• LEMONDE.FR | 13.02.03 |
09h33 Un vaccin thérapeutique contre le VIH donne des résultats "encourageants" Parmi les sujets
vaccinés, 25% ont pu arrêter leur traitement sans problème, selon ces
résultats de tests expérimentés sur 118 patients. L'utilisation d'un vaccin thérapeutique contre le virus du sida (VIH) permet l'induction, pour la première fois, d'une réponse immunitaire chez des patients séropositifs, d'après deux études françaises présentées mercredi 12 février à la 10ème conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) à Boston. Mises en oeuvre par l'Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS), ces deux études ont testé l'efficacité d'un vaccin thérapeutique contre l'infection au VIH. "Avec ces résultats préliminaires, nous avons prouvé, pour la première fois, l'intérêt et l'efficacité de ce concept. Ils nous encouragent à poursuivre dans cette voie de recherche", a expliqué l'investigateur principal de l'une de ces études, le Pr Christine Katlama, de l'hôpital Pitié-Salpêtrière de Paris. Cette stratégie consiste à administrer des vaccins contre le VIH à des patients déjà infectés afin de stimuler leur système immunitaire contre le virus. L'objectif de la vaccinothérapie est d'obtenir un meilleur contrôle de la réplication virale, permettant éventuellement un arrêt temporaire de traitement. Actuellement, la vaccinothérapie fait l'objet de "trois ou quatre" études dans le monde et d'un essai clinique international. Des résultats sont attendus courant 2003, a indiqué le Pr Jean-François Delfraissy qui dirige le groupe "essais thérapeutiques" de l'ANRS. "Les patients VIH+ sont particulièrement attentifs aux résultats de la vaccinothérapie qui pourrait leur permettre de cesser temporairement leurs antirétroviraux. Ils sont fatigués des traitements, en raison des effets secondaires trop lourds", a pour sa part souligné Emmanuel Trenado de l'interassociatif TRT-5. La première étude pilote, baptisée VACCITER, a été menée auprès de 48 patients VIH+ bien contrôlés sous multithérapie antirétrovirale, ayant une charge virale indétectable inférieure à 200 copies/mL et des CD4 supérieurs à 400/mm3 depuis au moins un an. Les participants ont tous reçu quatre injections, à un mois d'intervalle du vaccin ALVAC, produit par Aventis Pasteur et composé du virus canarypox portant les gènes codant deux protéines du VIH, nef et pol. Un mois après la dernière injection de vaccin, les patients ont interrompu leur traitement antirétroviral. REPONSE MAXIMALE APRES DEUX INJECTIONS "Une réponse immunitaire spécifique CD4 dirigée contre le VIH a été observée chez 61 % des patients au cours de la vaccination. Nous avons également enregistré chez 55 % d'entre eux une induction de la réponse immunitaire cytotoxique CD8", a indiqué l'investigateur de cette étude Christine Katlama. Selon elle, l'induction de la réponse immunitaire est à la fois qualitative et quantitative puisqu'un élargissement du répertoire des cellules CD8 cytotoxiques a été constaté. Cependant, après l'arrêt de traitement, 80 % des patients ont dû reprendre celui-ci, avec un délai médian de 6,6 semaines. "Au moment de l'analyse des données, dix patients demeurent toujours sans traitement, avec une charge virale inférieure à 10.000 copies", a expiqué Christine Katlama. Le délai avant la reprise de la multithérapie a été significativement plus long chez les patients qui présentaient une réponse immunitaire au moment de l'arrêt de traitement, par rapport aux patients sans réponse immunitaire : 9,7 semaines contre 6,3 semaines. Après vingt semaines d'interruption, les auteurs n'ont relevé aucun effet indésirable clinique ou toxicité biologique et ils ont noté que l'intensité maximale de la réponse immunitaire est survenue après deux injections vaccinales. "Il semble que nous ayons épuisé la dynamique avec la quatrième vaccination puisque la réponse maximale a été obtenue après deux injections. En injectant une trop grande quantité de vaccin, nous avons diminué l'efficacité du système immunitaire", a expliqué le Pr Katlama, qui propose de revoir le calendrier vaccinal de l'essai. "Pour les prochains essais vaccinaux, nous pourrions tenter, dans un premier temps, de faire une ou deux injections, puis de marquer une pause avant de réinjecter le vaccin", propose Brigitte Autran, coordinatrice des essais vaccinaux mis en oeuvre par l'ANRS. ETUDE COMPARATIVE Lors du congrès CROI, les chercheurs français doivent présenter une autre étude (VACCIL-2) testant l'efficacité de la vaccinothérapie, cette fois dans un essai comparatif auprès de 70 patients VIH+, utilisant le même vaccin que l'étude précédente. Là encore, les patients VIH+ recrutés pour cette étude étaient bien contrôlés sous multithérapie depuis plus d'un an. La moitié d'entre eux ont poursuivi sans modification leur traitement antirétroviral, tandis que les autres ont reçu en plus quatre injections du vaccin ALVAC à un mois d'intervalle, puis ont reçu trois cures d'interleukine-2. Après neuf mois de traitement, 91 % des patients dans ce bras de l'étude ont arrêté leurs antirétroviraux. Après trois mois d'interruption de traitement, huit des patients vaccinés (24 %) étaient toujours sans traitement. Deux patients du groupe contrôle (5 %) étaient dans la même situation. Soulignant que cette étude montrait pour la première fois la capacité de la vaccinothérapie à induire une réponse immunitaire, le Pr Lévy a expliqué que le vaccin a permis de "rééduquer le système immunitaire augmentant les chances de contrôler le virus". Dans ce cas, le système immunitaire constituerait un "antirétroviral" efficace. Avec Reuters |
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