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L'Amérique couve un Big Brother
Le projet antiterroriste a été confié au vice-amiral John Poindexter.
Par Pascal RICHE

vendredi 15 novembre 2002


 
 
 

Le superordinateur pourrait croiser toute une série d'activités privées: paiement par carte, achat de billets d'avion, e-mails...
  Washington de notre correspondant

es pères fondateurs des Etats-Unis doivent à nouveau se retourner dans leurs tombes. Au nom de la lutte contre le terrorisme, l'administration Bush étudie un projet, qualifié par les organisations de défense des libertés publiques de «folie orwellienne». Une agence du Pentagone est en train de mettre au point un superordinateur capable de rechercher et de croiser des informations concernant toute une série d'activités privées : paiement par carte, abonnement à un journal, dépôt d'argent à la banque, demande de passeport, achat de billets d'avion, consultation de sites web, e-mails...

Ce système informatique, baptisé «Total Awareness Information System» («système de veille totale»), serait en effet capable de «creuser» dans les multiples bases de données autour de la planète et de recouper les informations trouvées. Et tout cela sans avoir même besoin de l'autorisation d'un juge... Elément aggravant, le projet est confié au vice-amiral John Poindexter, dont l'éthi que n'est pas légendaire. Dans les années 1980, alors qu'il était au Conseil national de sécurité, il avait été l'instigateur de l'affaire dite «Iran Contra» (vente d'armes à l'Iran et reversement illégal des profits de cette transaction aux con tras du Nicaragua). Après une première condamnation en 1990, une cour d'appel avait cassé le jugement, considérant que Poindexter avait, en acceptant de témoigner devant le Congrès, gagné le droit à l'immunité. En janvier, Poindexter est discrètement retourné au gouvernement, au sein de la Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency), l'agence de recherche appliquée du Pentagone.

Actuellement, les services de renseignements militaires ou civils n'ont pas le droit d'espionner les activités des Américains, sauf autorisation expresse donnée par un juge. Mais Poindexter plaide pour un changement législatif, qui serait glissé dans le projet de loi actuellement soumis au Congrès.

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