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           a mairie de 
            Paris continue de grignoter l'espace accaparé jusque-là par les 
            automobiles. Hier, le conseil de Paris a voté la réalisation du 
            premier «espace civilisé» de la capitale : fin 2003, les 
            automobilistes qui emprunteront, entre Barbès et la place de Clichy, 
            les boulevards de Rochechouart et de Clichy, soit un trajet de près 
            de 3 kilomètres, de part et d'autre de la place Pigalle, n'auront 
            plus qu'une file à leur disposition. Dans ce quartier hautement 
            touristique, au bas de la butte Montmartre, ils devront partager la 
            voirie avec les vélos et les bus.
            
            Livraisons. Par rapport aux aménagements déjà réalisés par 
            la mairie de Paris, celui-ci est de loin le plus ambitieux : les 42 
            mètres de largeur qui séparent les façades des immeubles de chaque 
            côté des boulevards se décomposeront en neuf files. Au centre, le 
            terre-plein existant sera réaménagé. Puis, sur chacun de ses côtés, 
            une piste cyclable, une voie de bus en site propre encadrée par deux 
            «banquettes», sortes de petits trottoirs étroits. Viendra ensuite la 
            file de circulation des voitures et, enfin, une file de 
            stationnement. Originalité : les bus circuleront à gauche de la 
            chaussée, et non à droite comme d'habitude. L'avantage de ce dernier 
            aménagement est de laisser libre le bord du trottoir pour les 
            livraisons, sur des espaces réservés entre les places de 
            stationnement. Le début des travaux est prévu pour la fin 2002, 
            l'achèvement fin 2003. Le coût de l'opération devrait se monter à 12 
            millions d'euros. 
            Vent debout. Pour les riverains, cet aménagement est 
            plutôt une bonne nouvelle. Car il aura pour effet de rendre 
            quasiment impossible le stationnement des cars de tourisme. En 
            théorie, un arrêté leur permet de s'arrêter le long des boulevards 
            quinze minutes maximum, le temps de déposer ou de reprendre leurs 
            passagers. En pratique, ils restent souvent plus longtemps. Voire 
            stationnent carrément. Mais les commerçants, eux, sont vent debout 
            contre les projets de la mairie de Paris. L'Association du pied de 
            la butte Montmartre, qui regroupe, d'après son président, Alain 
            Plumey, le directeur du musée de l'Erotisme, «tous les acteurs 
            économiques majeurs des boulevards, Moulin-Rouge, Elysée-Montmartre, 
            Monoprix, hôtel Carlton», s'y opposent : «On souhaite une 
            réduction du terre-plein central de telle sorte qu'il ne soit plus 
            une aire de repos pour des populations non souhaitées. L'aménagement 
            d'une piste cyclable nous paraît incongru car le boulevard est 
            pollué et donc pas destiné à la balade. Et on demande un 
            élargissement des trottoirs car nous sommes un quartier à vocation 
            touristique». 
            La concertation, répond la mairie, doit continuer. Un chef de 
            projet sera bientôt nommé par la Ville de Paris afin de coordonner 
            les services techniques, les maîtres d'ouvrage, et de continuer 
            l'échange avec les riverains et les professionnels. Mais, hier, 
            c'est bien le réaménagement voulu par la municipalité qui a été 
            voté. 
            «Luxure». A terme, la physionomie du quartier pourrait 
            totalement changer. Jacques Bravo, le maire PS du IXe, souhaiterait 
            l'«assainir». Les sex-shops et autres lieux de 
            «luxure» pourraient ainsi se voir interdire les enseignes, 
            vitrines et portiers attrapant le chaland.  
             
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