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• LE MONDE | 07.01.03 | 12h10


Les graveurs de DVD facilitent l'archivage multimédia
La chute spectaculaire des prix, fin 2002, a commencé à les mettre à la portée  du grand public. Vingt ans après les CD audio, ils ouvrent la porte de l'enregistrement vidéo et de la création de DVD familiaux.

Fin 1997, les premiers graveurs de DVD professionnels coûtaient quelque 25 000 € . En juin 2001, les modèles grand public destinés aux ordinateurs arrivaient sur le marché français à 920 € . Fin 2002, la cinquième génération était commercialisée à 350 € contre 500 € en avril. En dix-huit mois, les prix ont ainsi chuté de deux tiers, une rapidité record, même dans un domaine comme l'informatique où les tarifs fondent régulièrement. La demande pour ces appareils, qui permettent d'enregistrer 4,7 milliards d'octets (Go) de données numériques sur un seul disque de même taille qu'un CD, a explosé lors des fêtes de fin d'année. Le stockage de la musique, et surtout de la vidéo, dispose désormais d'un outil attendu depuis plusieurs années tant il est adapté aux nouveaux besoins des adeptes du numérique. Le DVD s'inscrit en effet dans la panoplie des supports amovibles hérités du CD audio, dont l'apparition, qui avait marqué le début de l'avènement du numérique, remonte à 1982.

Vingt ans plus tard, plusieurs étapes ont été franchies. Après quelques erreurs (la cassette DCC de Philips en 1991) et des demi-succès (le MD de Sony lancé en 1993), le format du CD, avec son diamètre de 12 cm, s'impose comme le véritable standard d'enregistrement du multimédia. A partir de 1995, l'apparition de sa première version enregistrable (CD-R) et de son successeur naturel, le DVD, achève de le rendre incontournable. La version enregistrable de ce dernier était attendue pour fin 1997 ou début 1998. Une guerre des normes déclarée entre les géants nippons de l'électronique a considérablement ralenti le processus du côté grand public. Avec plus de trois ans de retard, une éternité en informatique, 2001 a vu l'arrivée des graveurs de DVD intégrés aux ordinateurs haut de gamme de Packard-Bell, filiale de NEC.

A Noël 2002, les nouveaux modèles A05 des graveurs Pioneer étaient en rupture de stock dans la plupart des grandes enseignes parisiennes."Nous avons mis en place une capacité industrielle de production de 300 000 pièces par mois", indique Jacques Noirbent, chef du groupe marketing multimédia de Pioneer France. L'engouement pour les enregistreurs de DVD capables de graver aussi bien des CD-R (650 à 900 Mo), des CD-RW (réinscriptibles) que des DVD-R (4,7 Go) ou RW peut paraître étonnant au moment où les disques durs atteignent des capacités dont les consommateurs n'osaient rêver il y a encore quelques mois. Un ordinateur familial vendu à Noël disposait couramment d'un disque de 60 Go. Acheté séparément, un modèle à 100 Go revient aux environs de 200 € ... De quoi, en apparence, satisfaire les plus gros collectionneurs de fichiers et de jeux vidéo. C'est compter sans l'inflation des besoins engendrés par le multimédia de haute qualité et par le désir de partager les productions personnelles.

Longtemps contenue par les faibles moyens de stockage disponible et par le coût du matériel et des logiciels, la créativité des adeptes du tout-numérique se libère aujourd'hui. Très vite, la totalité des CD d'une discothèque se retrouve enregistrée sur le disque dur. Ce dernier peut alors servir de juke-box pour produire un programme musical alétoire écouté sur une chaîne hi-fi connecté à l'ordinateur. Mais que faire lorsque l'informatique est confinée dans un bureau ou une chambre alors que l'on veut profiter de la musique au salon ? En attendant les solutions de transmission sans fil (Bluetooth, Wi-fi...) encore peu répandues, la solution passe par la gravure d'un CD-R pouvant contenir une dizaine d'heures de musique au format MP3 et son écoute sur un lecteur de DVD compatible avec ce format de compression. Le même CD-R pourra servir également sur la chaîne de la voiture. Même tentation pour les photos en haute définition que l'on désire sauvegarder ou afficher sur l'écran d'un téléviseur. Si la musique et l'image restent néanmoins à la portée du CD-R, il n'en va pas de même pour la vidéo, véritable justification de l'adoption du DVD-R.

