Médias

Paris Première a tapé dans l'oeil de TF1, M6 et Lagardère
La chaîne thématique du groupe Suez est à vendre.

Par Raphaël GARRIGOS
mercredi 18 juin 2003

ice People va-t-il faire capoter la sainte alliance formée par TF1 et M6 pour racheter Paris Première, l'une des plus anciennes chaînes du câble et du satellite ? Depuis que TF1 a reçu l'assignation en justice de M6 au sujet de Nice People (que la Six considère comme un «parasitage» de son Loft Story), «l'ambiance est très tendue entre Patrick Le Lay et Nicolas de Tavernost», raconte un proche du dossier. Au point que le PDG de TF1 serait en passe de lâcher l'affaire Paris Première, pourtant alléchante.

Tout commence en janvier, quand Suez annonce son intention de se désengager des médias. Dans son cabas, 50 % du câblo-opérateur Noos, 37 % de M6 et aussi 89 % de Paris Première. Une chaîne qui aiguise bien des appétits. Car Paris Première est une des télés les plus connues du câble et du satellite, à laquelle sont abonnés 5 millions de foyers, regardée particulièrement par les «CSP +» chéris des publicitaires qui goûtent son image de chaîne (un peu) branchée et peuplée de têtes connues (Ardisson, Field...). Elle se situe dans le palmarès des dix chaînes thématiques les plus regardées.

Premiers à faire une offre, Pierre Bergé et Jacques Rosselin, fondateur de feu CanalWeb, sont rapidement renvoyés à leurs chères études : ils ne proposent que 18 millions d'euros alors que Suez en attend plus du triple. Vincent Bolloré, à l'affût de toute bonne affaire à réaliser dans les médias, ne fait que jeter un oeil au dossier.

C'est alors que M6 entre dans la course. Le groupe de Nicolas de Tavernost possède 11 % de Paris Première et donc un droit de préemption en cas de vente. Pour M6, «il s'agit d'ajouter une chaîne à forte notoriété à notre bouquet de chaînes» qui inclut entre autres Téva ou M6 Music. La Six fait une offre que Suez, encore une fois, ne juge pas assez importante. M6, qui estime que Paris Première «est quand même très chère», se tourne alors vers TF1. L'alliance n'est pas forcément contre-nature puisque les deux chaînes sont déjà partenaires à 50-50 dans TF6 et Série Club. L'idée d'un achat de Paris Première en commun fait son chemin. Même si, souligne-t-on du côté de Suez, «TF1 et M6 ont toujours regardé le dossier ensemble mais aussi en parallèle». En clair, au cas où l'alliance échouerait, TF1 et M6 préparent, chacune et en loucedé, un dossier de candidature en solo. «Les trois scénarios sont ouverts», admet l'un des acheteurs potentiels.

Il faut en ajouter un quatrième, puisque le groupe Lagardère est lui aussi «en discussions» avec la banque Rothschild chargée par Suez de vendre Paris Première avant la fin de l'année. Le projet de Lagardère serait de fusionner la chaîne avec Match TV qui peine à faire son trou. L'arrivée d'un troisième larron dans la course à Paris Première pourrait bien donner lieu à un nouveau rebondissement : le rabibochage de TF1 et M6 sur le dos de Lagardère.

 

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