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• LE MONDE | 15.03.03 | 14h23

commentaire

nos excuses à nos lecteurs et à françois roussely

Aux lendemains des scandales Enron ou WorldCom aux Etats-Unis, la transparence des comptes des entreprises est devenue l'objet d'un débat dont les enjeux sont considérables pour tous les acteurs de l'économie. Pour la profession des auditeurs, qui a souvent manqué de lucidité quand certains de ses membres n'ont pas purement et simplement couvert des malversations ; pour les autorités publiques ou professionnelles, qui ont tardé, d'un côté comme de l'autre de l'Atlantique, à engager une réflexion puis une refonte des normes comptables ; mais pour la presse, aussi, qui, dans ces deux affaires, n'a globalement guère été clairvoyante et n'a, le plus souvent, pas plus joué sa fonction d'alerte.

C'est en tout cas la leçon que Le Monde a tirée de ces événements, estimant qu'il devait redoubler d'efforts en matière d'investigation sur la vie des entreprises en général, et sur la sincérité de leurs comptes en particulier, dans le souci d'informer ses lecteurs le plus fidèlement et le plus complètement possible.

Investigation, pourtant, ne veut pas dire suspicion. Il nous faut donc admettre ici que, dans le cas d'EDF, nous avons pris des libertés avec les règles qui sont les nôtres : établir les faits, les recouper, écarter les rumeurs pour s'en tenir à ce qui est vérifié. Il faut donc que les choses soient dites clairement : nous avons eu tort de suggérer que les commissaires aux comptes envisageaient de ne pas valider les comptes de l'entreprise publique. C'est ce que reconnaissent ci-dessus sans détour les deux auteurs de l'article en question – deux journalistes, qu'il nous soit permis de le dire, qui exercent leur métier avec pugnacité et intégrité, dans un univers qui n'est pas toujours dénué de tentatives de manipulations.

Il n'est certes ni commode ni facile de reconnaître une faute. Surtout dans les circonstances présentes : quelques détracteurs du Monde trouveront peut-être dans ces lignes matière à mener campagne. Mais qu'importe ! Ce qui compte, d'abord, c'est la bonne foi. L'honnêteté nous commande donc, aujourd'hui, de dire sans barguigner que nous nous sommes trompés. Et de présenter nos excuses à François Roussely, le patron de l'entreprise publique, ainsi qu'à nos lecteurs.

Laurent Mauduit

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 16.03.03

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