"France 3 doit innover en renforçant
l'information nationale et régionale"
Entretien avec Ulysse Gosset, directeur
de la rédaction nationale de France 3. Il veut prévenir
la concurrence des chaînes locales privées.
Six mois après votre arrivée à la direction de la
rédaction nationale de France 3, quel premier bilan
faites-vous ?
Je me suis rendu compte que je dirige une rédaction qui est
arrivée à maturité. Elle a montré qu'elle était capable de
rivaliser avec ses principales rivales.
La nouvelle "grand-messe" de
l'information est celle du "19-20", qui est devenue la
locomotive et la référence de l'information sur France 3.
Cette édition exprime la force et la puissance du réseau
d'information de la chaîne.
Les différentes éditions sont extrêmement riches et
reflètent la philosophie de France 3 : sobriété, proximité,
décryptage et analyse. Le défi est de réussir à faire
fonctionner ce réseau, composé de 1 400 journalistes. Sans
l'apport des régions, il n'a plus cette crédibilité. Le sort
du national et celui du régional sont liés.
Ne craignez-vous pas la concurrence des chaînes locales
privées qui vont bientôt arriver dans les régions ?
Bien sûr. Aujourd'hui, nous sommes leaders, mais demain
tout va changer et nous devons nous y préparer. Les chaînes
privées vont avoir des moyens grâce à la publicité de la
grande distribution et elles seront innovantes. Notre chance
de survie est donc d'être prêts avant elles. Le maillage des
régions et la conjugaison des forces sont essentiels. Nous y
travaillons avec Hervé Brusini, directeur délégué à
l'information de France 3, qui a aussi dirigé la rédaction
nationale.
Comment expliquez-vous la baisse d'audience du "19-20"
ces dernières semaines ?
Il y a eu le succès de "La ferme célébrités" sur TF1,
diffusé à la même heure, mais cela ne suffit pas à expliquer
cette baisse. Les gens sont tentés par ce qui se passe
ailleurs. Il faut donc les retenir en leur montrant que nos
informations correspondent à leurs attentes. Cette baisse a
permis de nous remettre en question. France 3 doit innover en
renforçant les liens entre l'information nationale et
régionale.
Dans cette optique, comptez-vous réorganiser la
rédaction nationale ?
Oui. J'ai attendu la fin des élections régionales et
européennes, que les équipes de France 3, tant au niveau
national qu'en régions, ont couvertes de manière exemplaire au
regard de la concurrence. Dès maintenant, la rédaction est
recentrée sur deux pôles : un grand service "Europe-monde", et
un autre intitulé "France" qui, outre la politique et
l'économie, couvrira les nouvelles technologies,
l'environnement, l'éducation et la religion. Une autre unité
de ce pôle baptisée "police-justice" permettra aussi de
refléter la judiciarisation de la société. Le but de cette
réorganisation est de construire une ligne éditoriale qui se
voit sur toutes les éditions.
Y aura-t-il aussi à la rentrée des changements dans la
présentation des éditions ?
Elise Lucet reste à la présentation du "19-20". Elle est la
présentatrice emblématique de France 3. En revanche, le 6
septembre, "Soir 3" sera mis à l'antenne avec un nouvel
habillage, une nouvelle formule et une nouvelle présentation.
L'édition du "Soir 3" sera présentée par un duo inédit auquel
nous sommes en train de réfléchir.
Quant aux journaux du week-end, ils seront adaptés aux
nouveaux modes de vie des Français avec l'aménagement du temps
de travail, les loisirs. Nous ne renoncerons pas pour autant à
notre devoir d'informer.
Comment avez-vous réagi au départ pour France 2 de
Gilles Leclerc, chef du service politique de la chaîne
?
C'est un transfert... Même si je préfère travailler sur la
durée, je trouve normal que dans un grand groupe comme France
Télévisions, il puisse y avoir des passerelles. Nous avons
trouvé très vite quelqu'un pour le remplacer en la personne de
Jean-Michel Blier, qui maintiendra la réputation du service
politique de France 3.
Un certain nombre d'éditions locales vont fermer pour
les vacances. Comment le justifiez-vous ?
Certaines locales vont effectivement être en congés mais
les régions ne partent pas en vacances. D'ailleurs, cet été,
plusieurs journalistes des régions remplaceront les
présentateurs du journal national. La continuité dans le
réseau sera assurée.
Propos recueillis par Daniel Psenny