Êtes-vous multitâches ? Si oui, attention !
Tendances – Savoir les décrypter pour en tirer profit |
(Extrait de mon prochain livre «Tendances – Savoir les décrypter pour en tirer profit», © Pierre Fraser, 2010)
Le professeur Clifford Nass du département de psychologie de l’Université de Stanford et son équipe ont démontré que les gens qui utilisent plusieurs nouveaux médias en même temps sont susceptibles de développer des problèmes cognitifs.
Les gens qui sont régulièrement bombardés par différents flux d’informations électroniques, courriels, Twitter, Facebook, téléphone, et bien d’autres encore, développent des problèmes d’attention, de contrôle de la mémoire, et ont tendance à changer plus fréquemment d’emploi que ceux qui prennent le temps de compléter un travail et d’effectuer une tâche à la fois.
Ces gens deviennent des « multitâches ». Si vous les observez, ils peuvent être en mesure de gérer plusieurs courriels, de « texter » sur leur téléphone portable, tout en regardant la télévision ou en visionnant une vidéo sur YouTube, ou en écrivant un message sur Twitter, et ce, en même temps. Souvenez-vous de Claude Forest et de son expérience lors d’une conférence.
Après avoir soumis plus de cent étudiants à une série de trois tests, les chercheurs ont réalisé que les « multitâches » paient un lourd tribut sur le plan cognitif : « Ils deviennent des champions de la non pertinence et tout les distrait », affirme le professeur Clifford Nass, l’un des coauteurs de l’étude parue en août 2009 dans la 24e édition des Proceedings of the National Academy of Sciences.
Les chercheurs en sociologie ont depuis longtemps démontré qu’il est impossible de traiter adéquatement plus qu’une chaîne d’informations à la fois, pour la simple raison que le cerveau ne peut le faire. En fait, les gens qui sont « multitâches » pensent qu’ils ont un contrôle total sur leur processus cognitif, leur mémoire et sur le tri des informations qui arrivent de toutes parts.
Les collègues de Clifford Nass, Yyal Ophir et Anthony Wagner ont en vain cherché à comprendre quel pourrait être l’avantage sur le plan cognitif d’être multitâche. « Nous avons tenté d’identifier là où ils étaient le plus performant, et nous n’avons rien trouvé » affirme le docteur Ophir chercheur au Stanford’s Communication Between Humans and Interactive Media Lab.
Lors de l’étude, les scientifiques ont divisé les gens en deux groupes : ceux qui font régulièrement du multitâche, et ceux qui n’en font pas. Lors de l’une des expériences, on a montré aux deux groupes un jeu de deux rectangles rouges, ou bien deux, quatre ou six rectangles bleus. Chaque jeu de rectangles était présenté rapidement à deux reprises, et les participants devaient déterminer lequel des deux rectangles rouges avait été déplacé dans la seconde séquence par rapport à la première. De plus, on avait donné aux deux groupes la consigne d’ignorer les rectangles bleus.
Lors de ce test, les multitâches ont lamentablement échoué, car ils étaient constamment distraits par les rectangles bleus, alors que les non multitâches ont très bien réussi.
Parce que les multitâches ont démontré qu’ils ne pouvaient ignorer les détails, les chercheurs ont pensé qu’ils possédaient un meilleur sens de l’organisation et une meilleure mémoire. Le second test démontra que cette hypothèse était fausse. Après leur avoir montré des séquences de lettres, les multitâches ont échoué une fois de plus à identifier les lettres qui revenaient le plus souvent.
« Les non multitâches ont très bien réussi, alors que les résultats des multitâches empiraient, car ceux-ci retenaient plus de lettres et avaient de la difficulté à les trier » mentionne le docteur Ophir.
Après le deuxième test, les chercheurs ont émis une autre hypothèse : si les multitâches ne peuvent filtrer l’information pertinente, l’organiser et la structurer dans leur mémoire, c’est peut-être parce qu’ils excellent à passer plus rapidement et efficacement d’une tâche à l’autre que les gens qui sont non multitâches.
