|
Tina
Merandon |
|
Le
réseau de résistances
Les portraits des internautes
créateurs de sites citoyens
Pierre
Lazuly Pour une vraie
société sociale
Meryem
Marzouki Le Net marchand
nous menace
Erwan
Cario A bas les
friconautes
Alain
Busson Le retour du politique par le web
|
|
Avec son association, Joëlle Palmieri a de quoi faire
mentir les études sociologiques qui voient en Internet un bastion à
tendance masculine : les adhérentes des Pénélopes maîtrisent
parfaitement le web et les nouvelles technologies. Mieux, elles s'en
servent activement. Grâce à la Toile, elles tissent non pas un
linceul, mais des hyperliens un peu partout dans le monde, et
donnent au féminisme ses lettres de noblesse cyber. En quatre années
d'existence, le site de l'association est devenu une référence en la
matière : actus, humeurs, prises de position, l'internaute qui
clique par ici n'ignore rien de ce qui fait la lutte des femmes, en
France et ailleurs. Tous les mois, les rédactrices bénévoles mettent
en ligne une centaine d'articles, qui traitent «des femmes en
tant que victimes, mais aussi en tant qu'actrices de leur
destin, précise Joëlle Palmieri. On est un média d'opinion.
Ce n'est pas notre vocation de parler tricot...» Elle
ajoute : «Sans Internet, on n'existerait pas.»
Lorsque les Pénélopes sont nées, en
1996, il s'agissait d'occuper un terrain quelque peu délaissé par
les médias, à l'heure où le féminisme n'avait plus tout à fait le
vent en poupe. Qu'à cela ne tienne, les quatre fondatrices, une
journaliste, une sociologue et deux «communicantes» - dont Joëlle
Palmieri -, se tournent vers le web. «Internet a apporté un
changement fondamental. C'est une vraie révélation : on écrit
ce qu'on veut et personne ne nous emmerde ! On n'a jamais eu de
problème avec notre hébergeur. Pourtant, on a été très très sévères
sur le pape, par exemple, ou sur les mouvements "pro-life".»
En septembre 1999, les Pénélopes créent
Cyberfemmes, la première émission de télévision par et pour
les femmes... visible sur le Net. Tous les mois, les reportages
mettent en avant des initiatives, interrogent des acteurs de la vie
sociale, organisent des débats : accouchement sous X, parité,
femmes et médias ont ainsi déjà été abordés... En juin dernier, lors
de la conférence internationale Pékin+5, session spéciale de
l'assemblée générale de l'ONU à New York, les Pénélopes ont assuré
sur place pendant cinq jours des retransmissions quotidiennes.
«On était cinq. On a tout fait nous-mêmes. C'était de la
folie», se souvient l'intarissable Joëlle en souriant.
L'association n'a pas ou peu de moyens financiers et se débrouille
avec ceux du bord. Mais ce qui démange Joëlle, c'est de
«professionnaliser» les Pénélopes, et d'en faire une véritable
agence de presse féministe en ligne. L'association a d'ailleurs dans
ses cartons un projet plus ambitieux : créer un réseau de
femmes impliquées dans l'économie solidaire par la mise en place
d'une télévision interactive. |