Reuters [1] ne plaisante pas avec ses sources. Encore moins avec Wikipedia [2]. Dans un mémo [3] [4] interne rédigé il y a un an mais récemment rendu public [5], l'agence de presse britannique interdit à ses journalistes de la citer. Si Reuters reconnait qu'elle peut être un point de départ dans une recherche, pas question pour autant de considérer ses articles comme une source sérieuse. Nouveau chapitre dans un débat aussi vieux que l'encyclopédie en ligne, fondée en 2001.
Les pro
Dans une étude comparative de 2005, la revue scientifique « Nature » avait estimé que la marge d'erreur de Wikipedia était sensiblement proche de la sérieuse encyclopédie Britannica [6]. L'étude faisait état de 162 erreurs pour Wikipedia, 123 pour la Britannica, soit une moyenne de 3,86 erreurs par article pour le site, et 2,92 pour Britannica.
Se fondant sur cette étude, Michel Serres [7] est l'un des rares intellectuels français à s'être déclaré « enthousiaste » à l'égard de l'encyclopédie participative dans l'émission « Le Sens de l'info » [8].
Les concurrents de Wikipedia n'ont pas tardé à répliquer. Britannica a notamment dénonçé une analyse partielle de seulement 42 articles pour tirer un bilan général et avait contre-attaqué en publiant sa propre enquête sur l'Etude de la revue Nature [9] en mars 2006.
Mais en décembre 2007, une autre étude a conforté l'image de fiabilité du site. Le journal Stern a aussi demandé à un cabinet privé d'évaluer sa fiabilité. Le journal allemand a révélé dans un article [10] que Wikipedia était plus digne de confiance que l'encyclopédie allemande Brockhaus.
Le cabinet chargé de l'étude avait pris au hasard 50 articles dans les deux encyclopédies, les comparant sur des critères notés de 1 à 6. Sur les articles testés, l'encyclopédie participative s'en sortait mieux que son concurrent.
Les anti
Parmi les sceptiques, Pierre Assouline. Avec cinq étudiants en journalisme de Sciences po, le journaliste blogger [11] avait mené une enquête de 67 pages intitulée : « La révolution Wikipedia, les encyclopédies vont-elles mourir ? » (Lire son premier chapitre) [12]. Les étudiants vont au bout de leur logique et testent le système en introduisant volontairement des erreurs, peu ou pas corrigées.
Pour ses détracteurs, trop faire confiance à Wikipedia nuit au travail journalistique. Le 3 avril 2009, le Guardian publiait un mea culpa pour avoir attribué, par erreur et sur la foi de Wikipedia, à Maurice Jarre, mort le 28 mars, la phrase :
« A ma mort, une ultime valse jouera en moi que je serai seul à pouvoir écouter. »
L'auteur de cet ajout est un étudiant irlandais de 22 ans. Spécialisé en sociologie, il souhaitait, comme ses camarades français, tester à grande échelle la confiance des journalistes en Wikipedia.
Liens:
[1] http://fr.reuters.com/
[2]
http://fr.wikipedia.org/wiki/Accueil
[3]
http://handbook.reuters.com/index.php/Reporting_from_the_internet#Online_Encylopedias
[4]
http://handbook.reuters.com/index.php/Reporting_from_the_internet#Online_Encylopedias
[5]
http://handbook.reuters.com/index.php/Reporting_from_the_internet#Online_Encylopedias
[6]
http://www.britannica.fr/Accueil.asp
[7]
http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Serres
[8]
http://www.framablog.org/index.php/post/2006/10/19/wikipedia
[9]
http://corporate.britannica.com/britannica_nature_response.pdf
[10]
http://www.stern.de/computer-technik/internet/:stern-Test-Wikipedia-Brockhaus/604423.html
[11]
http://passouline.blog.lemonde.fr/
[12]
http://www.rue89.com/.%2526quot%3BLa+r%C3%A9volution+Wikipedia%2C+les+encyclop%C3%A9dies+vont-elles+mourir+%3F%2526quot%3B+
[13]
http://www.rue89.com/tag/wikipedia
[14]
http://www.rue89.com/tag/internet
[15]
http://passouline.blog.lemonde.fr/?s=wikipedia
[16]
http://www.nature.com/