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TECHNOPHILE

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C O N N E X I O N

Reportage sans fil dans la Bay Area
Les antennes wifi se multiplient sur la baie de San Francisco. Ce réseau semble ouvrir la voie vers un mouvement social d'un nouveau type.

PAR FRANCIS PISANI

 


S
an Francisco. Rien de plus agréable, en ce début d'automne, que de s'asseoir dans les jardins de l'ancienne base militaire de Presidio, sous le soleil du Pacifique, face au merveilleux paysage du Golden Gate Bridge.

Pour compléter ce tableau presque bucolique, rien n'empêche maintenant d'amener son ordinateur portable et d'accéder à la toile grâce à une connexion sans fil.

Dans toute la région, le phénomène se développe à très grande vitesse. Il suffit d'avoir la carte appropriée pour se connecter par le biais d'entreprises, d'écoles et d'universités. La chaîne Starbucks a installé dans cinquante cafés de San Francisco (et dans toutes ses boutiques aux États-Unis) un point d'accès sans fil. La densité de ces points d'accès est telle qu'au centre-ville, à n'importe quel coin de rue, on peut se connecter au réseau avec son ordinateur portable.

Ces réseaux utilisent le protocole wifi (ou 802.11b) pour des connexions sans fil, à 11 mégabits par seconde. Une vitesse deux cents fois supérieure à celle d'une connexion téléphonique de bonne qualité, accessible à un prix raisonnable. Pour se lancer, il suffit d'installer un point d'accès sur une ligne fixe de haut débit (entre 200 et 400 dollars) et de doter chaque ordinateur qui veut en profiter d'une carte spéciale (entre 60 et 70 dollars).


Tim Pozar installe gratuitement des réseaux sans fil dans des quartiers. Il a d'ailleurs inventé l'expression Neighborhood Area Network, que l'on pourrait traduire par réseau de voisinage.

Pour assurer le fonctionnement des NAN, nous a-t-il expliqué, il faut résoudre deux problèmes techniques. «Le premier rappelle les chaînes de bénévoles qui, pour éteindre un incendie, se passent les uns les autres des seaux d'eau, depuis la source jusqu'au lieu de l'incendie. Pour éviter les ruptures d'approvisionnement, il faut que chaque nœud soit connecté à plusieurs points. Il en est de même avec la toile».

Autre défi: permettre le déplacement d'un point d'accès à un autre, sans interruption, comme dans le cas des téléphones portables. «C'est justement à cela que nous travaillons, pour mettre en place un véritable réseau sans fil ». Tim Pozar espère couvrir la presque totalité de la région en quelques mois.

Les problèmes technologiques pourraient être les plus faciles à résoudre. Beaucoup de gens profitent du point d'accès de leur voisin. Mais «il faut quand même que quelqu'un paie la largeur de bande», précise Tim Pozar. Les fournisseurs d'accès observent le mouvement. Ils se sont montrés tolérants jusqu'à présent, mais cela pourrait changer.

C'est la sécurité qui risque de poser le plus de difficultés. Dès qu'il y a une connexion sans fil, n'importe quel ordinateur, à l'intérieur du rayon couvert, peut lire les données du réseau de liaison. Ainsi, quand on se promène dans les rues de San Francisco, on peut accéder aux réseaux internes de différents établissements et compagnies. «C'est pourquoi nous encourageons les gens à crypter leur information», dit Tim Pozar.

Pour l'instant, l'élan du phénomène dépasse les difficultés. Et les avantages sont énormes. En partant de la base, sur le principe d'une participation volontaire, une véritable chaîne se met en place, alors que le coût d'installation d'un réseau commercial à l'échelle nationale serait de l'ordre d'un milliard de dollars.

Mais plus important encore, cette technologie pourrait instaurer un nouveau style de rapports sociaux. Pour installer un réseau NAN, il faut que les voisins se parlent, qu'ils établissent des liens de coopération. Ce qui n'est pas très souvent le cas aux États-Unis.

Pour remercier Tim Pozar, ses voisins lui amènent des gâteaux. Il tient tout de même à signaler que ce n'est pas pour recevoir des desserts qu'il installe ces réseaux de voisinage...

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Le site de Tim Pozar.

Le groupe d'usager Bay Area Wireless Users Group.


La liste des points d'accès gratuits dans San Francisco.

Pour suivre l'actualité des réseaux sans fil, le blogue de Francis Pisani.




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