Que Microsoft 
            soit victime d'un post assassin sur les forums et dans les boites 
            mail : il n'y a là rien de très original. Mais que ce post d'un 
            genre particulièrement inquiétant soit repris par un site qui a 
            pignon sur rue (MacPlus.org), voilà qui est plus surprenant. De 
            quoi est-il question exactement ? De Palladium, le système 
            imaginé par Microsoft pour sécuriser les PC gràce à un composant 
            physique installé sur sa carte mère. 
            Un post assez 
            pondéré 
Le post de 
            Warpbackspin donne deux informations alarmistes, sur un ton 
            particulièrement sobre. D'une part, Palladium permettrait a 
            Microsoft de référencer chaque fichier présent sur une machine, et 
            de l'effacer si bon lui semble. D'autre part, toutes les 
            applications présentes sur chaque ordinateur devraient être 
            certifiées par Microsoft moyennant finance, sans quoi elles ne 
            pourraient pas tourner sous Windows.
            Nous avons voulu en avoir le coeur net. 
            Reprenons les affirmations du post dans l'ordre : "le but [de 
            Palladium] est d'associer un drapeau à chaque fichier sur 
            l'ordinateur, avec une signature numérique informant un serveur 
            distant de sa nature. Si ce fichier n'est pas autorisé, le serveur 
            distant ordonnera à votre ordinateur de ne pas vous laisser 
            l'ouvrir. [...] Si Microsoft juge que n'importe lequel des documents 
            sur votre machine les dérange, [...] ils peuvent simplement 
            l'effacer ou l'altérer".
            Mauvaises 
            intentions ? 
            Mensonge ou vérité ? Une FAQ 
            disponible sur le site de Microsoft dément : "Palladium n'a pas 
            de mécanisme de filtration, pas plus qu'il ne permet de rechercher 
            des contenus illégaux de façon proactive". Palladium n'aurait donc 
            pas les intentions que certains lui prêtent ? Entrons au coeur du problème...
Dans 
            l'environnement sécurisé de Microsoft, les anciens fichiers ne 
            pourront pas être lus, et seules de nouvelles applications 
            certifiées pourront être utilisées. Palladium sera donc un univers 
            parfaitement contrôlé et totalement hermétique. Mais, et c'est là le 
            plus important, Palladium ne prétend 
            pas prendre le contrôle des systèmes d'exploitation actuels : 
            il ne propose qu'une chambre sécurisée isolée du reste du système, 
            dans laquelle les données et les programmes sont manipulés en toute 
            sûreté. 
            Deux systèmes 
            indépendants 
En 
            clair : il restera toujours possible d'utiliser des 
            applications non certifiées ainsi que d'anciens fichiers, sur 
            lesquels Palladium ne pourra exercer aucune forme de contrôle : 
            "Palladium apporte de nouvelles 
            fonctionnalités à l'ordinateur précise la FAQ de Microsoft, mais il 
            n'interfére pas avec le fonctionnement des programmes qui tournent 
            sur les PC actuels". D'ailleurs, Palladium n'est pas intégré au boot 
            de l'ordinateur. Microsoft a pensé à tout : "Palladium est une 
            solution entièrement basée sur l'agrément de l'utilisateur ; 
            les systèmes seront commercialisés avec Palladium désactivé. 
            L'utilisateur du système pourra choisir d'en rester là" peut-on lire 
            dans un autre document public. De quoi éviter l'ire du grand 
            public.
            On respire : Microsoft n'a pas 
            planifié la révolution 'liberticide' que l'on craignait. Mais tous 
            les doutes ne sont pas dissipés pour autant. Quid de la 
            certification des applications ? Est-il vrai que tout programme 
            tournant sous Palladium devra être validé par Microsoft moyennant 
            finances ? La réponse est moins catégorique : oui, 
            Microsoft compte faire certifier chaque application. Non, le géant 
            du logiciel ne sera pas le seul à fournir ces 
certificats.
            Marginalisation ? 
On écarte donc le risque d'un contrôle trop 
            étroit de Microsoft sur la logithèque Windows, mais on n'écarte pas 
            l'autre problème : celui de la marginalisation de trois 
            catégories d'applications. Les développeurs d'outils freeware et de 
            logiciels libres n'auront pas toujours les moyens de payer une 
            certification pour chaque nouvelle version. Quant aux logiciels du 
            type encodeur MP3 ou logiciel de peer-to-peer, il y a de fortes 
            chances qu'ils se voient interdir les portes de 
Palladium.
            Ce qui nous met sur une autre 
            piste : Palladium risque de créer un véritable OS à deux 
            vitesses, reléguant une bonne partie des acteurs à l'extérieur de la 
            zone sécurisée. Ce qui pose problème : Palladium possède un 
            véritable pouvoir de séduction, et les utilisateurs risquent de 
            rapidement basculer une partie de leur correspondance et de leurs 
            fichiers personnels dans cet environnement sécurisé, vierge de virus 
            et protégé des regards indiscrets. Quant aux éditeurs, ils 
            pourraient ne plus développer d'applications que pour 
            l'environnement contrôlé de Microsoft. A long terme, rester en marge 
            de Palladium reviendra sans doute à se marginaliser.
            Stratégie habile, 
            intentions irréprochables ? 
            Palladium joue tout en finesse. Il n'est pas question de 
            l'imposer par la force, mais sans doute de jouer sur son pouvoir de 
            séduction pour s'imposer à long terme. Avec tous les risques que 
            cela induit : marginaliser les applications dont nous avons 
            parlé plus haut. Donner une longueur d'avance aux produits de 
            Microsoft, Windows en tête puisque Palladium n'est pour 
            l'instant conçu que pour cet OS. Les éditeurs de Linux et d'Unix 
            seront-ils autorisés à se joindre au projet de Microsoft ? "il 
            est trop tôt pour spéculer sur ce sujet" répond le géant du 
            logiciel, qui prend la peine de préciser que "l'architecture PC 
            'Palladium' est protégée par les lois du Copyright". Autant dire que 
            le contexte stratégique conditionnera la décision de 
            Microsoft.
Au final, Palladium 
            pourrait permettre au leader du logiciel d'écarter ses adversaires, 
            et peut-être même de réduire les libertés des utilisateurs de PC. A 
            cette heure, l'éditeur a besoin du soutien du grand public pour 
            imposer son idée : Palladium doit être irréprochable. Mais une 
            fois le système largement adopté, et une fois le point de non retour 
            passé du côté des utilisateurs, le ton du géant pourrait changer du 
            tout au tout, et ses belles promesses s'évanouir dans la nature. 
            D'ailleurs, ne peut-on pas lire à la fin du document de synthèse de 
            Microsoft que : 
"Les 
            informations contenues dans ce document représentent la vision 
            actuelle de Microsoft Corp sur le sujet évoqué et à cette date de 
            publication. Parce que Microsoft doit répondre aux évolutions du 
            marché, elles ne doivent pas être interprêtées comme un engagement 
            de la part de Microsoft, et Microsoft ne peut pas garantir 
            l'exactitude de l'une de ces informations après la date de 
            publication".
Le document est daté d'août, nous sommes en 
            septembre : il n'est à cette heure pas possible d'avoir des 
            informations fiables à propos du Palladium de 2002. Et à plus forte 
            raison du Palladium de 2010. [Nicolas Six, JDNet]