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ue pensent les prix
Nobel de l'Internet, et comment voient-ils l'avenir du réseau ? A
l'initiative du géant américain Cisco Systems, fabricant de matériel pour
le Net, 71 des lauréats ont répondu, via e-mail ou téléphone, à un
questionnaire sur l'impact des nouvelles technologies sur l'éducation,
l'innovation ou la qualité de vie (1). Il en ressort que les Nobel
auraient bien aimé bénéficier plus tôt de ce bel outil : 69 % d'entre
eux affirment que leurs recherches auraient abouti plus vite. Aujourd'hui,
«presque 90 % des lauréats utilisent l'Internet, ce qui prouve qu'ils
n'en ont pas une projection abstraite», souligne Mary McIntosh, vice-
présidente du cabinet d'études Princeton diligenté par Cisco pour mener
l'enquête.
Innovation. Et 74 % des grosses têtes interrogées jugent très
probable l'avènement de «classes virtuelles» d'ici à 2020. Sans surprise,
91 % voient dans le Net des opportunités éducatives importantes : 87
% pensent que les réseaux ont un impact positif sur les façons d'apprendre
et 93 % estiment que les nouvelles technologies permettent un accès plus
large aux bibliothèques, à l'information et aux professeurs. Pour 82 % de
ces chercheurs, l'échange d'idées via le réseau est le facteur
d'accélération le plus déterminant de l'innovation.
Les lauréats de l'Académie royale de Stockholm sont résolument
optimistes : 72 % voient les nouvelles technologies, et plus
particulièrement les ordinateurs et le Net, jouer un rôle essentiel dans
l'amélioration des conditions de vie. Même si cet outil reste réservé à
une élite, celle des pays riches. «C'est une réalité : le Net
n'est accessible qu'à une minorité de gens sur la planète, mais il existe
des moyens de rendre les réseaux accessibles à tous», rappelle Göran
Hultin, prix Nobel de la paix en 1969, qui travaille désormais à
l'Organisation internationale du travail. «Le fossé numérique n'est pas
seulement un problème entre les pays, c'est aussi une réalité au sein des
pays : entre les jeunes et les vieux, entre les urbains et les
autres...»
Aliénation. Les deux tiers des primés expriment toutefois des
inquiétudes concernant la circulation ou la revente des données
personnelles sans consentement. Plus étonnant : la moitié d'entre eux
s'interroge sur les conséquences de la baisse des rencontres «physiques»,
craignant «l'aliénation des personnes aux machines». Les plus
optimistes - à 73 % - sont persuadés que les réseaux aideront à
l'ouverture des pays non démocratiques. Ce à quoi Marc Neuman, directeur
de la campagne en ligne d'Amnesty International contre la torture (2) et
Nobel de la paix en 1977, apporte un sérieux bémol : «S'il est
vrai que les réseaux permettent de montrer plus facilement au monde ce qui
se passe dans certains pays, il faudra toujours des gens courageux sur
place, prêts à organiser des actions. Les réseaux ne se substituent pas
aux hommes.».
(1) http://www.cisco.com/nobel/index-noflash.shtml
(2) http://www.stoptorture.org/ |