LVMH perd une bataille contre la contrefaçon, mais ne s'avoue pas vaincu (PAPIER D'ANGLE)            Par Véronique DUPONT                       NEW YORK, 31 août (AFP) - Le géant français du luxe LVMH a perdu une bataille dans sa lutte contre la contrefaçon après un jugement défavorable aux Etats-Unis qui pourrait faire jurisprudence, mais ne s'avoue pas vaincu pour autant.            Louis Vuitton, filiale de maroquinerie de LVMH, s'est vu refuser vendredi une demande d'injonction face à un fabricant d'accessoires américain, Dooney and Bourke.            Vuitton, qui va faire appel, accusait son concurrent de copier l'une de ses lignes de sac où le célèbre monogramme "LV" a été revisité par l'artiste japonais Tashaki Murakami, qui en a fait une version multicolore.            Cette ligne, qui a donné un sérieux coup de jeune à une marque vieille de 150 ans et a rencontré un énorme succès, a été abondamment copiée.            Vuitton accuse Dooney and Bourke d'induire les acheteurs en erreur en imitant son monogramme coloré sur ses sacs.            Mais la juge new-yorkaise en charge du dossier, Shira Scheindlin, n'a pas jugé ses arguments convaincants.            D'après elle, Dooney and Bourke, qui utilisent ses propres initiales "DV" pour le monogramme de ses sacs, se contente de surfer sur la vague d'un "look": "un monogramme coloré sur fond blanc ou noir", lancé par le groupe français.            "Louis Vuitton a créé un style et veut maintenant empêcher d'autres de lui emboîter le pas sur cette voie", écrit la juge, en insistant: "Le but de la protection des marques n'est pas de nuire à la compétition".            Pour LVMH, cette décision pourrait créer un fâcheux précédent et encourager d'autres copieurs.            Le directeur de la création de Louis Vuitton, le créateur new- yorkais Marc Jacobs, a qualifié ce jugement de "contrariant" et estime que "permettre à quelqu'un de tout simplement copier et profiter de notre créativité est très frustrant et décourage les innovations".            L'an dernier, Vuitton a engagé 20 poursuites différentes contre des imitateurs rien que pour la ligne des monogrammes colorés de Murakami.            Les imitations d'articles de luxe se vendent en moyenne 10 fois moins cher que les originaux (100 dollars en moyenne contre 1.000 dollars environ pour un sac début de gamme chez Vuitton ou Dior).            On en trouve en quantité chez des marques "respectables" comme Dooney and Bourke mais aussi dans les échoppes anonymes de Chinatown à New York, ou, de plus en plus, sur internet, comme sur le site exactbags.com, voire sur eBay.            LVMH refuse de dire combien lui coûte la protection de ses marques - un porte-parole se contentant de dire que "plusieurs dizaines de personnes sont employées à plein temps dans le monde pour cela" - mais le Wall Street Journal évalue cette charge à 14,5 millions de dollars (12 millions d'euros).            Le groupe relativise toutefois la portée de la décision de vendredi: "Il s'agit simplement de l'une des dizaines de procédures que nous engageons chaque année", affirme un porte-parole.            Le groupe a annoncé qu'il allait faire appel de la décision de la juge Scheindlin et qu'il entendait continuer les poursuites contre Dooney and Bourke.            Vuitton a par ailleurs remporté une victoire mardi contre les faussaires qui ont pignon sur Canal Street, une rue de New York assidûment fréquentée par les touristes. Vingt-neuf locataires de boutiques qui vendaient des contrefaçons vont devoir verser au total 464 millions de dollars à Louis Vuitton.            "Aux Etats-Unis, la prise de conscience sur la nécessité de lutter contre les faussaires a tardé, mais elle se réveille", estime un proche du dossier.            ved/vog/prh