Société

A Pigalle, la Mairie de Paris veut détrôner les autos
Elles n'auront plus qu'une file au profit des bus et vélos.

Par Catherine COROLLER

Le mardi 09 avril 2002

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  a mairie de Paris continue de grignoter l'espace accaparé jusque-là par les automobiles. Hier, le conseil de Paris a voté la réalisation du premier «espace civilisé» de la capitale : fin 2003, les automobilistes qui emprunteront, entre Barbès et la place de Clichy, les boulevards de Rochechouart et de Clichy, soit un trajet de près de 3 kilomètres, de part et d'autre de la place Pigalle, n'auront plus qu'une file à leur disposition. Dans ce quartier hautement touristique, au bas de la butte Montmartre, ils devront partager la voirie avec les vélos et les bus.

Livraisons. Par rapport aux aménagements déjà réalisés par la mairie de Paris, celui-ci est de loin le plus ambitieux : les 42 mètres de largeur qui séparent les façades des immeubles de chaque côté des boulevards se décomposeront en neuf files. Au centre, le terre-plein existant sera réaménagé. Puis, sur chacun de ses côtés, une piste cyclable, une voie de bus en site propre encadrée par deux «banquettes», sortes de petits trottoirs étroits. Viendra ensuite la file de circulation des voitures et, enfin, une file de stationnement. Originalité : les bus circuleront à gauche de la chaussée, et non à droite comme d'habitude. L'avantage de ce dernier aménagement est de laisser libre le bord du trottoir pour les livraisons, sur des espaces réservés entre les places de stationnement. Le début des travaux est prévu pour la fin 2002, l'achèvement fin 2003. Le coût de l'opération devrait se monter à 12 millions d'euros.

Vent debout. Pour les riverains, cet aménagement est plutôt une bonne nouvelle. Car il aura pour effet de rendre quasiment impossible le stationnement des cars de tourisme. En théorie, un arrêté leur permet de s'arrêter le long des boulevards quinze minutes maximum, le temps de déposer ou de reprendre leurs passagers. En pratique, ils restent souvent plus longtemps. Voire stationnent carrément. Mais les commerçants, eux, sont vent debout contre les projets de la mairie de Paris. L'Association du pied de la butte Montmartre, qui regroupe, d'après son président, Alain Plumey, le directeur du musée de l'Erotisme, «tous les acteurs économiques majeurs des boulevards, Moulin-Rouge, Elysée-Montmartre, Monoprix, hôtel Carlton», s'y opposent : «On souhaite une réduction du terre-plein central de telle sorte qu'il ne soit plus une aire de repos pour des populations non souhaitées. L'aménagement d'une piste cyclable nous paraît incongru car le boulevard est pollué et donc pas destiné à la balade. Et on demande un élargissement des trottoirs car nous sommes un quartier à vocation touristique».

La concertation, répond la mairie, doit continuer. Un chef de projet sera bientôt nommé par la Ville de Paris afin de coordonner les services techniques, les maîtres d'ouvrage, et de continuer l'échange avec les riverains et les professionnels. Mais, hier, c'est bien le réaménagement voulu par la municipalité qui a été voté.

«Luxure». A terme, la physionomie du quartier pourrait totalement changer. Jacques Bravo, le maire PS du IXe, souhaiterait l'«assainir». Les sex-shops et autres lieux de «luxure» pourraient ainsi se voir interdire les enseignes, vitrines et portiers attrapant le chaland.


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