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France Télévisions défend sa définition du "service public"

• LE MONDE | 02.09.02 | 12h36

C'est à l'opéra Bastille que les trois chaînes de France Télévisions devaient clore, lundi 2 septembre, le bal des présentations de grilles de programmes de la rentrée. La présentation de la saison 2002-2003 était très attendue. Depuis son arrivée Rue de Valois, Jean-Jacques Aillagon, ministre de la culture et de la communication, a égratigné France Télévisions, estimant notamment qu'elle ne respectait pas ses missions de service public. Au sein du groupe, ses déclarations ont été accueillies avec tristesse, agacement et nervosité.

"Respectons-nous nos missions de service public ? La réponse est oui", affirme Christopher Baldelli, directeur général de France 2. Même si les nouvelles grilles, travaillées depuis janvier, ne sont pas établies pour répondre au ministre. "Nous ne sortons pas des émissions de notre chapeau, affirme M. Baldelli. Nous sommes plutôt en phase avec le ministre."Même écho à France 3 : "Les missions de service public sont inscrites dans nos programmes, ce n'est pas nouveau", explique Rémy Pflimlin, directeur général de la chaîne.

Quoi de neuf sur France 2 ? "La continuité", explique François Tron, directeur des programmes. La chaîne, qui assure qu'elle devrait tenir cette année ses objectifs financiers, revendique"une présence importante" de programmes dédiés au débat politique. L'information et le débat de société se cristalliseront autour du magazine "Envoyé spécial", toujours en première partie de soirée, avec en deuxième partie des programmes comme "Complément d'enquête". Ces émissions seront complétées, quand l'actualité internationale le commandera, par un magazine de première partie de soirée. France 2 affirme qu'elle accordera "plus d'argent" aux documentaires, en en produisant le même nombre.

La chaîne veut se démarquer de TF1 : "Il faut sortir du principe de comparaison. Nous sommes nous-mêmes", explique M. Tron, qui rappelle que Jean-Luc Delarue ou Thierry Ardisson sont restés sur France 2 malgré des appels pressants du privé.

La particularité d'un service public généraliste, selon France Télévisions ? Le temps laissé aux gens et aux émissions pour s'installer, comme le magazine littéraire "Campus". Et pour la culture ? France 2 programmera toujours ses "pastilles" de quelques minutes pour découvrir une œuvre d'art. Sans plus. Au sein de la chaîne, on s'interroge sur le bien-fondé de la diffusion, à 20 h 50, d'un opéra vu par une poignée de spectateurs.

A France 3, M. Pflimlin estime que, contrairement aux chaînes privées qui visent "la ménagère de moins de 50 ans", le "souci est de rassembler tous les publics, pour leur donner des clés afin de comprendre le monde dans lequel ils vivent". Il affirme avoir "une mission culturelle permanente et spécifique, celle de faire vivre la culture dans nos locales". "Nous avons aussi des émissions qui donnent le goût à la culture", dit-il en citant "La carte aux trésors", un programme selon lui "à dimension ludique et culturelle, qui fait découvrir des lieux magiques en France".

"HÉROS CITOYENS"

Cette saison, la fiction disposera sur France 3 d'une plus grande place et d'un budget en augmentation, avec, en plus des "comédies sociales" du samedi, un deuxième rendez-vous, le mardi à 20 h 55, consacré aux "héros citoyens". France 3 veut accorder une plus large place aux documentaires en commençant par "New-York, 11 septembre", de Jules et Gédéon Naudet. La chaîne prévoit, aussi, des émissions "pour combattre les discriminations". La série "Chez moi la France" sera diffusée un jeudi par mois en deuxième partie de soirée et complétera, par exemple, les "Mémoires d'immigrés" de Yamina Benguigui. "Cette série répond à une approche plus transversale. Elle n'est pas seulement centrée sur les quartiers difficiles comme l'était "Saga Cités" qui a parfaitement joué son rôle pendant dix ans", explique M. Pflimlin, répondant aux critiques qui ont suivi l'annonce de l'arrêt de cette émission. "Le choc des cultures", un magazine culturel présenté par Anne Sinclair – absente de façon régulière depuis 1997 –, sera, par ailleurs, diffusé en deuxième partie de soirée en alternance avec "Culture et dépendances", de Franz-Olivier Giesbert.

L'occasion aussi de préciser la place du talk-show polémique "C'est mon choix" : "C'est une émission de divertissement, mais l'objectif est d'amener un public plus jeune, plus populaire", explique M. Pflimlin. Car "il n'y a pas de service public sans public", rappelle Jean-Pierre Cottet, directeur général de France 5. A la tête de la chaîne dite "de la connaissance et du savoir", il ne s'estime pas concerné par les doutes formulés par M. Aillagon. "Mais en tant que cadre je suis sensible et attentif à la pression mise sur le groupe", dit-il. France 5 propose, parmi quelques nouveautés, une émission quotidienne sur le comportement des gens dans les entreprises. M. Cottet constate que la télévision est "un jeu subtil qui consiste à régler des curseurs pour obtenir les meilleurs rendements". Et la culture à la télévision ? "C'est l'ensemble des savoirs que l'on peut communiquer, dit-il. Il y a deux types de télévisions, celle qui vide la tête et celle qui la remplit." La télévision publique a un système de valeurs propres, explique M. Cottet : "L'éducation, la solidarité, la protection de la vie, le rôle des parents, toutes ces choses pour lesquelles nous nous battons."

Bénédicte Mathieu et Pascale Santi


Belle audience estivale pour France 5

Pendant que TF1 et M6 enregistraient cet été des succès d'audiences grâce à la diffusion de leurs jeux de télé-réalité, deux des trois chaînes publiques ont connu un léger trou d'air. Après avoir rassemblé 23,2 % de parts d'audience en moyenne en juillet, France 2 est nettement passée sous la barre des 20 % en août avec seulement 19,1 %. Selon la chaîne publique, ce repli estival s'explique par la fin de la diffusion du Tour de France cycliste. Au cours de la même période, l'audience de France 3 est restée stable, avec 16,8 % en juillet et 17 % en août.

En revanche, la période des vacances a été très profitable à France 5. La chaîne diurne dirigée par Jean-Pierre Cottet a enregistré ses records d'audience, même si elle attire encore une audience relativement modeste. Outre une moyenne de 4,7 % en juillet et de 5,5 % en août, la chaîne "de la connaissance et du savoir" a connu "des pointes à plus de 7 % de part d'audience" . Un succès obtenu avec "la refonte de 80 % des programmes de la grille" de la chaîne depuis septembre 2001.

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 03.09.02

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