Publié le 09/09/2008 à 13:17 - Modifié le 09/09/2008 à 14:39 Le Point.fr

EXCLUSIF : le contenu de la future loi audiovisuelle

Emmanuel Berretta

EXCLUSIF : le contenu de la future loi audiovisuelle

La loi instaure une société unique de programme dénommée France Télévisions "chargée de concevoir et programmer des émissions de télévision et de radio à caractère national et local" © Didier Saulnier / MAXPPP

Lepoint.fr s'est procuré le projet de loi sur la télévision publique qui sera présenté en conseil des ministres le 1er octobre, après son passage devant le Conseil d'État et l'avis du CSA.

La loi instaure une société unique de programme dénommée France Télévisions "chargée de concevoir et programmer des émissions de télévision et de radio à caractère national et local". Innovation donc, France Télévisions pourrait aussi faire de la radio... "Elle peut également créer d'autres services de communication audiovisuelle mis à disposition du public par tout réseau de communication électronique répondant à des missions de service public", souligne le texte. L'identité des chaînes historiques (France 2, France 3, France 5, France 4 et France Ô) est renvoyée à un cahier des charges. Le fait que les chaînes actuelles ne figurent plus dans la loi signifie qu'il n'est plus besoin du législateur pour supprimer l'existence d'une chaîne publique...

Carolis or not Carolis ?

Le mode de désignation des présidents de l'audiovisuel public est conforme aux annonces du président Sarkozy et aux nouvelles règles constitutionnelles telles que récemment adoptées par le Parlement réuni en congrès. Selon le projet, "les présidents-directeurs généraux des sociétés France Télévisions, Radio France et de la société en charge de l'audiovisuel extérieur de la France sont nommés pour cinq ans par décret en conseil des ministres, après avis conforme du Conseil supérieur de l'audiovisuel à la majorité des membres qui le composent et après avis public des commissions permanentes en charge des affaires culturelles de chaque assemblée parlementaire qui, à la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés, n'a pas rendu un avis négatif sur cette nomination". Il est indiqué que les mandats des pdg peuvent leur être retirés "dans les mêmes formes".

À ce stade de la rédaction, rien n'est précisé quant à l'entrée en vigueur de ce mode de désignation. Est-ce que Patrick de Carolis ira jusqu'au bout de son mandat en 2010 ou sera-t-il démis dès l'entrée en vigueur de la loi, le 5 janvier 2009 ? "On attend un arbitrage du président Sarkozy", confie un responsable du suivi du projet. Le secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant, devrait solliciter l'avis du chef de l'État "entre deux portes". Les conseillers du président, et Christine Albanel, la ministre de la Culture, sont d'avis de maintenir Carolis jusqu'à l'échéance de 2010. Mais on craint, au dernier moment, une foucade du président Sarkozy...

Un nouveau conseil d'administration

La loi définit la nouvelle composition du conseil d'administration de France Télévisions. Exit les parlementaires ! Les représentants de l'État ne sont plus que quatre (au lieu de 5 actuellement). On relève toujours deux représentants des salariés. Nouveauté : le CSA désigne 8 "personnalités qualifiées". Au total, 14 membres, sans compter le pdg qui, en cas de partage des voix, possédera une "voix prépondérante". À Radio France, le conseil d'administration est réduit à 11 membres : trois représentants de l'État, six personnalités qualifiées désignées par le CSA et deux représentants du personnel. Idem pour la société en charge de l'audiovisuel extérieur de la France (qui coiffe RFI, France 24 et siège pour la France dans TV5 Monde).

Le CSA prié d'être impartial

Le projet de loi précise que le CSA devra veiller à "l'impartialité des personnes qu'il désigne". Traduction : un producteur ou un auteur dont les émissions ou les droits sont achetés par France Télévisions ou Radio France n'est plus habilité à siéger au conseil d'administration afin d'éviter tout conflit d'intérêts. Le CSA pourrait préciser les catégories de personnes qualifiées souhaitables. En marge du projet, le gouvernement pousse vers le choix de "dirigeants d'entreprises, de financiers, de spécialistes de l'audiovisuel et des médias, ou des personnalités du monde de la culture..." À compter du 5 janvier 2009, entre 20 heures et 6 heures, "les programmes nationaux de la société France Télévisions destinés au territoire métropolitain ne comportent pas de messages publicitaires autres que ceux pour des biens ou services présentés sous leur appellation générique". Il est prévu que la "mise en oeuvre" de ces dispositions "donne lieu à une compensation financière de l'État".

