jeudi 19 mars 2009
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internet
Royaume
Uni : Un filtrage en roue libre
Le ministère de l’Intérieur
britannique reconnait ignorer ce que fait l’IFW, la fondation indépendante
chargée de « rapporter les contenus en ligne potentiellement
illégaux » sur Internet.
par Astrid Girardeau
CC Ryan Yam
Une image
de la pochette de l’album Virgin Killers du groupe Scorpions jugée à
caractère potentiellement pédophile, et c’était toute une partie de Wikipédia qui
était bloquée. Derrière cette affaire qui secoua Internet en décembre
dernier, l’Internet Watch Foundation (IWF), fondation indépendante chargée
par le gouvernement britannique de surveiller et « rapporter les
contenus en ligne potentiellement illégaux », principalement ceux à
caractère pédo-pornographique.
Interviewé hier par Computer Shopper, un
porte-parole du ministère de l’Intérieur britannique montre une ignorance
déconcertant sur ce que fait réellement l’IWF. Cela montre t-il l’incompétence
d’une seule personne ? Le journal précise pourtant avoir envoyé les
questions au ministère un jour avant l’interview.
Le journaliste a par exemple demandé
si, n’étant pas un organe gouvernemental, l’IWF avait une permission
particulière pour pouvoir regarder des contenus illégaux. « Ils ne le
font pas eux-même, mais pour être honnête, il
vaudrait mieux les interroger directement », admet alors le
porte-parole du ministère. Alors que le journaliste dit les avoir contacté et
qu’ils le font, ce dernier lance « ce n’est pas illégal de le supprimer
de telles images, il est illégal effectivement de les posséder, produire ou reproduire - il n’est pas illégal de les supprimer, et ce
que fait l’IWF ». Sauf que ce n’est pas vraiment le rôle de l’IWF, qui
ne fait que les signaler aux FAI pour qu’ils les bloquent.
En fait, l’IWF met à jour et envoie
deux fois par jour une liste noire de sites aux fournisseurs d’accès Internet
(FAI) britanniques qui ont décidé volontairement de coopérer. Depuis des mois,
le gouvernement fait justement pression sur les FAI réticents (5% des
connections) pour qu’ils y adhérent. Le porte-parole admet d’ailleurs qu’un FAI
qui voudrait bloquer des sites à caractère pédo-pornographique
n’a pas d’autres choix que de passer par cette organisation indépendante. Et à
la question « comment le gouvernement s’assure que la liste de l’IWF ne
bloque que des contenus illégaux ? », il répond simplement :
« nous nous réunissons avec l’IWF assez régulièrement pour des mises à
jour sur ce qu’ils font ».