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Inter zappe Winckler

Par Bolek.
Publié le 12 juillet 2003.
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Inter a viré Winckler, celui qu'elle aimait présenter sur son site web, à la page des chroniques, comme son "ami". L'ami n'a pas fait le poids face à un lobby, énorme, celui de l'industrie pharmaceutique qui n'a pas apprécié de se faire égratigner, de bon matin, par un Martin Winckler en verve, comme à l'accoutumée. Sur le site d'Inter, plus une trace d'Odyssée, ni des anciennes chroniques : "Vérifiez votre saisie. Il se peut aussi que cette partie du site ait été déplacée ou supprimée".

En persévérant, sur Google on trouve quand même l'ancienne page de l'émission avec un petit mot de Martin Winckler retraçant l'affaire. Vous la trouverez en intégralité avec en prime le mail d'Inter et du LEEM (Les entreprises du médicament). Pour mémoire, Inter a été choisie, en juin, par le LEEM, avec France Info et Radio Classique pour une grande campagne de communication pour mettre en valeur le rôle du médicament ... L'indépendance, ça paye.

 

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Note à l'attention des internautes chevronnés

Depuis lundi 7 juillet, cette page n'est plus accessible depuis la page des "chroniques" de France Inter. SI vous êtes parvenus jusqu'ici, c'est que vous avez enregistré l'adresse de cette page dans votre navigateur. Merci donc de la diffuser aux auditeurs qui ne l'auraient pas, et pourraient croire qu'elle a disparu.

Amitiés

Martin W.

PS : Le 11 juillet, à l'heure d'Odyssée, France Inter a passé un communiqué intéressant. J'en ai reproduit le contenu à la fin de cette page.


« Odyssée » c'est fini.

Je pensais assurer ma chronique jusqu'au 11 juillet, mais vendredi dernier l'assistante de JL Hees (lui-même était beaucoup trop occupé pour me parler...) m'a annoncé assez brutalement que la chronique faite le matin même était la dernière. (Motif invoqué par le directeur de France Inter : "Je ne voulais pas de chronique médicale"...)

Je n'ai donc pas pu traiter les sujets annoncés ces derniers jours sur le site, et je ne pourrai pas saluer les auditeurs. Vous aurez noté que personne n'a fait de chronique à ma place ; en passant du Gainsbourg, on a signifié délicatement aux auditeurs que j'avais purement et simplement été viré de l'antenne...

C'est donc à vous, les internautes, que je confie le soin de diffuser ce message, en particulier à celles et à ceux qui appréciaient Odyssée mais n'ont pas accès au net. Je ne voulais pas vous quitter sans vous dire que pendant ces neuf mois, j'ai pris beaucoup de plaisir à vous retrouver en esprit chaque matin, et que, surtout, j'ai beaucoup appris.

Et puis, ayant pu m'exprimer avec une totale liberté pendant ces trois minutes quotidiennes, et donner dans la mesure du possible la parole à des citoyens qui ne l'avaient pas, je reste convaincu que la liberté de parole dépasse - et de très loin - n'importe quelle fonction hiérarchique. Neuf mois de parole sans entrave, ce n'est pas rien. Et je souris en particulier à la pensée des migraines que j'ai dû provoquer chaque fois que j'étrillais l'industrie pharmaceutique entre deux messages triomphants des entreprises du médicament.

Merci aux maisons d'édition, revues et associations qui m'ont envoyé leurs publications et leurs bulletins d'information. Je suis heureux d'avoir pu contribuer à faire connaître certaines de leurs productions. Merci, évidemment à tous ceux - des archéologues aux praticiens de Linux en passant par les personnes concernées par la surdité, la dyslexie et bien d'autres situations humaines - qui m'ont écrit pour m'envoyer des réflexions, des informations que je n'aurais pas pu trouver seul, ou simplement des encouragements - ils m'ont été d'un grand réconfort et justifient pleinement le travail accompli au cours de l ?année écoulée.

Toutes les chroniques (y compris les inédites) seront publiées - accompagnées de compléments d'information et de contributions d'auditeurs - en octobre ou novembre prochain, par les éditions du Cherche-Midi.

