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«La Chose» qui a fait peur à Dow 
Chemical 
Des pionniers du Net-art menacés pour avoir hébergé un site 
parodique. 
Par Annick 
RIVOIRE
samedi 11 janvier 2003 
 Depuis le 4 décembre, l'existence de la Chose est menacée. La centaine de 
sites qui y habitent a même été privée de réseau quelques heures durant. La 
veille, un site imitant la présentation du web officiel de Dow Chemical 
balançait un communiqué reconnaissant la responsabilité de l'entreprise dans la 
catastrophe de Bhopal, en Inde, il y a dix-huit ans. Le communiqué était faux, 
un hoax que le Net répercute tel un tam-tam planétaire. Aussitôt, les 
avocats de Dow exigent de l'hébergeur technique, Verio, qu'il débranche le faux 
site. Verio va au-delà, en coupant à la racine le compte The Thing. Après 
quelques heures de cafouillage, Verio rétablit la connexion, mais annonce sa 
décision de cesser d'héberger The Thing fin février. La méthode, brutale, 
déclenche une vague de protestations électroniques, via e-mails et sites 
miroirs, hébergés en Autriche ou ailleurs (1).  A la presse, Verio refuse toute explication. Dow Chemical se défend d'avoir 
voulu censurer The Thing, mais le seul site «clone» (dow-chemical.com), 
afin de «protéger nos marques déposées et nos contenus sous copyright d'un 
usage qui dénaturerait la position de la compagnie». Pas si simple, disent 
les Net-artistes : «On demanderait donc à un travail artistique de ne plus 
être impliqué socialement, dit Jérôme Joy, mais de devenir un miroir 
"obéissant" et docile, presque cosmétique.» Aujourd'hui, The Thing cherche 
de «nouvelles maisons pour la Chose», en Europe, loin des intérêts 
américains. (1) www.theyesmen.org/dow/ Voir aussi : bbs.thing.net
es Net-artistes doivent faire 
très très peur aux mastodontes de l'économie mondialisée. Sinon, pourquoi Dow 
Chemical, géant américain de la chimie, aurait-il fait fermer le site parodique 
des Yes Men ? L'affaire «The Thing» (la Chose, en anglais), du nom du serveur 
artistique new-yorkais qui hébergeait ledit site, menace l'existence d'une des 
plus anciennes zones libres sur le Net, témoin de pratiques artistiques 
contributives, entre piratage artistique et agit-prop médiatique. Créé en 1995 à 
New York par l'artiste Wolfgang Staehle, The Thing est une plate-forme de sites 
aussi divers que ceux du PS1, de la revue Art Forum ou du home-studio du 
musicien Jérôme Joy.