Des taxes, mais des exemptions

La loi institue une taxe de 3 % sur la publicité par les chaînes de télévision. Sont exonérées les chaînes privées, dont le chiffre d'affaires publicitaire est inférieur à 11 millions d'euros. Mais le gouvernement pourrait aussi exonérer les nouvelles chaînes de la TNT, et dans ce cas, l'abattement serait de 30 millions d'euros. Les opérateurs télécom sont taxés à hauteur de 0,9 % sur les abonnements. Le gouvernement n'a pas encore décidé s'il fallait ou non étendre l'assiette au service télévisé des opérateurs télécom. L'ensemble de ces taxes entrera en vigueur selon un décret et "au plus tard au 1er août 2009". Enfin, la redevance (116 euros en métropole et 74 euros dans les DOM) est indexée "chaque année en fonction de l'indice des prix à la consommation hors tabac, tel qu'il est estimé dans le rapport économique, social et financier présenté en annexe de la loi de finances". Le montant sera arrondi à l'euro le plus proche. La fraction d'euro égale à 0,50 est comptée pour 1.

Pub et cinéma sont aussi visés

La loi prévoit ensuite des dispositions transitoires devant conduire les personnels à intégrer la société unique France Télévisions (à ce titre, lire Le Point à paraître jeudi, page 38). Dans une seconde partie, le projet introduit en France la directive européenne dite "Service de médias audiovisuels". Enfin, dans un dernier volet, la loi habilite le gouvernement à "moderniser" le code de la cinématographie par voie d'ordonnance dans un délai de trois mois. Il s'agit pour le gouvernement de réformer le Centre national de la cinématographie en renforçant sa gouvernance, de simplifier le droit du cinéma, de simplifier les règles du cinéma en plein air, etc. Autant de dispositions que nous détaillerons dans nos publications ultérieures.

14 COMMENTAIRE(S)

charlot 81

@Malik Djawab

mardi 16 septembre | 17:34

Le français est-il encore enseigné en Algérie ? J'avais cru comprendre que le gouvernement algérien avait décrété l'"arabisation" de l'enseignement. Merci de m'éclairer sur le sujet.

Malik Djawab

Loi audio visuelle

lundi 15 septembre | 19:00

Ce que je ne comprends pas encore, c'est la raison pour laquelle toutes les chaînes françaises, c'est à dire la 1, 2 ,3 ,4 ,5 , et la 6 ne fonctionnent plus en Afrique du Nord et particulièrement en Algérie alors que nous considérons la francophonie comme une langue du pays et à enseigner. La suppression de ces chaînes porte un grave préjudice à la francophonie et par voie de conséquences à la France. Vous devriez accorder une grande attention à de telles manoeuvres intellectuelles aux conséquences politiques désastreuses pour la France, merci de votre aide et attention.

charlot 81

@steed

jeudi 11 septembre | 08:40

Le canard enchainé de l'audiovisuel en quelque sorte ! Eh bien figurez-vous, je regarde les deux journaux puisqu'ils sont décalés. je n'ai pas trouvé plus d'international sur la 3 que sur la deux, tous les deux font leurs courses à l'AFP. Si le fait d'annoncer que Mme Sarkozy n'a pas voté au 2eme tour est une information qui justifie le maintien de deux journaux du service public dans le même créneau horaire, alors, les contribuables ont encore du souci à se faire dans une France qui cherche des financements pour le RSA ou bien diminuer la dette, financer l'éducation ou je ne sais quoi encore.

