France


HÔPITAUX
Des bénévoles autorisées dans les blocs opératoires

Delphine Chayet
[23 août 2005]

Les épouses de chirurgiens ne resteront pas aux portes des blocs opératoires. La situation de ces femmes, qui font, depuis toujours, la petite main dans les salles d'opération, sera régularisée en octobre. Ainsi en a décidé le ministère de la Santé qui, par un décret publié le 10 août, organise un contrôle des connaissances permettant à ces bénévoles de continuer à exercer.

«A l'heure où le gouvernement prône une meilleure qualité des soins, avouez que la titularisation des épouses de chirurgiens, sans diplôme, sans formation préalable, et de surcroît non rétribuées, est très bizarre», s'insurge Marie Reiss, la présidente de l'Union nationale des associations d'infirmiers en bloc opératoire, qui doit prochainement déposer un recours devant le Conseil d'Etat. De fait, ces «assistantes» participent indirectement à l'acte chirurgical. En salle d'opération, elles passent les instruments un à un, tiennent les écarteurs et les pinces, ou encore épongent les plaies.

«Ce genre de binôme constitué d'un médecin et de son épouse a toujours existé, indique-t-on au ministère de la Santé. Il y a une dizaine d'années, tout le monde pouvait pénétrer dans une salle d'opération : ce lieu n'était absolument pas réglementé.» Dans les années 90, des normes sont finalement édictées, au moment où s'amplifient les préoccupations sur les infections nosocomiales. Le sort des aides instrumentistes, formées sur le tas, devient incertain. Pour le docteur Dinorini Cabrera, président du Syndicat des médecins libéraux qui milite pour une régularisation de ces cas, «il était hors de question que des femmes compétentes, qui ont une longue expérience du métier, se retrouvent sur la touche du jour au lendemain».

Sous la pression des syndicats de médecins, une première vague de régularisation est décidée. En 2003, 2 500 aides opératoires salariées, ayant six ans d'expérience au moins et retenues après examen, obtiennent le droit de travailler auprès des chirurgiens. Il s'agit d'anciennes secrétaires, aides-soignantes ou parfois comptables. «Une pseudo-épreuve, dont les réponses relevaient du simple bon sens», se révolte encore Marie Reiss qui cite en exemple deux questions posées aux candidates : «Du matériel opératoire à l'emballage défectueux mais dont la date de péremption n'est pas dépassée peut-il être utilisé ? Un patient en position ventrale est-il sur le dos, le ventre ou le côté ?» Les 4 500 infirmières diplômées d'État ont, quant à elles, suivi une formation de près de cinq ans. Le recours déposé par la profession devant le Conseil d'État a été rejeté.

Cette première régularisation réalisée, deux situations restaient encore en suspens : les épouses de médecins et les aides opératoires indépendantes payées par rétrocession d'honoraires. Soit entre 300 et 400 cas aujourd'hui, estime le ministère.

«Ma femme connaît parfaitement mes habitudes et ma spécialité, témoigne un chirurgien ophtalmologiste exerçant dans les Yvelines, dont l'aide opératoire a suivi des études de droit. Dans un contexte de pénurie d'infirmières, j'étais bien content de l'avoir : grâce à elle, je peux me concentrer sur le geste chirurgical et ne pas passer mon temps à former de nouvelles assistantes.» Chaque chirurgien vient au bloc avec sa propre aide, puis la rétribue lui-même avec ses honoraires. Un système fortement critiqué par les syndicats qui déplorent «des emplois au rabais».

Le ministère se réjouit, lui, de voir la situation «assainie». A l'avenir, les futures recrues devront suivre une école d'infirmières. Les épouses de médecin qui désirent continuer à exercer auront, de leur côté, une unique chance d'y être autorisée. L'examen est prévu le 13 octobre.