Mardi 04 Janvier 2005

L'information tend à devenir un produit de consommation

 

L'information tend à devenir un produit de consommationLes habitudes des Français ont profondément changé ces dernières années, révèle une enquête de l'Observatoire du débat public. La multiplication des sources, une certaine boulimie de médias, conduiraient, selon cette étude, à une sorte de "mal info".

sur Liberation.fr :
«L'info brève paraît plus crédible, là est le danger»
Denis Muzet commente les nouvelles façons de «consommer» les médias : «la mal info» (en référence à la «mal bouffe»).


En substance :
Ce sont les médias qui désormais font l'Histoire avec un grand H, qui donnent du sens au monde. Et ce sur un mode curieusement peu rationnel, en adoptant des formes de récit qui empruntent à la fiction. On voit des documentaires qui scénarisent des cataclysmes. Avec une voix off type télé-réalité en commentaire. Cette vision catastrophiste du monde finit par s'imposer sur un écran où l'on ne fait plus de différence entre fiction et réalité.


Depuis le 11 septembre ou la victoire de Chirac en 2002, on sait que le thème de l'insécurité est primordial. Le monde est perçu comme de plus en plus dangereux. Nous sommes désormais persuadés de ne plus être nulle part à l'abri. C'est parfois du pur fantasme, mais c'est devenu la toile de fond de notre imaginaire. Du coup, l'individu est perpétuellement en veille, aux aguets. Et les médias sont là pour répondre à cette inquiétude profonde, latente. Cette angoisse générale est un formidable levier d'Audimat. Etant en manque d'information, je m'accroche aux médias d'info en continu. Une info qui crée une boulimie chez l'auditeur ou le téléspectateur. Paradoxalement, les actualités rassurent et inquiètent dans le même temps. Mais le résultat est là : nous devenons «média-dépendants».


C'est vrai que les médias qui bénéficient de ce phénomène sont ceux qu'on n'achète pas ou qu'on n'a pas l'impression d'acheter... les télévisions ou radios d'info en continu, les journaux gratuits, Internet.


Bénédiction car la plupart des téléspectateurs ou auditeurs ne retiennent que les titres et ne comprennent pas le développement de l'info. Ils en ont parfois une compréhension erronée.


L'information idéale est désormais la dépêche de l'AFP. Plus elle est brève, plus elle paraît crédible. Et c'est le danger. Avec elle, c'est la montée de l'info en continu. Un boulevard pour tout ce qui est fast news.