es pères
fondateurs des Etats-Unis doivent à nouveau se retourner dans
leurs tombes. Au nom de la lutte contre le terrorisme,
l'administration Bush étudie un projet, qualifié par les
organisations de défense des libertés publiques de «folie
orwellienne». Une agence du Pentagone est en train de
mettre au point un superordinateur capable de rechercher et de
croiser des informations concernant toute une série
d'activités privées : paiement par carte, abonnement à un
journal, dépôt d'argent à la banque, demande de passeport,
achat de billets d'avion, consultation de sites web,
e-mails...
Ce système informatique, baptisé «Total Awareness
Information System» («système de veille totale»), serait en
effet capable de «creuser» dans les multiples bases de données
autour de la planète et de recouper les informations trouvées.
Et tout cela sans avoir même besoin de l'autorisation d'un
juge... Elément aggravant, le projet est confié au vice-amiral
John Poindexter, dont l'éthi que n'est pas légendaire. Dans
les années 1980, alors qu'il était au Conseil national de
sécurité, il avait été l'instigateur de l'affaire dite «Iran
Contra» (vente d'armes à l'Iran et reversement illégal des
profits de cette transaction aux con tras du Nicaragua). Après
une première condamnation en 1990, une cour d'appel avait
cassé le jugement, considérant que Poindexter avait, en
acceptant de témoigner devant le Congrès, gagné le droit à
l'immunité. En janvier, Poindexter est discrètement retourné
au gouvernement, au sein de la Darpa (Defense Advanced
Research Projects Agency), l'agence de recherche appliquée du
Pentagone.
Actuellement, les services de renseignements militaires ou
civils n'ont pas le droit d'espionner les activités des
Américains, sauf autorisation expresse donnée par un juge.
Mais Poindexter plaide pour un changement législatif, qui
serait glissé dans le projet de loi actuellement soumis au
Congrès.