Et pour conclure ce voyage, une dernière petite histoire :

Dans un ghetto, il y a longtemps, le rabbin va voir la guérisseuse et lui dit : « J'ai besoin d'une potion pour soulager mes rhumatismes.  »

La guérisseuse écrit quelques lignes sur un morceau de papier ; le rabbin la lit, il hoche la tête et dit : « Il y a des ingrédients qui ne sont pas kasher, là-dedans. J'ai besoin ' ?une potion que je puisse prendre le jour du shabbat. »

La guérisseuse lui répond : « Non, ça je ne peux pas te le donner. C'est interdit. »

Le rabbin insiste : « Mais moi, le jour du shabbat, je fais l'office, je m'occupe des malades et des mourants, je ne le ferai pas bien si je souffre. Donne-moi la formule d'une potion que je puisse prendre ce jour-là sans offenser Dieu. »

Et, comme il insiste, la guérisseuse lui dit : « D'accord, mais tu dois me jurer devant Dieu que tu ne la révèleras à personne. » Le rabbin réfléchit une seconde, puis il jure solennellement. Le samedi suivant, il monte sur l'estrade et, à haute voix, lit la formule à tous les fidèles.

Pourquoi ? Parce qu'il pense que c'est un moins grand péché de se parjurer que de garder pour soi un secret pareil.

Quand on a accès à un savoir qui peut soulager ou libérer les autres, on n'a que deux choix possibles :

ou bien on veut garder le pouvoir, et on se tait.

Ou bien on partage.

Au revoir tout le monde, et portez-vous bien.

mailto:martinwinckler@compuserve.com

mw@audiable.com


Pourquoi entend-on sans arrêt des spots de l'industrie pharmaceutique en ce moment ?

Chronique du 15 Mai 2003

Depuis plusieurs mois, l'industrie pharmaceutique (sous le joli nom de « Les entreprises du médicament ») mène une grande campagne d'image auprès du public. Le motif de cette campagne, est tout simplement que l'industrie pharmaceutique est en crise. Le triomphalisme affiché par les spots n'est qu'une façade. Pourquoi ? Parce que depuis une vingtaine d'années, l'industrie ne découvre pratiquement plus aucun médicament majeur. Et, à terme, ça va finir par se voir.

Ce n'est pas moi qui le dis, mais un livre passionnant de Philippe Pignarre, intitulé « Le grand secret de l'industrie pharmaceutique ». Philippe Pignarre y explique que l'âge d'or du développement du médicament a eu lieu juste après la seconde guerre mondiale. À l'époque, les industriels disposaient d'une grande latitude pour tester les molécules qu'ils avaient en stock : ils les essayaient sur n'importe quel malade sans demander d'autorisation à une quelconque autorité sanitaire. Ca a donné quelques belles découvertes, mais ça a fait aussi pas mal de casse.

Cette liberté de tester les médicaments sans contrôle a, heureusement, peu à peu disparu avec l'obligation croissante pour les industriels de se soumettre, avant de pouvoir commercialiser leurs molécules, à ce qu'on appelle des essais cliniques contrôlés. Un essai clinique contrôlé est un protocole rigide qui permet de tester le médicament en s'assurant qu'il n'est pas dangereux pour ses utilisateurs, qu'il est bien efficace sur la maladie ou les symptômes considérés, et surtout, qu'il présente un avantage sur les médicaments déjà existants.

Alors qu'il ne fallait que deux ou trois ans, dans les années 60, pour passer de l'expérimentation à la mise sur le marché, un médicament antidépresseur aujourd'hui très connu, la fluoxétine (alias Prozac), qui a été étudié pour la première fois en 1974, n'a été autorisé sur le marché qu'en 1987.

Les coûts de développement des médicaments et leur délai de commercialisation ayant beaucoup augmenté, la plupart des industriels aujourd'hui ne veulent pas investir dans les molécules nouvelles. C'est beaucoup trop cher. Et les profits diminuent. Jadis, l'industrie pharmaceutique rapportait beaucoup à ses actionnaires. Elle reste l'une des premières au monde, mais les dividendes ont beaucoup diminué. Alors, que fait-elle ? Eh bien elle contourne le problème.

