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Le "fou" reste associé aux comportements violents
LE MONDE | 23.10.04 | 20h54
Les trois quarts des Français pensent qu'on peut guérir de la dépression.

Outre l'évaluation de la prévalence des principaux troubles mentaux, l'enquête "Santé mentale en population générale" a interrogé les personnes sur leurs représentations de la maladie mentale. Il s'agissait, au travers de l'évocation des mots "fou", "malade mental" et "dépressif", d'analyser si les mentalités avaient évolué en matière de psychiatrie. En général, les représentations des problèmes de santé mentale restent négatives dans la population française, l'image de la psychiatrie et des troubles psychiques étant toujours inquiétante.

Alors que le concept de "malade mental" a été introduit par la psychiatrie dans le courant du XXe siècle, afin d'éviter le stigmate de la figure du fou et d'introduire une dimension médicale à la déraison, les termes de "fou" et de "malade mental" sont toujours peu dissociés dans les représentations collectives. L'un comme l'autre restent le plus souvent associés à des comportements violents : 45 % des personnes interrogées associent l'exécution d'un meurtre au fait d'être fou, et 30 % au fait d'être malade mental. La grande majorité des personnes interrogées pensent d'ailleurs que le "fou" et le "malade mental" ne sont pas responsables de leurs actes et qu'il faut les soigner, même s'ils n'y consentent pas.

Une distinction forte s'opère avec la notion de "dépression". "Le "fou", c'est l'autre ; le "dépressif", cela peut être soi, résume le docteur Jean-Luc Roelandt, responsable scientifique de l'étude. Le concept de dépression renvoie à une folie propre, consciente et acceptée."

Depuis quelques années, la notion de dépression est entrée dans le langage courant. Elle dépasse aujourd'hui largement le diagnostic clinique pour désigner toutes sortes de difficultés psychologiques. 87 % des personnes interrogées associent ainsi quelqu'un "qui pleure souvent, qui est triste" à un comportement dépressif, et 62 % pensent qu'une personne "en retrait, qui cherche à être seule"l'est également. Et si 69 % des personnes pensent qu'il n'est pas possible de guérir un "fou", le "dépressif", lui, est considéré comme beaucoup plus accessible aux soins : 75 % affirment qu'on peut le guérir complètement.

Cécile Prieur

 ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 24.10.04


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