Les nobélisés vantent la noblesse du Net
Un grande majorité estime que le Web est un facteur déterminant d'innovation.

Par LAURE NOUALHAT

Le mercredi 21 novembre 2001


 




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Que pensent les prix Nobel de l'Internet, et comment voient-ils l'avenir du réseau ? A l'initiative du géant américain Cisco Systems, fabricant de matériel pour le Net, 71 des lauréats ont répondu, via e-mail ou téléphone, à un questionnaire sur l'impact des nouvelles technologies sur l'éducation, l'innovation ou la qualité de vie (1). Il en ressort que les Nobel auraient bien aimé bénéficier plus tôt de ce bel outil : 69 % d'entre eux affirment que leurs recherches auraient abouti plus vite. Aujourd'hui, «presque 90 % des lauréats utilisent l'Internet, ce qui prouve qu'ils n'en ont pas une projection abstraite», souligne Mary McIntosh, vice- présidente du cabinet d'études Princeton diligenté par Cisco pour mener l'enquête.

Innovation. Et 74 % des grosses têtes interrogées jugent très probable l'avènement de «classes virtuelles» d'ici à 2020. Sans surprise, 91 % voient dans le Net des opportunités éducatives importantes : 87 % pensent que les réseaux ont un impact positif sur les façons d'apprendre et 93 % estiment que les nouvelles technologies permettent un accès plus large aux bibliothèques, à l'information et aux professeurs. Pour 82 % de ces chercheurs, l'échange d'idées via le réseau est le facteur d'accélération le plus déterminant de l'innovation.

Les lauréats de l'Académie royale de Stockholm sont résolument optimistes : 72 % voient les nouvelles technologies, et plus particulièrement les ordinateurs et le Net, jouer un rôle essentiel dans l'amélioration des conditions de vie. Même si cet outil reste réservé à une élite, celle des pays riches. «C'est une réalité : le Net n'est accessible qu'à une minorité de gens sur la planète, mais il existe des moyens de rendre les réseaux accessibles à tous», rappelle Göran Hultin, prix Nobel de la paix en 1969, qui travaille désormais à l'Organisation internationale du travail. «Le fossé numérique n'est pas seulement un problème entre les pays, c'est aussi une réalité au sein des pays : entre les jeunes et les vieux, entre les urbains et les autres...»

Aliénation. Les deux tiers des primés expriment toutefois des inquiétudes concernant la circulation ou la revente des données personnelles sans consentement. Plus étonnant : la moitié d'entre eux s'interroge sur les conséquences de la baisse des rencontres «physiques», craignant «l'aliénation des personnes aux machines». Les plus optimistes - à 73 % - sont persuadés que les réseaux aideront à l'ouverture des pays non démocratiques. Ce à quoi Marc Neuman, directeur de la campagne en ligne d'Amnesty International contre la torture (2) et Nobel de la paix en 1977, apporte un sérieux bémol : «S'il est vrai que les réseaux permettent de montrer plus facilement au monde ce qui se passe dans certains pays, il faudra toujours des gens courageux sur place, prêts à organiser des actions. Les réseaux ne se substituent pas aux hommes.».

(1) http://www.cisco.com/nobel/index-noflash.shtml

(2) http://www.stoptorture.org/


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