Rebonds

Cinéastes et scénaristes dénoncent le principe de l'accès non payant.
Internet: le leurre de la gratuité

lundi 23 février 2004

Patrice Chéreau,
cinéaste,
Costa-Gavras,
cinéaste,
Pascal Dusapin,
compositeur,
Jean-Claude
Carrière,
scénariste,
Jacques Fansten,
cinéaste,
Francis Girod,
cinéaste,
Laurent Heynemann,
cinéaste,
Caroline Huppert,
réalisatrice,
Pierre Jolivet,
cinéaste,
Claude Lelouch,
cinéaste,
Christine Miller,
scénariste,
Claude Miller,
cinéaste,
Bertrand
Tavernier,
cinéaste,
Pascal Thomas, cinéaste.



n réponse à l'article de Monsieur Christian Paul publié par Libération le 5 février dernier, intitulé Pas de ligne Maginot sur le Net, et au moment où la loi sur l'économie numérique est examinée par le Parlement, nous, auteurs, déclarons que nos oeuvres ont un prix et que nous ne ratifions pas la philosophie de la gratuité sur les réseaux.

Le public et les responsables politiques doivent savoir que les droits d'auteur sont notre unique source de rémunération et, aujourd'hui, nous sommes donc privés pour partie de ce qui est notre exigence la plus élémentaire : vivre de notre travail.

Ceux qui encouragent par démagogie le consommateur à penser que la culture est gratuite portent la responsabilité, en nous appauvrissant, d'appauvrir la création.

Internet est un formidable outil d'éducation et de mise en commun de la pluralité des cultures, de la diversité et du progrès des connaissances. Mais la gratuité est un leurre et un mensonge.

Derrière cet artifice se cache une vérité : la publicité et le trafic des communications téléphoniques engendrent d'énormes profits sur Internet. On donne aux consommateurs l'illusion de ne pas rétribuer le spectacle, mais en vérité, il paye : abonnement à la connexion, bénéfice sur la vente en ligne, prélèvement de micro paiements, écrans publicitaires, sont autant d'exemples qui démontrent que les oeuvres circulent à l'intérieur d'une économie dont les profits sont énormes pour ceux qui les diffusent sans les produire.

La philosophie de bazar, qui tend à définir comme caduque et réactionnaire toute tentative de définition et de régulation du marché de la Toile, ne fait que conforter une politique imbécile conduisant à un assèchement des ressources de la production mettant en péril l'avenir des oeuvres et ceux qui les créent.

Nous sommes pour la liberté d'expression et pour la liberté du consommateur. Mais ces libertés ne peuvent s'opposer l'une à l'autre. Nous voulons continuer à offrir au public des oeuvres diverses et une relation de respect mutuel. Mais nous sommes contre le pillage de nos oeuvres.

Le soutien politique à la doctrine trompeuse de la gratuité dans un paysage planétaire sans règle, sans rémunération, sans respect du droit moral est une position démagogique que nous dénonçons comme nous dénonçons les fournisseurs d'accès, pyromanes de la culture qui la propagent à leur seul profit.

 

© Libération