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Les États-Unis espionnent-ils grâce à un logiciel piégé ?
Sylvain Simoneau
29 août 2000

Un logiciel donnerait aux États-Unis la possibilité d'espionner un grand nombre d'entreprises et d'agences gouvernementales dans le monde, comme les services secrets canadiens, jordaniens et israéliens.

Le gouvernement canadien soupçonne un logiciel de traitement des données
utilisé par son administration d'envoyer par l'internet, de façon
furtive, des informations top secrètes aux Américains. La police montée
(RCMP) et les services secrets seraient équipés de ce logiciel, et
plusieurs autres versions seraient en usage de par le monde.

À la suite d'un dossier publié par le Toronto Star, la NSI (comparable à
notre Direction de la surveillance du territoire) a ouvert une enquête
sur l'étendue du problème. Les services secrets et la Police montée
utilisent en effet un logiciel qui permet la coordination d'enquêtes
entre les deux entités. Le logiciel, d'après le Toronto Star, dispose
d'une porte de service activable à distance qui donnerait accès à un
intrus ou permettrait l'expédition de données par l'internet. Le
porte-parole de la RCMP interrogé par le quotidien canadien n'a « ni
confirmé ni infirmé » que son service utilisait le logiciel.

Assassinats et rumeurs... conspiration ?

Le logiciel en question serait le fameux Promis, un logiciel dont
l'histoire tumultueuse remonte au début des années 80. Depuis cette date,
l'évolution de Promis est entourée de nombreux mystères, assassinats et
rumeurs, à tel point que l'affaire Promis figure dans le Top Ten des
conspirations américaines (lire l'article de Wired en anglais, datant de
mars 1993).

Le logiciel conçu par la société américaine Inslaw se destinait à
l'origine aux cabinets de juristes et aux procureurs, pour lesquels il se
proposait de classer les documents et d'établir des corrélations entre
eux. Le gouvernement américain, par le biais de son ministère de

Le gouvernement américain soupçonné d'espionnage ?

la Justice, se serait emparé du logiciel pour le modifier et le revendre
à l'étranger, à des services secrets (en Jordanie et Israël, notamment)
mais aussi à de nombreuses sociétés dans le monde, dont quelques grandes
banques françaises. Les modifications auraient consisté en la pose de
dispositifs d'écoute et d'intrusion sur les ordinateurs où il serait
installé, donnant ainsi aux États-Unis la possibilité d'espionner un
grand nombre d'entreprises et d'agences gouvernementales.

Promis, une fois transformé en mouchard, aurait été vendu à d'autres pays
sous d'autres noms. Thierry Pflister et Fabrizio Calvi, coauteurs de L'il
de Washington (Albin Michel), croient savoir que la Police montée
canadienne et le CSIS (services secrets) utilisent une mouture de Promis
connue sous le nom de PIRS. Nous n'avons pas pu joindre les auteurs.
Plusieurs personnages connus de l'affaire Promis ont récemment été
entendus par les services canadiens, d'après le Toronto Star.
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