Chaque saison ou presque, le Festival de Cannes donne le coup d'envoi de la période des transferts à la télévision. Les directions des chaînes n'y viennent pas que voir des films mais aussi pour y faire leur marché. Ce "mercato" - le terme est inspiré d'une période de transfert en football - s'organise entre la Croisette, l'Hôtel Majestic et l'Hôtel Martinez.

Cette année, le "mercato" devrait être moins actif que la saison précédente, quand Jean-Luc Delarue, Thierry Ardisson et Marc-Olivier Fogiel étaient l'objet de toutes les sollicitations de la part des chaînes. La chaîne leader TF1, qui a fait progresser ses audiences - elle a engrangé deux points supplémentaires entre avril 2003 et avril 2004, à 32,5 % de part d'audience selon les chiffres de Médiamétrie - et donc ses finances cette saison, n'a en effet aucune raison de bouleverser ses programmes.

Les chaînes concurrentes, qui ont enregistré de moins bons résultats, vont devoir réagir, notamment en recrutant. Premières concernées, les chaînes de France Télévisions. France 2 - en baisse de 1,1 point, à 19,9 % de part d'audience entre avril 2003 et avril 2004 - ne devrait pas être la moins active. La chaîne publique pourrait signer un des "gros coups" de la prochaine saison en faisant revenir Antoine de Caunes au petit écran. L'ex-animateur de "Nulle part ailleurs" sur Canal+, qui avait abandonné la télévision en 1995 pour poursuivre sa carrière au cinéma, devrait ainsi jouer le rôle d'un psy dans "Psychodrome", le nouveau feuilleton quotidien de France 2, produit par Calt ("Caméra café" et "Domisiladoré"). Le tournage de l'épisode pilote doit débuter en juin. Si la chaîne est satisfaite, elle prévoit de diffuser la série dès janvier 2005 juste avant le journal de 20 heures.

France 2 s'active également sur le marché des transferts. Elle pourrait ainsi "chiper" Ariane Massenet à France 3. La coanimatrice du magazine "On ne peut pas plaire à tout le monde" (ONPP), le dimanche soir au côté de Marc-Olivier Fogiel, s'est mise sur les rangs pour animer, seule, "Les hyènes". Un talk-show "décapant" selon France 2, déjà diffusé avec succès en Italie.

Anne Depétrini, aujourd'hui épisodiquement sur France 2, est également sur les rangs mais la chaîne hésiterait surtout entre Ariane Massenet et Elisabeth Tchoungy, journaliste et présentatrice de France 5. La première l'emporterait si la chaîne choisit d'orienter le magazine vers le divertissement. A l'inverse, la seconde devrait être préférée si la priorité est donnée à l'information.

Maïtena Biraben pourrait devenir l'une des vedettes de la chaîne publique la prochaine saison. L'animatrice des "Maternelles", sur France 5, n'aurait pas donné suite aux sollicitations de Canal+ pour remplacer Géraldine Carré à la mi-journée dans "La vie en clair" mais elle aurait décroché une émission hebdomadaire sur France 2.

France 2 devrait cependant conserver ses "piliers". Thierry Ardisson ou encore Laurent Ruquier - aux audiences pourtant très malmenées par le succès de "La ferme célébrités" sur TF1 - seront par exemple toujours en place la saison prochaine.

Jean-Luc Delarue, lui aussi, conserve toutes ses "cases" sur France 2, selon nos informations. Outre les magazines "Ça se discute" et "Jour après jour", l'animateur-producteur a aussi reconduit la production des "Coulisses du pouvoir", diffusée en deuxième partie de soirée le dimanche sur France 2. En revanche, Daniela Lumbroso devrait arrêter d'animer cette émission.

M. Delarue pourrait en revanche perdre quelques plumes sur France 3. L'animateur-producteur, qui produit "C'est mon choix" via sa société Réservoir Prod, est en conflit ouvert avec Evelyne Thomas, animatrice de ce magazine. Mme Thomas a récemment fait connaître à la direction de la chaîne sa décision d'arrêter la présentation de cette émission à la fin de la saison (Le Monde du 12 mai).

