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• LE MONDE |
03.11.01 | 13h46 | editorial
L'édito du Monde
Le bogue Microsoft
EN absolvant Microsoft, les Etats-Unis font une erreur. Jusqu'à ce jour, le modèle économique américain avait toujours su protéger les ressorts de son dynamisme. La loi de son marché est dure - elle consacre les plus forts et sanctionne les plus faibles - mais, en contrepartie, elle donne sa chance à chacun, en assurant les conditions d'une concurrence effective. Microsoft a été convaincu par plusieurs juridictions d'abus de position dominante.
Le problème est que l'entreprise a abusé de cette situation pour se constituer une rente. Ses profits, qui représentent plus du tiers de son chiffre d'affaires, le trahissent. Et les juges ont démasqué ses manœuvres réussies pour étouffer dans l'œuf les initiatives de ses concurrents. Un seul exemple : pour rattraper son retard indéniable dans les navigateurs pour Internet face à son concurrent Netscape, Microsoft a forcé les constructeurs d'ordinateurs à installer son navigateur Explorer en même temps que son système d'exploitation. L'administration républicaine tire aujourd'hui prétexte de la situation économique mondiale et des attentats contre les Etats-Unis pour mettre un terme à une procédure judiciaire qui risquait d'affaiblir un de ses champions. On ne peut ici reprocher à l'Amérique d'agir par protectionnisme : la quasi-totalité des entreprises qui auraient pu proposer des alternatives à Microsoft sont américaines. Ce revirement obéit avant tout à une logique de rentier : en garantissant l'immunité de Microsoft, on conforte le patrimoine boursier de millions de petits actionnaires. Ce patriotisme boursier de l'Amérique de George Bush est une politique à court terme. Le démantèlement d'AT&T en 1984 a été à l'origine de la révolution des télécommunications, moteur de la croissance américaine et mondiale dans les années 1990. L'abdication du gouvernement américain constitue donc une véritable faute à l'aune du modèle capitaliste. Plus inquiétant pour la santé de l'Amérique, elle trahit un sentiment de faiblesse de la part d'une administration qui doute des ressorts de son modèle pour sortir de la crise. Consacrer Microsoft soldat de la croissance constitue donc un véritable renoncement. Il ne reste plus qu'à espérer que quelques-uns des dix-huit Etats fédérés impliqués dans la procédure judiciaire refuseront ce défaitisme. Ou que la Commission européenne, si prompte dans la période récente à s'opposer a priori à des fusions menaçantes pour la concurrence, fera preuve d'une inflexibilité tout aussi grande pour sanctionner a posteriori les atteintes à cette règle. Contre l'Amérique et pour son bien. • ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU
04.11.01
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