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• LE MONDE | 06.03.03 | 13h29


Trois questions à René Ricol

Vous êtes président de la Fédération internationale des experts comptables (IFAC). Quand Pierre Péan et Philippe Cohen qualifient dans leur livre les comptes du Monde de "comptes à la Enron", quels commentaires cela vous inspire-t-il ?

Cette accusation est grave, injuste et fausse.

Grave, parce que le cas Enron, largement décrit par tous les quotidiens, hebdomadaires et mensuels, recouvre des informations financières inexactes et des irrégularités graves à caractère pénal.

Est-il besoin de le dire, cette situation ne correspond en aucune manière à celle du Monde.

Injuste, parce que, bien que non coté en Bourse, Le Monde est l'un des rares journaux à publier ses comptes et à donner une information financière complète. Il est donc plus facile de discuter des comptes de ces journaux que des autres.

Fausse, parce que le seul reproche clairement exprimé est, pour l'exercice 2001, la dissimulation, selon les auteurs du livre, de la perte enregistrée par le quotidien Le Monde grâce aux bénéfices réalisés par les journaux et magazines acquis par le groupe.

L'année 2001 a été, certes, une année difficile. Elle l'a été pour tout le monde, notamment dans le secteur de la communication, en raison de la chute des recettes liées à la publicité. Les comptes publiés font effectivement apparaître une situation dégradée, notamment du quotidien, depuis 2001, et le fait que cette information soit publique montre bien la volonté de transparence. Et il est aussi tout à fait exact, et apparent, que les activités de diversification ont été bénéficiaires.

En fait, ce que les auteurs semblent plutôt mettre en cause, c'est la stratégie de diversification. Or celle-ci semble gagnante et a permis au Monde de compenser la baisse du marché publicitaire.

Les auteurs affirment également que les comptes n'ont pas été établis selon des normes financières officielles. Qu'en pensez-vous ?

Je ne comprends pas ce que vient faire ici cette notion de norme officielle qui ne serait pas appliquée : Le Monde applique-t-il la réglementation comptable, oui ou non ? La réponse est oui, et dois-je ajouter, de manière prudente.

Les comptes sont arrêtés dans le respect des normes comptables françaises : les retraites sont provisionnées ; les crédits-baux sont retraités comme des acquisitions à crédit ; les frais de relance et de création de nouvelles maquettes du quotidien sont pris en charge lorsqu'ils sont encourus (ils auraient pu être étalés sur la durée de vie de la maquette, soit 4 à 5 ans) ; toute l'information est donnée concernant l'endettement ; l'annexe donne une information complète sur l'activité et la situation financière ; les comptes sont audités et certifiés par trois cabinets d'audit.

Le dernier chapitre aborde également la question des statistiques de diffusion, qui seraient à l'avantage du Monde...

C'est une organisation bientôt centenaire, Diffusion Contrôle-OJD, qui a pour rôle d'assurer que les règles de détermination de la diffusion sont cohérentes, homogènes et correctement appliquées par tous les journaux. Il ne peut y avoir de débat sur ce point.

La diffusion est une notion importante car elle est un moteur essentiel de la croissance du chiffre d'affaires de la publicité. Un exemplaire du quotidien contribue au chiffre d'affaires de la diffusion, et renforce le vecteur de communication que représente Le Monde pour les annonceurs.

Propos recueillis par Claire Blandin

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 07.03.03

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