Quelques exemples : pour éviter de voir un générique leur prendre leur marché, certains labo fabriquent le générique eux-mêmes et le vendent seulement 10% moins cher que l'original, ce qui suffit à dissuader la concurrence ;

d'autres font passer la prise de médicament pour une mesure préventive - c'est le cas du spot sur le cholestérol, qui n'a pas d'autre but que de vous pousser à demander une ordonnance ;

d'autres encore truquent les résultats des études cliniques (il faut savoir que la plupart des études négatives, celles qui montrent que les médicaments testés ne sont pas efficaces, sont censurées par l'industrie)

certains, plus simplement, achètent les leaders d'opinion de la communauté médicale - aujourd'hui, à l'exception de la revue Prescrire, il n'existe plus de presse médicale française indépendante de l'industrie ;

la plupart, évidemment, et ils ne s'en privent pas, induisent les médecins en erreur pour les inciter à prescrire des produits même si ce n'est pas nécessaire - ce qui explique en particulier que la France soit le premier consommateur d'antidépresseurs au monde.

D'autres cherchent à créer de nouvelles maladies, complètement imaginaires. Les deux dernières en date sont l'insuffisance hormonale masculine (on dose la testostérone chez les hommes de plus de cinquant ans, on la trouve trop basse, évidemment, puisqu'elle baisse chez tout le monde et hop ! un traitement hormonal pour remonter la libido de ces messieurs) ou l'impuissance féminine (et hop ! un équivalent féminin du Viagra pour redonner un orgasme à ces dames !).

Et puis, il y a les méthodes franchement crapuleuses, qui consistent à tester les médicaments au rabais dans les pays du tiers-monde, dans des conditions qui ne seraient pas acceptées par les pays développés. Et dans ces mêmes pays développés, il y a le ravalement de façade par l'intermédiaire des spots qu'on entend actuellement.

Alors, si ces spots vous agacent, luttez contre la désinformation en lisant « Le grand secret de l'industrie pharmaceutique ». Vous m'en direz des nouvelles.

Philippe Pignarre, « Le Grand Secret de l'industrie pharmaceutique », Editions La Découverte, 2003.


11/7/2003

DROIT DE REPONSE des entreprises du médicament sur France Inter ce jour 11/07/03

"Les Entreprises du Médicament, représentées par le Leem, ont exercé ce matin sur France Inter leur droit de réponse aux accusations de manquement à l 'éthique portées sur cette antenne à leur encontre ( cf les chroniques de M Winckler ) . Vous voudrez bien trouver ci - dessous le texte de ce droit de réponse .

Pour faire suite aux différentes accusations de manquements à l'éthique portées sur notre antenne à l'encontre des entreprises du médicament, leur représentant , le LEEM, tient à faire part de son indignation et exerce ici son droit de réponse. A ce titre, il entend préciser que des affirmations erronées telles que le trucage des résultats des études cliniques, la corruption des leaders d'opinions de la communauté médicale, la création de maladies imaginaires, l'utilisation de méthodes crapuleuses dans les pays du tiers monde, constituent des accusations sans fondement.

Les entreprises du médicament travaillent en respectant des protocoles mondiaux, qui ont renforcé considérablement les précautions préalables à l'arrivée d'un médicament. Sans le respect de ces protocoles, aucun médicament ne peut être mis à la disposition des patients, dans quelque pays que ce soit. Elles sont en outre encadrées par un dispositif législatif et réglementaire strict et elles travaillent en partenariat avec un corps médical responsable, dont l'expertise est reconnue, et qui est soumis à un code déontologique précis. En niant par exemple la preuve scientifique établie des médicaments anti cholestérol à la prévention de l'infarctus, on dénie aux patients le droit à une information complète et exacte.

Ces accusations introduisent donc le doute et la suspicion sur la prescription des médecins, sur les médicaments prescrits, ou sur la réalité de certaines maladies, risquant ainsi de mettre en danger la santé des malades.

La campagne radio actuelle des Entreprises du Médicament a pour objectif de rappeler la réalité de leur contribution à la santé des français, et de les informer sur la recherche en matière de médicaments. Cette recherche est l'un des facteurs clé des quinze ans de vie gagnée depuis cinquante ans. C'est un travail de longue haleine mené, avec des technologies de plus en plus complexes, par des hommes et des femmes qui sont fiers de servir le progrès thérapeutique. "

• Vous trouverez ce texte sur le site du LEEM à la page suivante.

Adresses utiles :

• Direction de la Communication et des Relations Extérieures de LEEM : dcre@leem.org.

Contact Radio France.

La porte d'accès à la page de Martin Winckler encore en ligne .


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Bolek
Journaliste, Bolek est le fondateur du webzine Terre d'Escale, basé dans le Nord, à Lille.


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