"Marchand de cerveaux" : Le Lay s'explique NOUVELOBS.COM | 07.09.04 | 15:38 Interrogé sur ses propos sur le travail de TF1
-vendre "du temps de cerveau humain disponible"- le PDG de la chaîne
confirme les avoir tenus, mais les estime "caricaturaux".
Patrick Le Lay (Sipa)
P
atrick Le Lay, PDG de TF1, s'explique sur sa formule selon laquelle le
métier de sa chaîne est de vendre à Coca-Cola "du temps de cerveau
humain disponible", estimant que cette formule "était un peu
caricaturale", dans un entretien à Télérama à paraître mercredi 8 septembre. M.
Le Lay revient sur les propos tenus dans un ouvrage intitulé "Les
dirigeants face au changement" (Editions du Huitième jour), où il était
interrogé parmi d'autres patrons. "Ce n'était pas une interview officielle", affirme M. Le Lay à Télérama,
qui consacre un dossier à ce sujet, avec de nombreuses réactions. "Le
Medef m'avait appelé en me disant: on interroge des dirigeants
d'entreprise sur 'le changement et le mouvement'. Je ne me souviens
plus précisément de cet entretien, mais, comme souvent, j'ai dû parler
deux heures à bâtons rompus et tenir ces propos pendant la
conversation".
"Marchand de cerveaux"
"Je ne
reconnais cependant pas le métier de TF1 dans cette formule et je ne me
retrouve pas dans les propos qu'on me prête: on me transforme en
marchand de cerveaux!", a-t-il poursuivi. A la question de savoir s'il avait bien tenu ces propos, il répond : "oui, sûrement.
Je reconnais que cette formule était un peu caricaturale et
étroite. Mais, encore une fois, c'était une conversation et j'ai
l'habitude de forcer le trait pour faire comprendre les concepts". "Le
métier de TF1, c'est l'information et le programme (fiction
divertissement, sport, magazines de découverte). Nous sommes une grande
chaîne populaire et familiale dont l'objectif est de plaire à un
maximum d'audience", ajoute-t-il. "Nous vivons de la publicité, mais
ce sont nos clients qui mettent au point les spots que nous diffusons.
En réalité, que vendons-nous réellement à nos clients ? Du temps
d'antenne", précise-t-il. A la question de savoir s'il vend
également une audience, il répond: "La logique de TF1 est une logique
de puissance. Nous vendons à nos clients une audience de masse, un
nombre d'individus susceptibles de regarder un spot de publicité".
"De l'attention humaine"
"Pour
les annonceurs, le temps d'antenne ne représente rien d'autre que des
'contacts clients'. De l'attention humaine. En particulier celle de la
fameuse ménagère de moins de 50 ans, largement décisionnaire dans les
achats de produits alimentaires, entretien ménager et de beauté",
ajoute-t-il. Dans l'ouvrage "Les dirigeants face au changement",
M. Le Lay avait déclaré: "Il y a beaucoup de façons de parler de la
télévision. Mais dans une perspective 'business', soyons réaliste: à la
base, le métier de TF1, c'est d'aider Coca-Cola, par exemple, à vendre
son produit". "Or pour qu'un message publicitaire soit perçu, il
faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions
ont pour vocation de le rendre disponible: c'est-à-dire de le divertir,
de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous
vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible",
avait-il ajouté.