L'arrêt de la diffusion de "C'est mon choix" attaquerait M. Delarue directement au portefeuille. Selon nos informations, chaque numéro du magazine est actuellement facturé 45 000 euros à la chaîne, qui doit aussi verser 15 000 euros à Réservoir Prod pour chaque "best off" diffusé pendant l'intersaison. France 3 a décidé de faire quelques économies : pour la prochaine saison, elle ne propose plus que 30 000 euros par numéro à l'émission, encore inconnue, qui succédera à "C'est mon choix". La chaîne a demandé à Evelyne Thomas, en tant que productrice, et à Réservoir Prod de présenter chacun de nouveaux projets.

Marc-Olivier Fogiel, lui, est reconduit sur France 3 pour une saison le dimanche à 20 h 50 avec son magazine "On ne peut pas plaire à tout le monde". La facture devrait être légèrement revue à la hausse. Le coût du magazine fixé, tout compris, à 380 000 euros par numéro cette saison, serait hissé à 430 000 euros dès septembre.

Avant la rentrée, M. Fogiel devrait produire sur France 3 une histoire de la télévision en dix volets, que présentera le cinéaste Claude Chabrol.

En pleine tourmente de l'échec des "Colocataires", le jeu de télé-réalité qui a remplacé "Loft Story", M6 entretient le mystère sur sa future grille de programmes. Elle est toutefois parvenue à s'entendre avec Benjamin Castaldi, présentateur de "La nouvelle star", qui a signé pour une saison supplémentaire. La chaîne a aussi trouvé le successeur de "Pop star": "Starmania" devrait arriver sur l'antenne dès la rentrée avec sa fournée automnale d'apprentis chanteurs et danseurs.

Après la série de ratés d'audience de Frédérique Courtadon, présentatrice des "Colocataires" mais aussi de "Docs de choc" et d'"Affaires de famille", M6 devrait miser sur Virginie Effira ("Follement gay") et sur Véronique Mounier ("Le chantier"). A la rentrée, la chaîne privée voudrait voir cette dernière animer "J'ai échangé mon appart", l'adaptation française de "Changing room" de la chaîne britannique BBC.

Canal+ devrait à nouveau modifier ses émissions en clair. Emmanuel Chain pourrait quitter la chaîne cryptée. En septembre, "Merci pour l'info", dont chaque numéro coûte 130 000 euros devrait céder la place à un magazine présenté par Michel Denisot et produit par Renaud Le Van Kim.

Guy Dutheil

Antoine de Caunes revient au petit écran

Près de dix ans après avoir quitté "Nulle part ailleurs", l'émission en clair emblématique de Canal+, Antoine de Caunes revient donc à la télévision, sur France 2. Il n'y sera ni animateur ni ludion-humoriste, mais acteur et réalisateur.

Pendant cette éclipse télévisuelle, M. de Caunes, âgé de 50 ans, est devenu réalisateur de cinéma. En 2001, il avait réalisé son premier film, Les Morsures de l'aube. Deux ans plus tard, il a mis en scène Monsieur N., sur les dernières heures de Napoléon à Sainte-Hélène.

Par ailleurs, pour France 2, M. de Caunes interprétera le rôle d'Albert Londres dans un téléfilm de la chaîne publique dont le tournage devait commencer au printemps en Guyane (Le Monde du 28 février). Cette fiction, réalisée par Thierry Binisti ("La Bicyclette bleue", "De soie et de cendres"), retrace le combat mené par l'écrivain journaliste pour la fermeture du bagne de Cayenne.

Un nouveau chef de la fiction sur France 3

Patrick Pechoux succède à Perrine Fontaine comme directeur de la fiction de France 3, a annoncé la chaîne dans un communiqué, mardi 18 mai. Agé de 38 ans, M. Pechoux était conseiller de programmes à l'unité fiction de France 3 depuis octobre 2001. Il avait auparavant travaillé à Ellipse Programme (groupe Canal+), produisant "Evamag" (Canal+), des épisodes de la série "Crimes en série" (France 2) ou le pilote de la série "Fabien Cosma" (France 3). Mme Fontaine, elle, remplace Laurence Bachman à la direction de la fiction de France 2. Cette dernière avait quitté la chaîne publique en avril pour prendre la direction générale d'une filiale de la société de production Telfrance, à partir du 1^er octobre.