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Droit de regard sur le quatrième pouvoir
Un Observatoire des médias devrait voir le jour fin septembre.
Par Edouard LAUNET

samedi 06 septembre 2003


 
 
 

«Pourquoi les acteurs sociaux n'observeraient-ils pas les médias en train de les observer ?» Henri Maler, d'Action-Critique-Médias
  Perpignan envoyé spécial

e 24 septembre sera créé un Observatoire français des médias. Son ambition : devenir un «cinquième pouvoir» face à un «quatrième pouvoir» (les médias, donc) accusé de mettre ses intérêts particuliers au-dessus de l'intérêt général. Cette structure a été présentée vendredi à Perpignan par un de ses initiateurs, Bernard Cassen (par ailleurs directeur général du Monde diplomatique et président d'honneur d'Attac), dans le cadre du festival de photojournalisme Visa pour l'image.

Idéologie néolibérale. Cet observatoire serait la première retombée concrète de réflexions menées lors des deux derniers forums sociaux de Porto Alegre, notamment à l'initiative du Monde diplo et de l'agence de presse indépendante IPS (basée à Rome). En bref : le mouvement altermondialiste reproche aux «médias dominants», contrôlés par des «groupes puissants», de ne rendre compte du monde qu'à travers le prisme de «l'idéologie néolibérale» et donc de ne pas donner un reflet fidèle de la société (1). D'où l'idée de «placer l'information sous surveillance» dans chaque pays : une quinzaine d'observatoires locaux seraient actuellement en gestation un peu partout dans le monde, la structure française constituant une sorte de matrice. Ils regrouperaient, par tiers, des journalistes, des universitaires et des usagers de l'information. En France, Cassen annonce la participation d'un «grand syndicat de journalistes», de chercheurs du CNRS et de plusieurs associations, dont l'Acrimed (Action-Critique-Médias, animée par Henri Maler).

La critique des médias s'est fortement développée dans le sillage d'Internet et de l'altermondialisme. L'objectif de l'observatoire français est apparemment de lui donner une plus forte légitimité et de la doter de moyens d'action concrets : campagnes, manifs et décryptage systématique du traitement de l'information. Le discours est musclé et pas toujours follement nuancé : «L'absolue liberté des médias, prônée par les propriétaires des groupes de communication, est inconcevable car elle ne pourrait se réaliser qu'aux dépens de la liberté de tous les autres.» Et Cassen de résumer : «Ce qu'Attac a fait contre la mondialisation libérale, l'observatoire va le faire contre les méfaits et les ravages du système médiatique.»

Par avance, l'accusation de se poser en gendarme des médias est réfutée : «Nous nous attendons à un tir de barrage. Cette accusation sera servie comme prétexte pour s'opposer aux objectifs de l'association», rétorque Cassen. Henri Maler, d'Acrimed, répond pour sa part : «Pourquoi les acteurs sociaux n'observeraient-ils pas les médias en train de les observer ?» Cet angle-là est plus original, et rejoint des préoccupations exprimées lors d'autres débats organisés par Visa pour l'image. En résumé, on assisterait à une révolte de l'«observé». C'est déjà vrai dans la photo : «Il est de plus en plus rare de tomber sur des gens tout à fait innocents de l'image qu'ils donnent, témoigne le rapporteur de guerre Patrick Chauvel. Les combattants perçoivent bien la fonction de la photo, ils en sont conscients. Du coup, on a désormais l'impression de photographier des combattants publics qui, demain, distribueront peut-être eux-mêmes leurs propres images.»

Capacité critique. Lors du même débat, jeudi, le chercheur Dominique Wolton constatait : «On a sous-estimé la capacité critique du récepteur (des textes et des images) L'information tendrait à devenir une partie de ping-pong entre émetteurs et récepteurs, chacun en connaissant de mieux en mieux les règles. Par ailleurs, soulignait Wolton, l'in formation est aussi un marché (assez peu lucratif en ce qui concerne l'info généraliste) : chacun est libre de s'orienter vers le média qui lui semble le mieux refléter la réalité.

Dès lors, le concept d'observatoire des médias n'est-il pas en retard d'une bataille ? Bernard Cassen le reconnaît lui-même : «Le pouvoir de prescription des médias est en chute libre. 95 % d'entre eux appelaient hier à voter pour Maastricht, et à peine plus de la moitié des Français l'ont fait.» Mais le problème serait ailleurs : «Les seuls juges des médias aujourd'hui, ce sont les médias», dit le patron du Monde diplomatique, semblant oublier les lecteurs. Mais Henri Maler précise : «Les tenanciers des médias dominants ont le monopole de l'information sur l'information et les conditions de sa production.» Cassen conclut : «Il faut développer un contrôle éthique des médias.» S'il s'agit de tenir un discours moral sur la presse, la voie est libre.

(1) L'argumentation in extenso est sur http://acrimed.samizdat.net/article.php3?id_article=862

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