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Transfet.net : retour après un an d'absence
LE MONDE INTERACTIF | 10.04.03 | 11h34     MIS A JOUR LE 10.04.03 | 15h04
Le site décryptant l'impact des nouvelles technologies sur la société fait peau neuve et mise sur un positionnement décalé.

"Transfert s'est absenté... Restez en ligne !" "Transfert revient... Plus que quelques jours de patience." Moins d'un an après l'arrêt du mensuel et du site Web, en mai 2002, et l'affichage d'une page temporaire, Transfert renaît de ses cendres. Le cas est suffisamment rare dans l'univers des publications liées à la nouvelle économie pour être souligné. Cette résurrection est due à Transfert2. L'ambition : créer une "agence de presse associative", sans publicité, éditant un fil d'actualité quotidien concurrent des grandes agences de presse et des sites spécialisés.

L'association Transfert2 est dirigée par Valentin Lacambre, pionnier de l'Internet alternatif non marchand, fondateur d'Altern.org et de Gandi.net. On y retrouve aussi Laurent Chemla, auteur de Confessions d'un voleur : Internet, la liberté confisquée (Denoël, 2002 et http://www.confessions-voleur.net/) qui remet en cause le discours technologique autour de l'Internet. Aux manettes du nouveau site de Transfert, une équipe de huit personnes, dont sept anciens : Alexandre Piquard, Anne Lindivat, Matthieu Auzanneau, Jean-Marc Manach, Thierry Dupont, Victor Heitz et Bertrand Lacanal. Première caractéristique retenant l'attention : l'organisation de la rédaction. "Nous avons choisi un système collégial, non hiérarchique pour la rédaction. Nous sommes rédacteurs en chef à tour de rôle, pour rester en contact avec l'information", explique Alexandre Piquard.

Nouvelle maquette, nouveau rubricage : le site a été développé avec des logiciels libres. Il persiste et signe en jouant la carte de l'originalité dans son traitement de l'avancée des nouvelles technologies - au sens large - dans la société. Les sujets sont regroupés sous différentes rubriques (technologie, société, culture, économie) et précisés en fonction des besoins. La "une" du site donne accès à un empilement de textes courts, du style dépêches couvrant l'actualité. Les articles ne sont pas signés, mais enrichis par des liens vers des sites de référence, des documents. L'ensemble est complété par des dossiers comme celui qui est consacré à "L'art biotech : les labos aux expos" constitué d'articles récents et d'articles puisés dans les archives.

Le développement de Transfert repose sur un modèle mixte, l'accès au site étant, pour l'instant, gratuit, les contenus archivés étant payants, tout comme l'abonnement à la newsletter, et l'accès aux outils de recherche et de veille. "Nous nous adressons aux 5 000 abonnés professionnels que Transfert avait réunis, explique Alexandre Piquard. Ce sont des entreprises qui consomment et réexploitent l'information." L'objectif du collectif est de refaire connaître le site et de "tenir jusqu'à la fin de l'année 2003, sans trop dépenser d'argent", précise-t-il. Le développement n'est pas financé par la publicité : "Il n'y en a pas et c'est la garantie de notre indépendance", ajoute-t-il. L'opération consistant à renflouer le titre a coûté environ 150 000 euros, comprenant le fonds de commerce, le nom de domaine, la base de 7 000 articles et le fichier des abonnés.

Créé en 1998 par Christophe Agnus, Transfert s'était fait une place de choix parmi les publications traitant des nouvelles technologies grâce à son ton décalé et à son décryptage de l'impact des nouvelles technologies sur la société, l'économie et la culture, loin de ceux d'autres magazines comme Newbiz ou Futures. Axant son développement sur trois axes - mensuel traditionnel financé par la publicité et les abonnements, site Web financé par la publicité et agence de presse fournissant des contenus pour des titres comme Les Echos.net ou le supplément multimédia de L'Express - le titre n'avait pas résisté à la fin de la nouvelle économie. A l'automne 2001, le titre était racheté par le groupe L'Ile des médias. La chute continue des recettes publicitaires avait mené à l'arrêt définitif du site, annoncé le 3 mai 2002. Le mensuel avait compté jusqu'à 40 salariés et revendiquait une diffusion payante moyenne d'environ 25 000 exemplaires pour les premiers numéros de 2002.

Pierre Bouvier

bouvier@lemonde.fr


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