Economie

Aux Etats-Unis, un mouvement militant et alternatif
Les réseaux sans fil communautaires contrarient les géants du Net rapide.

Par Emmanuelle RICHARD

Le mercredi 02 janvier 2002

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Les surfeurs des réseaux utopistes apprécient de ne plus être à la merci des fournisseurs au Net rapide dont les faillites se succèdent.

  im Pozar a de bonnes raisons de partager son accès au Net à haut débit gratuitement avec deux amis de San Francisco: «C'est possible, pas cher, très chouette et qui plus est légal», explique cet ingénieur en télécommunications, cheveux longs et lunettes rondes, qui croit au rapprochement des êtres humains par l'Internet. Depuis septembre 2000, il s'est fait l'apôtre des réseaux sans fil communautaires florissants dans la région de San Francisco, au sein du groupe dont il est le cofondateur, Bay Area Wireless Users Group (Bawug.org). Plusieurs centaines de résidents de la baie jouissent désormais d'un accès gratuit et quasi familial au réseau, fourni par une quarantaine de volontaires qui agissent comme des bornes d'accès collectives. Profitant de la baisse des coûts de la technologie sans fil Wifi (ou 802.11b), les utopistes du Net gratuit investissent quelque 400 dollars (449 euros) dans une petite antenne discrète. Elle diffuse un signal aux amis qui n'ont qu'à s'équiper d'une carte bon marché dans leur ordinateur pour rejoindre le groupe.

Hippie. Le mouvement «sans fil gratuit», souvent comparé aux communautés hippies des années 60, progresse surtout sur la côte ouest des Etats-Unis et à New York. A Seattle, les activistes de Seattlewireless.net ont équipé un Abribus et appellent les abonnés au Net rapide à partager «leur richesse» dans leur quartier. De telles initiatives émeuvent les nostalgiques du Net d'avant la commercialisation, à l'époque où les universités permettaient à tous ceux connectés à leur réseau de profiter de leurs ressources gratuitement. Les surfeurs des réseaux utopistes apprécient de ne plus être à la merci des fournisseurs du Net rapide, dont les faillites se succèdent. Dernier en date: Excite@home, qui laissera plus de 4 millions d'abonnés sur le carreau en février.

Court-circuit. Les géants patraques du Net rapide n'apprécient guère l'essor des communautés philanthropiques. La plupart n'ont pas vu le phénomène venir à temps pour modifier les termes des contrats. D'autres demandent à la personne volontaire au centre d'un réseau de payer l'abonnement maximal, en général 200 dollars (224 euros) par mois. Ce que fait Tim Pozar, sans ciller: «Nous demandons aux bénévoles de choisir des fournisseurs du Net qui autorisent le partage en toute légalité et de payer la somme adéquate», insiste-t-il. Des petits fournisseurs régionaux d'accès voient dans ces réseaux utopistes une opportunité de court-circuiter les géants des télécoms: «C'est intéressant de ne plus avoir à utiliser les compagnies de téléphone qui détiennent des monopoles et représentent les deux tiers du coût de notre service», explique Bill Woodcock, PDG de Zocalo.net, près de San Francisco. «Nous souhaitons fournir un service moins cher, et ainsi aider les groupes comme Bawug à fonctionner sur des dizaines de kilomètres.»

Tim Pozar a des projets d'installation de Net rapide et sans fil dans des quartiers délaissés par les fournisseurs du Net traditionnel, notamment des réserves indiennes de Californie. Zocalo veut se joindre à la cause: «Cette technologie va certainement aider les pays en voie de développement à se connecter au Net, prédit Bill Woodcock. Nous recherchons à quel coût cela peut fonctionner et s'étendre.».

Bawug: www.bawug.org/

Site du café: www.live.com/danastreet/

Zocalo: www.Zocalo.net


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