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• LE MONDE | 31.01.03 |
12h57 • MIS A JOUR LE 31.01.03 | 13h48 La diffusion de la télévision sur le réseau téléphonique ADSL à l'essai La réaction des
abonnés déterminera si ce mode de diffusion vidéo passera du stade de test
à la généralisation. TF1 a installé dans ses locaux, à Boulogne (Hauts-de-Seine), un appartement du "téléspectateur témoin". Face au canapé, un écran large diffuse un bouquet de programmes. A priori, rien de particulier. Au gré de la télécommande, les chaînes TF1, Eurosport ou France 2 et France 3 défilent à l'écran. Même un œil averti ne verrait pas de différence entre les décodeurs empilés à côté du téléviseur et ceux que l'on trouve généralement dans le commerce. Et pourtant. TF1 essaie là un nouveau mode de diffusion de la télévision. Les chaînes ne sont pas diffusées par le câble, le satellite ou les ondes hertziennes mais sont véhiculées par la ligne téléphonique. Bien sûr, pour réussir cette prouesse, encore faut-il que la ligne téléphonique soit musclée, et dotée d'un équipement ADSL (asynchronous digital suscriber line), synonyme d'accès rapide à Internet. En décembre, associé à l'opérateur de télécommunications LD Com, filiale du groupe Louis Dreyfus, à Thomson et à TPS, TF1 a décidé d'aller au-delà de la démonstration de laboratoire et a lancé un test en grandeur réelle. Près de 200 salariés des sociétés concernées, habitant soit à Boulogne, soit dans le XVe arrondissement à Paris, sont progressivement connectés au réseau et reçoivent un bouquet de 24 chaînes. Ce projet, baptisé Dream TV, n'est pas seul en lice. Le fournisseur d'accès à Internet, Free, a également commencé à livrer au compte-gouttes, dès la fin de l'année 2002, la Freebox. Ce boîtier gris, conçu par les ingénieurs de la maison mère de Free, Iliad, offre pour l'instant aux abonnés un accès rapide à Internet (de type ADSL), mais promet beaucoup plus. Les multiples forums de discussion qui se sont emparés du sujet sur le Net évoquent les caractéristiques de la Freebox, qui devrait également s'ouvrir à des services de téléphonie et de diffusion de chaînes de télévision ou de vidéo. Pour l'instant, Free, qui n'a pas résolu tous les problèmes techniques, reste évasif sur des éventuels accords avec des chaînes de télévision. Enfin, France Télécom a décidé de mener des tests techniques à partir de juin à Lyon, puis à Lille et Paris, avec environ un millier d'abonnés. M6 travaille étroitement avec l'opérateur français, et proposera la diffusion de ses émissions, mais également de clips vidéo. A l'étranger, quelques opérateurs ont franchi le pas et commercialisent à petite échelle un service de télévision ou de vidéo sur ADSL. C'est le cas de Telefonica en Espagne, ou de Kingston Interactive en Grande-Bretagne. De son côté, T-Online, filiale de Deutsche Telekom, a annoncé, jeudi 30 janvier, la commercialisation de services vidéo sur l'ADSL au quatrième trimestre 2003. Selon Philippe Bailly, de la société NPA Conseil, qui a réalisé une étude sur le sujet, publiée par Satellifax, "près de 500 000 personnes regardent la télé sur ADSL dans le monde". Cette effervescence autour de la transmission de télévision sur l'ADSL s'explique aisément. Tout d'abord, la technologie a fait des progrès considérables. En décembre 2001, Thierry Breton, alors PDG de Thomson Multimedia, et Serge Tchuruk, PDG d'Alcatel, présentaient leur première expérimentation commune, exprimant le souhait de voir se développer ce marché. Depuis, les ingénieurs ont continué à améliorer les techniques de compression d'images pour réussir à transporter un flux d'images avec une qualité acceptable. "Nous souhaitons proposer une qualité d'image équivalente à celle du DVD. Aujourd'hui, une ligne ADSL peut offrir un débit de 5 Mbits/s en ville, et il nous faut 3,3 Mbit/s pour diffuser un flux vidéo", précise Christian Grellier, directeur du studio multimédia de TF1. "Il faut maintenant éprouver sur le terrain les temps de zapping et la stabilité du réseau", affirme Marc Roussel, directeur technique de M6. RELANCER LE TÉLÉPHONE FIXE Par ailleurs, l'ADSL, accès rapide à Internet, s'est démocratisé en France. France Télécom en a fait son cheval de bataille. Résultat, le cap du 1,4 million d'abonnés a été franchi fin 2002, et l'opérateur parie sur un doublement en 2003. Les opérateurs de télécommunications souhaitent redonner un nouveau souffle au réseau de téléphonie fixe, pour ralentir le phénomène de substitution par la téléphonie mobile. Pour continuer à étendre le succès de l'ADSL, ils étudient le couplage de services, d'Internet, de téléphonie et de vidéo. De leur côté, les acteurs de l'audiovisuel veulent jouer leur carte. Les bouquets de chaînes par satellite comme TPS dont la courbe d'abonnés atteint une asymptote aimeraient bien avec l'ADSL étendre leur rayon d'action dans les villes, où la concurrence est frontale avec le câble. "La grande question aujourd'hui est de savoir qui sera l'organisateur de ce marché, entre les opérateurs de télécommunications et les acteurs de l'audiovisuel", s'interroge M. Bailly. L'équation économique entre les différents services, vidéo ou émissions à la demande, diffusion de chaînes télévisées, doit aussi être étudiée. De même que le cadre juridique et réglementaire qui reste à définir. Surtout, la réaction des abonnés déterminera si ce mode de diffusion vidéo passera du stade de test à la généralisation. Laurence Girard Quatre modes de diffusion de la télé
Hertzien : premier mode de diffusion de la télévision, analogique. Pour éviter d'être marginalisé, il tente de passer au numérique (avec la télévision numérique terrestre, TNT). Câble : les réseaux câblés diffusent un bouquet de chaînes, en analogique ou en numérique, et couvrent d'abord les villes. Satellite : des bouquets numériques et analogiques sont diffusés en priorité en dehors des zones urbaines. ADSL : tests en cours de diffusion numérique sur le réseau téléphonique dopé par la technologie d'accès rapide à Internet, ADSL. |
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