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Y a (presque)
plus marqué La Poste... (3) : Une Poste pour
riches ? dimanche 1er mai
2005
Depuis début 2004, en
France, près de cent bureaux sont déclassés chaque mois, transformés
en « Points Poste » et compagnie. Quant à la Somme,
« il y avait 120 bureaux en 2003, on en compte 102 fin 2004.
Sur 80 bureaux distributeurs, avec des facteurs, on passe à
28 » (un brigadier, syndiqué à SUD). C'est l'épineuse question.
Qui fâche les maires des campagnes : où la Poste
maintiendra-t-elle une activité ?
« Poste
des villes » contre « Poste des champs » La
désertion des campagnes est déjà largement entamée : « A
Martainneville, 350 habitants, en 1998-1999, La Poste a réduit les
horaires, se plaint le maire, Monsieur Nantoix, l'officine n'est
plus ouverte que quatre après-midi. On a fait une mise aux normes,
travaux etc., avec la garantie que le bureau resterait en l'état.
Trois ans après, La Poste décide de fermer pour manque de
rentabilité... Les gens devront se déplacer à Oisemont à une petite
dizaine de kilomètres. » Là comme ailleurs, La Poste suggère de
« remplacer son agence par un point de vente. Le Conseil
municipal a voté contre à l'unanimité ». Les élus se
souviennent peut-être des Points Verts : « Au début des
années 90, le Crédit Agricole a développé des "Points Verts",
formule quasi-similaire aux Points poste. Cette banque confiait à
des commerçants le soin d'effectuer des opérations bancaires de
base. Moins de quinze ans plus tard, ce type de présence a, à de
très rares exceptions, totalement disparu » (Tract
SUD).
« Poste des riches » contre « Poste
des pauvres » C'est l'orientation que fixe,
quasi-ouvertement, derrière une terminologie confuse, la
« Commission de Dialogue Social de La Poste » :
« La Poste organise son Réseau Grand Public en zones de vie
définies en fonction : de l'attractivité économique et sociale
mise en évidence par les études externes et modélisée dans les
outils de télémarketing ; de l'implantation géographique des
clients de services financiers et des potentiels de développement de
l'activité financière ; de l'implantation géographique des
clients professionnels et de leurs potentiels de développement pour
le courrier et les colis » (CDSP, 01/01/04). En clair,
qu'énoncent ici les dirigeants ? Que pour réorganiser leurs
bureaux (ouvertures, fermetures, déclassements, etc.) priment,
désormais, moins la zone géographique ou le nombre d'habitants
que : 1, l'épaisseur de leur portefeuille (traduite en
« potentiels de développement de l'activité
financière ») ; 2, le volume des entreprises (alias les
« clients professionnels »). Les quartiers à bas
revenus, et donc peu rentables, se verront octroyer, au mieux, un
service (public) minimum. C'est logique. Comme le déclare, avec bon
sens, Florent Huille, directeur du tri courrier : « Nous
sommes dans une logique de marché plus que dans une logique
géographique afin d'être présents là où se trouvent nos
clients » (Jourpost80, janvier 2004). Et certains
« clients » à SICAV comptent plus que d'autres, beaucoup
plus...
François Ruffin et Aline Dekervel Fakir
n°24 (mai/septembre 2005)
Dossier : "Y a (presque)
plus marqué La Poste..."
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01/05/2005
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