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Les résistants français crient à la trahison

   MONA CHOLLET   

Paru le Lundi 15 Mars 2004

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InternationalCONSEIL NATIONAL DE LA RESISTANCE - Ils commémorent avec Attac le 60e anniversaire de l'élaboration de leur projet de société, aujourd'hui laminé par le gouvernement.

«Ne nous prenez pas pour de vieux ringards de 85 ans!» assène Claude Alphandéry. Autour de lui, les autres pouffent: «85 ans? Tu nous rajeunis...» C'est une impressionnante brochette de grandes figures de la résistance qu'avait réunie Attac-France la semaine dernière à Paris. Il y a là Raymond Aubrac; Maurice Kriegel-Valrimont, qui reçut, avec Leclerc et Rol-Tanguy, la reddition de l'armée allemande à la libération de Paris; Philippe Dechartre, ancien ministre de De Gaulle; l'historien Jean-Pierre Vernant; Lise London, ancienne des Brigades internationales et capitaine de la résistance; Stéphane Hessel, qui rejoignit De Gaulle à Londres en 1941...
Ils sont là pour lancer les commémorations d'un événement par ailleurs largement passé sous silence: l'adoption dans la clandestinité, le 15 mars 1944, du programme du Conseil national de la résistance (CNR) –l'organisation fondée par Jean Moulin pour fédérer les forces de la résistance sur le territoire français. Ce document, diffusé sous le titre Les jours heureux, jetait les bases de l'organisation sociale de l'après-guerre: «l'instauration d'une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l'éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l'économie»; «la liberté de la presse, son indépendance et son honneur à l'égard de l'Etat, des puissances d'argent et des influences étrangères»; «le droit au travail et le droit au repos»; «un plan complet de sécurité sociale»; «une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours»... Obtenu au terme d'âpres débats visant à ménager toutes les sensibilités en présence (gaullistes, catholiques, socialistes, communistes...), le texte, dit Philippe Dechartre, constitue «une victoire exemplaire de l'esprit de délibération sur l'esprit de lobby».


ABSENCE DE PERSPECTIVES

L'anniversaire du programme du CNR a peu été célébré au cours des décennies qui ont suivi: au début, «on n'en parlait pas: on l'appliquait». Plus tard, la guerre froide et les conflits coloniaux ont divisé les anciens résistants. Et dans la période récente, le souvenir semble presque devenu «honteux», comme le souligne Jacques Nikonoff, président d'Attac: «Comment expliquer que la France de 1945, ruinée, crée par exemple la sécurité sociale, et que soixante ans plus tard, alors que les richesses ont décuplé, les gouvernements détruisent peu à peu ses fondement?»
Avec quelques autres, les résistants présents ont signé un appel de l'organisation altermondialiste dénonçant cet état de fait. Ils ont pris part ce week-end aux commémorations organisées par les comités locaux d'Attac, tandis qu'un colloque intitulé Rassemblement de la résistance et des alternatives au néolibéralisme se tenait à Nanterre. Plus que tout, c'est l'actuelle absence de perspectives, la «distribution générale de la peur», comme dit Raymond Aubrac, qui les inquiète. «Même au sein des périodes les plus noires, insiste Dechartre, une société ne peut vivre sans un projet qui la porte, sans une transcendance.»


 
   
   
 
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