Les trois quarts des Français pensent qu'on
peut guérir de la dépression.
Outre l'évaluation de la prévalence des principaux troubles
mentaux, l'enquête "Santé mentale en population générale" a
interrogé les personnes sur leurs représentations de la maladie
mentale. Il s'agissait, au travers de l'évocation des mots "fou",
"malade mental" et "dépressif", d'analyser si les mentalités avaient
évolué en matière de psychiatrie. En général, les représentations
des problèmes de santé mentale restent négatives dans la population
française, l'image de la psychiatrie et des troubles psychiques
étant toujours inquiétante.
Alors que le concept de "malade mental" a été introduit par la
psychiatrie dans le courant du XXe siècle, afin d'éviter
le stigmate de la figure du fou et d'introduire une dimension
médicale à la déraison, les termes de "fou" et de "malade mental"
sont toujours peu dissociés dans les représentations collectives.
L'un comme l'autre restent le plus souvent associés à des
comportements violents : 45 % des personnes interrogées associent
l'exécution d'un meurtre au fait d'être fou, et 30 % au fait d'être
malade mental. La grande majorité des personnes interrogées pensent
d'ailleurs que le "fou" et le "malade mental" ne sont pas
responsables de leurs actes et qu'il faut les soigner, même s'ils
n'y consentent pas.
Une distinction forte s'opère avec la notion de "dépression".
"Le "fou", c'est l'autre ; le "dépressif", cela peut être
soi, résume le docteur Jean-Luc Roelandt, responsable
scientifique de l'étude. Le concept de dépression renvoie à une
folie propre, consciente et acceptée."
Depuis quelques années, la notion de dépression est entrée dans
le langage courant. Elle dépasse aujourd'hui largement le diagnostic
clinique pour désigner toutes sortes de difficultés psychologiques.
87 % des personnes interrogées associent ainsi quelqu'un "qui
pleure souvent, qui est triste" à un comportement dépressif, et
62 % pensent qu'une personne "en retrait, qui cherche à être
seule"l'est également. Et si 69 % des personnes pensent qu'il
n'est pas possible de guérir un "fou", le "dépressif", lui, est
considéré comme beaucoup plus accessible aux soins : 75 % affirment
qu'on peut le guérir complètement.
Cécile Prieur