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Antipub : la génération spontanée en procès
Soixante-deux militants sont jugés aujourd'hui à Paris pour barbouillage d'affiches dans le métro.
Par Guillaume ROLLIN

mercredi 10 mars 2004


 
 
 
 

 

ne soixantaine de militants antipub comparaissent aujourd'hui devant le tribunal de Paris. Interpellés lors de quatre opérations de barbouillage des affiches publicitaires du métro parisien, ils sont poursuivis par la RATP, qui leur réclame près d'1 million d'euros pour dégradation (lire ci-contre).

A l'origine du mouvement, un simple appel lancé sur Internet, en octobre dernier, appelant au «recouvrement d'espaces publicitaires» dans le métro parisien. Le manifeste dénonce pêle-mêle «la marchandisation du monde», «la dégradation généralisée de la protection sociale», «la réforme des retraites», «l'école livrée aux marchands», «la médecine à deux vitesses». Vaste programme, émanant d'un mystérieux collectif composé d'«enseignants, chômeurs, chercheurs, intermittents, personnel de santé, archéologues, précaires, fonctionnaires, étudiants, architectes, etc.». Ouf !

Surprise. Rien de nouveau sous le soleil, affirme-t-on à l'époque, en référence aux nombreux mouvements antipublicitaires qui émaillent déjà la galaxie des altermondialistes : Résistance à l'agression publicitaire (RAP), Casseurs de pub, La Meute ou encore Paysages de France. Et pourtant... La première opération commando dans les couloirs du métro, le 17 octobre, crée la surprise. Plusieurs centaines d'anonymes, qui, pour la plupart, ne se connaissent pas et ne militent au sein d'aucune organisation contestataire, se retrouvent «spontanément» dans les couloirs du métro et barbouillent des dizaines de panneaux. Equipés de rouleaux de peinture, de bombes et de marqueurs, ils recouvrent les affiches de croix noires et de slogans détournés : «La pub tue», «la pub nuit à votre entourage». Et prennent de court la «police» de la RATP... et leurs «collègues» publiphobes qui n'ont pas vu venir cette nouvelle génération.

Malgré les interpellations, les opérations se succèdent, gagnant des villes de province, dont Montpellier ou Marseille. Selon les antipub, une quinzaine de villes de France et d'Europe préparent aujourd'hui des actions. «On a sollicité les Italiens, explique Ahmed Meguini, un militant de 26 ans. Là-bas, ils sont déments. A quatre avec trois bouts de ficelle, ils peuvent bloquer Rome pendant toute une journée.»

Pas de chefs. La recette de leur succès ? Une apparente absence d'organisation. Au départ, un petit groupe de contestataires et un webmaster. Quelques notions de droit prodiguées par une assistante juridique. Depuis, on «organise des actions cohérentes sur le fond, sans réelle concertation sur la forme», ajoute Ahmed Meguini. Les antipub n'ont pas de chef. Tout au plus des «référents», chargés de coordonner les petits groupes qui oeuvrent dans le métro, et qui changent d'une opération à l'autre. «C'est ce qui nous différencie d'autres mouvements contestataires comme Attac, dont la lourdeur nuit au message et à la rapidité d'action», affirme une militante. Jean-Claude Oubbadia, membre et administrateur de RAP, autre mouvement antipub, confirme : «Ils ont un vrai sens communautaire tout en gardant leur autonomie de pensée. C'est efficace. Nous, on s'engueule avant de s'engager dans quelque chose d'actif. Eux, ils foncent.»

Légalistes. Ces autres mouvements observent de près la nouvelle génération dont les motivations et les méthodes ont évolué. Arrivées en France au début des années 90, ces associations agissent le plus souvent dans un cadre légal. C'est le cas de RAP, fondée en 1992 par le plus célèbre des militants antipub, Yvan Gradis, en collaboration avec François Brune, l'auteur du Bonheur conforme, et René Macaire, penseur catholique adepte de la non-violence. Leurs objectifs : «aider à la prise de conscience des procédés publicitaires» et «promouvoir le vote de lois protégeant les libertés menacées par ces procédés, au moyen éventuel d'actions de résistance individuelle ou collective». Depuis dix ans, l'association, qui compte quelque 600 adhérents, s'est fait connaître à travers des opérations coup de poing : appel à remettre dans les boîtes aux lettres de la Poste les prospectus distribués par les facteurs ou encore sit-in pacifiques. Cependant, contrairement aux antipub du métro, qui «assumeront devant les juges leur démarche illégale mais non-violente», le RAP refuse de revendiquer en son nom toute action hors la loi.

Autre organisation légaliste, Paysages de France, créée en 1992 à Grenoble. En douze ans, l'association a fait disparaître plus d'un millier de panneaux illégaux des bords des routes, n'hésitant pas à traîner les autorités devant les tribunaux pour obtenir gain de cause. Toutefois, c'est vers la fin des années 90 que ces mouvements connaissent leur véritable essor et se radicalisent. En 1999, un groupe de Lyonnais crée le magazine Casseurs de pub, s'inspirant d'une revue canadienne, Adbusters. Plus radicaux, ils ne se contentent plus de critiquer la pub, mais combattent un système, appelant notamment à s'abstenir de regarder la télé ou à se passer de la voiture.

Mondialisation. Selon Arnaud Gonzague (1), leur «avènement est une conséquence du mouvement social de 1995, qui a également marqué l'avènement d'un courant antimondialisation (Attac, la Confédération paysanne) ou le retour en force du féminisme (la Meute, qui s'oppose aux pubs sexistes, ndlr)». La dénonciation d'un «totalitarisme» du système publicitaire «s'érige progressivement en critique du pouvoir des multinationales». C'est également la thèse de Naomi Klein, dont le livre No logo est la référence des antipub.

Bref, ces militants nouvelle génération font de la pub un symbole à abattre, celui d'une mondialisation jugée sauvage. «On n'attaque pas la pub par phénomène de mode, conclut l'un d'eux, mais parce qu'elle est le carburant de la marchandisation du monde.»

(1) In Qui veut la peau de la pub, Mango document, 2002.

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