La capacité de ce dernier a été dictée par les besoins des éditeurs de films. Les DVD vidéo préenregistrés, qui sont en passe d'éliminer les cassettes, bénéficient de double face ou de double couche, qui augmentent encore leur potentiel de stockage. Pour l'instant, l'amateur doit se contenter des 4,7 Go offerts par les premiers DVD-R ou RW. Mais cela suffit pour les transformer en véritables producteurs de films familiaux, voire de se lancer dans des créations plus élaborées. A condition de disposer d'une caméra numérique (format DV, Digital 8, Mini DV) coûtant entre 800 € et 1 000 € , d'un ordinateur équipé d'une carte d'acquisition vidéo, comme le sont les modèles de Sony ou Apple, d'un graveur de DVD et d'un logiciel de montage tels que Studio 8 de Pinnacle, l'amateur se trouve en mesure de rivaliser avec la qualité professionnelle. Certes, le ticket d'entrée pour l'acquisition de cette panoplie complète du vidéaste numérique reste élevé (environ 2 500 € ) mais les achats sont souvent étalés dans le temps et les prix ne cessent de baisser en même temps que la qualité augmente.

Ce matériel permet en effet de réaliser des montages de la vidéo numérique enregistrée par la caméra et de graver ensuite des DVD-R au format DVD vidéo que peuvent lire les modèles de salon. Voilà donc l'amateur en mesure non seulement d'effectuer un montage de ses meilleures prises, mais également de s'affranchir de l'ordinateur lors du visionnage. Il profite ainsi du grand écran du téléviseur et il peut offrir des copies de son DVD aux membres de sa famille ou à ses amis qui possèdent un lecteur de salon, un produit de plus en plus répandu en raison de son prix (à partir de 150 € ) et de l'offre de DVD préenregistrés.

Reste toutefois quelques obstacles sur cette voie royale. Les logiciels accompagnant les graveurs de DVD pour ordinateur pèchent encore par leur complexité. Et, surtout, les supports vierges sont victimes d'un tarif élevé : un DVD-R coûte encore entre 8 € et 10 € pièce tandis que les versions réenregistrables coûte 11 € . Ces prix sont liés à la nouveauté du support et à l'application de la redevance pour copie privée instituée en janvier 2001 et qui prélève 1,59 € par DVD-R ou RW, soit de 17 % à 25 % du prix de vente au public. Cette redevance est censée rémunérer les éditeurs pour la copie privée des œuvres dont les acquéreurs ont déjà payé les droits d'auteur. Sa véritable mission vise plutôt à anticiper les manques à gagner liés au piratage. Elle pénalise ainsi brutalement les utilisateurs qui se contentent d'utiliser ce support pour sauvegarder leur propres fichiers ou pour créer des DVD vidéo originaux.

Nul doute que la poursuite de la baisse des prix va progressivement conduire les graveurs de DVD à remplacer les enregistreurs de CD sur les ordinateurs. Jacques Noirbent estime qu'ils pourraient se vendre 250 € , voire 200 € dès la fin 2003.

Michel Alberganti


En attendant le laser bleu

Sony, associée à l'entreprise japonaise Nichia, a annoncé, le 18 décembre 2002, l'entrée en production de masse de diodes laser bleu violet pour le printemps 2003. Ces diodes émettant une lumière de 405 nanomètres de longueur d'onde permettront de lire le "Blu-ray Disc", une nouvelle génération de disques optiques destinés à l'enregistrement de la vidéo. En juin 2002, Philips a présenté un prototype de disque de 3 cm de diamètre stockant 1 gigaoctet de données et destiné aux caméras numériques. L'entreprise fait partie du groupe "Blu-ray Disc" rassemblant également Hitachi, Matsushita, Pioneer, Samsung, Sharp, Sony et Thomson Multimédia, dont l'objectif est de standardiser un nouveau format de la taille d'un CD et contenant 27 gigaoctets de données. Le laser bleu permet d'augmenter la densité des informations numériques gravées sur les disques grâce à sa longueur d'onde de 505 nanomètres, contre 630 nanomètres pour le laser rouge utilisé aujourd'hui. Le déplacement vers le violet permet de réduire encore la taille du pinceau lumineux.

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 08.01.03

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