Interpol regrette la passivité des Etats dans la lutte contre la contrefaçon BRUXELLES, 25 mai (AFP) - Le secrétaire général d'Interpol, Ronald K. Noble, a regretté mardi le manque d'intérêt des gouvernements dans la lutte contre la contrefaçon, une forme de criminalité qui génère selon les estimations plus de 500 milliards d'euros de gains par an. "Je ne reçois pas de pression des gouvernements pour combattre le crime contre la propriété intellectuelle", a déclaré M. Noble, qui est Américain, lors d'une conférence de presse en ouverture du premier congrès mondial sur la lutte contre la contrefaçon à Bruxelles. "Si vous n'êtes pas sous pression, vous avez tendance à vous concentrer sur d'autres activités", a-t-il ajouté. "Les gouvernements pensent que le secteur privé a les ressources pour faire face", a-t-il encore déploré. Le responsable d'Interpol (organisation internationale de la police criminelle basée à Lyon, en France) a réaffirmé qu'il y a avait des liens entre contrefaçon et financement du terrorisme, même s'il y a encore "peu d'exemples". Il a récemment cité le cas du Liban où en octobre l'an dernier, la police a découvert des pièces détachées automobiles contrefaites dans des conteneurs à Beyrouth, d'une valeur d'environ un million d'euros. "Des enquêtes ultérieures ont révélé que les profits attendus de ces pièces détachées, si elles n'avaient pas été saisies, étaient destinés aux partisans du Hezbollah", avait-il alors expliqué. "Nous n'avons pas de mandat, ni du G8, ni d'aucune institution", a déploré de son côté le Français Michel Danet, président de l'Organisation mondiale des douanes (OMD). "La société considère la contrefaçon comme une activité illicite +sans victimes+ ne portant que sur des produits de luxe alors qu'elle peut tuer", a-t-il dit, en citant l'exemple de faux vaccins ou faux préservatifs vendus en Afrique. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que les contrefaçons de médicaments représentent 10% de l'ensemble des produits pharmaceutiques, ce chiffre pouvant atteindre 60% dans certains pays en développement. Le congrès de Bruxelles, qui n'est pas ouvert au public, dure deux jours et a pour but d'élaborer des stratégies de lutte contre le commerce de contrefaçons. Co-organisé par l'OMD et Interpol, il est soutenu par l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) et sponsorisé par une association de grandes entreprises, la GBLAAC (Global Business Leaders Alliance Against Counterfeiting). far/lb/sbo