Tentations
Du virtuel au réel. Procès. La multinationale AmBev 
attaque Copyshop.
Au petit jeu de la 
censure
Par Marie LECHNER
vendredi 23 septembre 
2005 
ans le procès que leur 
intente l'AmBev (American Beverage corporation), les membres de Copyshop ont 
choisi une stratégie assez révélatrice de leur état d'esprit. La multinationale 
américaine, distributrice de boissons, attaque Copyshop et son soda Guarana 
Power pour violation de copyright. Guarana Power plagie Guarana Antarctica, un 
des produits phares de l'Ambev sur le marché sud-américain. «Ils ont d'abord 
exigé que le nom de la compagnie, qui apparaissait sur l'étiquette, soit retiré, 
puis que les mots négatifs comme "cartel" ou "monopole" 
disparaissent.» Le collectif danois Superflex se plie au jeu, 
censurant l'étiquette au fur et à mesure, regrettant que «les produits 
n'aient pas de liberté de discours : je ne peux pas créer un produit qui dit du 
mal d'un autre produit, même si c'est vrai, c'est illégal». Du coup, 
la bouteille de Guarana Power en est déjà à sa quatrième version. 
L'étiquette originale a quasi disparu sous le bandeau noir Guarana Power 
qui la recouvre désormais, le texte qui résume l'histoire du produit 
comporte de plus en plus de mots raturés. «Nous essayons de faire de la 
politique dans le cadre du marché qui englobe de plus en plus nos vies, en 
utilisant les armes du capitalisme pour échanger des produits subversifs, c'est 
une expérience, je ne sais pas si c'est efficace, tempère Rasmus Nielsen, de 
Superflex. La boutique Copyshop est une question : est-il possible de 
manoeuvrer dans le cadre global du capitalisme ? Une petite entité comme la 
nôtre peut-elle atteindre une audience, générer un débat sur cette question 
sensible de la propriété intellectuelle ?» 
http://www.liberation.fr/page.php?Article=325740