Le vendredi 20 juin 2003.
Technologies / France / Sécurité / Informatique / Vie privée

Les firewalls personnels sont loin d'être infaillibles

Utiliser un pare-feu, c'est bien, avoir des notions de sécurité informatique, c'est mieux
  

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Dans une intervention consacrée, lors du Symposium sur la sécurité des technologies de l'information et de la communication (SSSTIC), aux "atouts et limites du modèle de sécurité du pare-feu personnel", Cédric Blancher, consultant en sécurité informatique à Cartel Sécurité, est revenu sur le faux sentiment de sécurité induit par la présence d'un firewall (pare-feu, en VF), censé interdire à un intrus d'entrer dans un système d'information.

Apparus en 1999, les firewalls personnels sont d'autant plus répandus aujourd'hui qu'ils sont quasiment indispensables dès lors que l'on dispose d'une connexion à haut débit (câble, ADSL, etc.). La connexion permanente, que permet ce type d'abonnement, constitue en effet un mets de choix pour n'importe quel pirate. Mais, comme le rappelle Cédric Blancher, "le discours marketing est un poison qui tue la sécurité", laissant croire aux internautes novices ou naïfs qu'il existe des solutions "100% sécurisées" ou offrant une "protection maximale contre les pirates, les vers et les troyens [programme malin introduit sur la machine d'un utilisateur à son insu et qui permet d'en prendre ultérieurement le contrôle, NDLR]", ce qui n'est bien évidemment pas vrai.

Précautions de base
D'abord parce que l'installation d'un firewall ne peut faire l'économie d'une sensibilisation de l'utilisateur aux principes de base de la sécurité informatique. A savoir, rappelle Blancher : "Ne pas ouvrir n'importe quel document (à commencer par les pièces jointes envoyées par e-mail, ou encore les fichiers et logiciels téléchargés sur des sites peu recommandables, ou encore sur les réseaux peer-to-peer), mettre en place un bon antivirus et le tenir à jour, tenir son système et ses applications à jour, être attentif aux messages d'alertes des applications." Il existe en effet des virus qui, entre autres actions malveillantes, désactivent les firewalls personnels...

Blancher note également que "les voies les plus efficaces pour introduire un troyen sont d'une part, le génie social, basé sur l'exploitation de la crédulité des utilisateurs (nombre de pirates obtenant des mots de passe sur un simple coup de fil en se faisant passer pour le service de maintenance informatique...), et, d'autre part, les failles de sécurité des applications courantes comme Internet Explorer (IE), Outlook et Outlook Express, la combinaison des deux se révélant souvent catastrophique".

Une solution, récemment proposée par un autre professionnel de la sécurité, lui aussi intervenant au SSTIC (voir notre article), serait d'interdire à IE et Outlook d'accéder au Net et d'opter pour des solutions alternatives. Mais, note Blancher, désinstaller IE, ou lui interdire de se connecter au réseau, s'avère d'autant plus problématique qu'il peut rendre le système d'exploitation instable, Microsoft ayant imbriqué le navigateur dans l'OS...

Discours alarmistes et modes d'emploi compliqués
Le fonctionnement même des firewalls personnels contribue lui aussi à ce faux sentiment de sécurité. Alors que les modèles classiques fonctionnent sur le mode "tout ce qui n'est pas explicitement autorisé est a priori interdit", les pare-feux grands publics, plus simples d'utilisation, sont bien moins puissants. Nombre de leurs utilisateurs se contentent en effet de choisir l'un des niveaux de sécurité prévus par défaut par le logiciel. Or, cette sécurisation s'avère généralement faible, afin de ne pas trop entraver l'accès au Net et le bon fonctionnement des ordinateurs. Et, vu les modes d'emploi globalement abscons, paramètrer soi-même son pare-feu demeure difficile pour le tout-venant. Ce dernier n'est donc guère incité à s'approprier pleinement les possibilités qui lui sont offertes, en particulier le niveau de sécurité auquel il peut accéder.

"De plus, note Cédric Blancher, le discours semble volontairement alarmiste. Le but est vraisemblablement double, permettant d'une part à l'outil d'auto-justifier une certaine utilité et invitant d'autre part l'utilisateur à investir dans la version payante bien mieux fournie en fonctionnalités." On ne compte plus, ainsi, le nombre de messages postés sur les newsgroups par des internautes affolés de découvrir qu'une machine a tenté d'accéder à leur ordinateur... ce qui ne signifie pas forcément qu'un quidam a tenté de les pirater (voir, à ce propos, la FAQ consacrée aux firewalls de fr.comp.securite, le principal groupe de discussion français consacré à la question).

D'autre part, les firewalls ne peuvent rien contre les faiblesses inhérentes au système d'exploitation (OS) utilisé. Il aura ainsi fallu attendre l'arrivée de Mac OS X et de Windows XP pour voir un OS grand public gérer les notions de "droits", indispensables en termes de sécurité informatique. Ceux-ci permettent en effet de définir les droits d'accès (en lecture, écriture et exécution) des fichiers et applications. Cédric Blancher regrette cependant que la version "Family" de Windows XP donne, par défaut, tous les droits d'administration à leurs utilisateurs.

A défaut de donner les noms des pare-feu à proscrire, Blancher, qui a testé une dizaine de firewalls personnels, en recommande trois : Outpost, Kerio (tous deux gratuits), et la version payante de Sygate. Les personnes désirant en savoir plus se reporteront aux hors-série n° 12 et 13 de Linux Magazine intitulés "Le firewall, votre meilleur ennemi" et dans lesquels Cédric Blancher s'est penché sur le sujet.



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