steed

de plus

mercredi 10 septembre | 12:08

Cette rengaine perpétuelle "y a trop de chaînes, elles ne remplissent pas leur missions" est un serpent de mer continuel et stupide. La télé n'est pas gratuite et moi je suis pour une augmentation massive de la redevance (et je ne suis pas un nanti) seulement réduire le service public à Arte et france 5, 2 bonnes chaînes c'est condamner le service public à la marginalité, c'est ne plus s'adresser au plus grand nombre et enfin c'est tuer la création qui est en production très en dessous des autres pays. Enfin il n'y a pas que les gens de gauche à soutenir le service public mes amis de droite ne veulent pas de la privatisation d'un chaîne et sont pour un service public fort et présent partout c'est une mission de service public. La télé doit être pour tous et ambitieuse, moi ma télé c'est celle de mon Dieu Desgraupes, de Yves Jaigu (Océanique: andre boutang fr3 87/91).

stedd

pas d'accord

mercredi 10 septembre | 12:06

Je ne suis pas d'accord lorsque l'on dit "pourquoi un 19/20 et un 20 h alors qu'ils disent la même chose ?" Mais de grâce, cela se voit que vous ne les regardez pas tous les 2. Celui de la 3 et plus axé sur l'international, l'économie, et en plus il est moins consensuel, lui sort les affaires : la cassette mairie, le fait que madame Sarkozy n'a pas voté au 2ème tour des présidentielles alors que les 20 h de TF1 et France 2 sont totalement lénifiants, ils font la propagande des politiques de droite comme de gauche.

Mayotte976

France Télévisions pourrait aussi faire de la radio

mercredi 10 septembre | 00:12

C'est déjà le cas ! je rappelle que RFO qui fait partie du groupe France Télé est composé des Télés-Pays diffusés dans chaque DOM ou COM mais aussi des Radios-Pays : radio Guadeloupe, radio Guyane, radio Mayotte, radio Réunion, radio-Polynésie, radio SPM, radio Martinique, radio Nouvelle-Calédonie et enfin radio Wallis et Futuna ! Une web radio (Radio Ô) est venue complétée ce réseau depuis peu.

charlot 81

Redondance sur le service public !

mardi 9 septembre | 20:59

Pourquoi un journal national dans le 19/20 sur FR3 et un journal national à 20 heures sur la France 2 ? Pour dire exactement la même chose par deux personnes différentes presqu'à la même heure. S'il s'agissait de chaînes privées financées par la pub, ce serait OK, mais, il s'agit de l'argent d'un impôt auquel on ne peut pas échapper à partir du moment où l'on possède un téléviseur. Ne pourrait-on pas pendant ce créneau de grande écoute faire d'autres émissions ? Il est en effet urgent de repenser ce service public de l'audiovisuel en, l'allégeant, en dédoublant ses émissions et en lui donnant d'autres missions.

pafou

La télé me navre...

mardi 9 septembre | 19:42

C'est pourquoi je n'allume plus la télé que pour voir et entendre les deux merveilleuses speakerines Jacqueline Huet et Jacqueline Caurat lorsqu'elles annoncent le programme de télé à suivre. Et ensuite j'éteins la télé. Tout le reste est nul.

DANIEL 74

Réforme ou continuité ?

mardi 9 septembre | 18:07

Qui peut me dire à quoi servent les dix chaînes financées avec l'argent du contribuable et un peu par la redevance ? La cinq remplit sa mission, la trois excepté son sauveur "Plus belle la vie", je préfère TV8 MontBlanc et la TSR. La 2, la 4, RFO, TV5, les chaînes parlementaires, excepté caser les copains des coquins, elles sont inutiles et à privatiser ou à réunir. Annoncez à tous les Français qu'existent dans notre beau pays 4 fonctions publiques, Etat, collectivité locale, hospitalière et la pire : syndicale. Qui peut me dire qui protège l'un ou l'autre ? Mais le con-tribuable paie !

gerardclermont

Économies !

mardi 9 septembre | 17:29

Il faut faire de très importantes économies chez France Télévisions. Cette entreprise a besoin d'un dirigeant de haute qualité pour mettre en place un plan et le gouvernement n'a pas de taxes à créer. Au besoin, on privatise ce groupe et on met l'argent des taxes TV pour la santé. Ce serait beaucoup mieux utilisé et surtout plus positif pour les Français.

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