour qui ces nouvelles donnes permettront peut-être à la société de devenir adulte.


Gérard Pangon


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