Le lundi 2 juin 2003.
Technologies / Etats-Unis / Propriété intellectuelle / Multinationales

Un logiciel d'échange de fichiers crypté lâché par erreur sur internet

Les fans de P2P remercient AOL
  

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"Waste", un logiciel d'échange de fichiers "peer to peer" sécurisé, a été distribué librement pendant 24 heures sur le site de Nullsoft, l'éditeur du célèbre lecteur de MP3 Winamp, avant d'être retiré en catastrophe. En 2000, cette filiale d'AOL Time Warner avait déjà commis une bévue similaire avec Gnutella, l'héritier du défunt Napster.

Le 28 mai, les internautes visitant le site officiel de Nullsoft ont eu la surprise de découvrir que la société distribuait le code source et les fichiers exécutables d'une version test de Waste, un nouveau logiciel qui permet de pratiquer le P2P à l'abri des regards indiscrets.

Le lendemain, la page avait disparu, remplacée par une étrange et austère page d'erratum. Nullsoft y reconnaît sa paternité (et ses droits) sur Waste, mais annonce que sa distribution n'a jamais été autorisée, sous quelque licence que ce soit. Nullsoft interdit toute utilisation de Waste et demande à ceux qui ont eu le temps de télécharger le programme d'en détruire toutes les copies.

Trop tard !
Il est peu probable que cette mise en garde passablement menaçante suffise à empêcher la diffusion de Waste. Pendant toute la journée du 28 mai, le logiciel a été distribué sous la licence GPL (GNU General Public License). L'attribution de cette licence - abusive, selon NullSoft - permet à n'importe qui de diffuser le programme gratuitement. Plusieurs dizaines de miroirs de la page de présentation de Waste permettent déjà de le télécharger avec sa documentation et ses sources.

Si le programme a retenu l'attention du célèbre site Slashdot et de toute la communauté P2P, c'est qu'il correspond à une forte demande des utilisateurs. Il ne s'agit pas d'une révolution technique mais d'une solution permettant de contourner l'arsenal juridique de plus en plus étoffé que les éditeurs de musique, de films ou de logiciels sont en train de déployer pour lutter contre le piratage en ligne.

L'utilisateur de Waste se connecte à un réseau P2P et y est reconnu grâce à une clef numérique publique. Les transferts de données à l'intérieur du réseau Waste sont cryptés : on peut y pratiquer la messagerie instantanée, consulter et télécharger des documents sans que quiconque de l'extérieur n'en sache rien, pas même le fournisseur d'accès.

Miner l'Amérique ?
Pour Nullsoft, la gaffe concernant Waste n'est pas une première. En 2000, la société avait mis en circulation Gnutella, un programme d'échange de fichiers prenant la relève d'un Napster étranglé par les attaques judiciaires. Devant la colère de sa maison mère AOL Time Warner, Nullsoft avait dû retirer Gnutella de son site. Mais la distribution sous licence GPL avait ensuite permis la création de plusieurs imitations du logiciel incriminé. Auparavant, le format de compression Divx, développé par Microsoft, avait lui ausssi connu le même destin.

Selon une rumeur circulant sur Slashdot, c'est l'auteur de Winamp et de Gnutella en personne qui, mis à l'écart du développement de la version 3 de Winamp par Nullsoft, se serait vengé en lâchant cette nouvelle bombe à retardement pour les éditeurs de contenus numériques... Ultime clin d'oeil de ses auteurs, Waste tirerait son nom du roman Vente à la criée du Lot 49, écrit en 1966 par l'Américain Thomas Pynchon. W.A.S.T.E. (acronyme de "We Await Silent Tristero's Empire") y est décrit comme un réseau postal parallèle établi par la société secrète Tristero pour miner l'Amérique...

Le site de Nullsoft:
http://www.nullsoft.com/

L'erratum de Nullsoft:
http://www.nullsoft.com/free/waste/



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