Le troisième test a battu en brèche cette hypothèse. On présenta simultanément des lettres et des nombres tout en leur donnant la consigne de porter l’attention sur un aspect spécifique. Dans un premier temps, ils devaient déterminer si les nombres étaient pairs ou impairs. Dans un deuxième temps, ils devaient dire si les lettres étaient des voyelles ou des consonnes. Une fois de plus, les multitâches ont échoué à ce test.
« Les multitâches sont toujours en train de fuir l’information qui devrait normalement retenir leur attention. Ils ne peuvent faire la séparation des choses dans leur esprit » mentionne le docteur Ophir.
Les chercheurs poursuivent leur étude afin de déterminer si les multitâches chroniques sont nés avec une incapacité à se concentrer, ou bien s’il s’agit de la résultante de l’utilisation prolongée des nouveaux médias qui les amène à faire plusieurs choses en même temps.
« Quand ils sont dans des situations où leur sont présentées différentes sources d’informations en provenance du monde extérieur, ou qui émergent de leur mémoire, ils sont incapables de filtrer ce qui est non pertinent. Cette incapacité à filtrer l’information signifie qu’ils sont surchargés d’informations non pertinentes » conclut Anthony Wagner.
Il semblerait donc, selon cette étude, qu’en faisant moins de choses en même temps, on puisse accomplir plus de choses. Par contre, il faut admettre que tous les gadgets électroniques et nouveaux médias auxquels nous pouvons avoir accès incitent fortement à devenir multitâches. Avez-vous assisté dernièrement à un séminaire ou une conférence ? Les gens ont avec eux leur ordinateur portable, leur iPhone ou leur Blackberry. Ils écoutent le conférencier, prennent des notes sur leur ordinateur tout en ayant le courrier électronique, Twitter et Facebook ouverts. Parlez-en à mon ami Claude Forest !
Le comportement du multitâche est tout à faite en accord avec la Théorie des tendances et l’egocasting. Étant donné que, comme jamais auparavant, nous nous sommes collectivement dotés d’outils de communication et de production de contenus alliant performance, maîtrise, et vitesse, nous avons pensé que notre cerveau était en mesure de réaliser les mêmes exploits. Malheureusement, notre cerveau s’ingénie à nous tromper allègrement. Pour en savoir plus sur ces errances que commet notre cerveau, consultez ici l’annexe de mon livre intitulé «Théorie des tendances – Savoir les décrypter pour en tirer profit».
Compléments de lecture
Twitter, la bête noire des conférenciers
© Pierre Fraser, 2010
Je serais curieuse de savoir si les vrais multitaskeur sont capable d’être heureux dans un emploi routinier?
Perso, je suis tellement habituée de zapper d’une information à une autre que j’ai énormément de difficulté à occuper le même emploi plusieurs années de suite…
Commentaire par luniversitaire | 4 février 2010 |
Permettez moi d’être perplexe vis à vis de votre article…. même si sur certains aspects il y a certainement des réalités je rejoindrai plutôt
« Bonjour Pierre,
Très bon billet, très pertinent. J’ajouterais la précision que le terme ‘multi-tâche’ est, selon moi, mal utilisé. On devrait parler de ‘task switching’ ou ‘alternance de tâches’ dans le cas d’un humain car, comme le démontre les études que tu cite, le cerveau humain ne peut traiter plus d’une chose à la fois. L’alternance de tâches rapide peu donner l’illusion du ‘multi-tâche’ (exactement comme pour un ordinateur moderne, aucun ne fait du ‘multi-tâche’, ils font du ‘task switching’ extrêmement rapidement). L’avantage qu’ont les ordinateurs sur le cerveau humain est qu’ils sont conçus pour cela et le font de façon très efficace. »
>>> Je pense être multi-casquettes et aujourd’hui j’exerce plusieurs métiers. L’alternance des « multi-tâches » n’entrave en rien mes performances. en revanche il est vrai que je pourrais difficilement faire plusieurs choses en même temps. Plus le thème exige de la concentration, plus les médias et troubles extérieurs sont éteints. En revanche avant même qu’internet existe, je faisais mes exercices de classes devant des dessins animés.. et ça ne m’a pas pour autant empêcher d’avoir de bons résultats scolaires
Commentaire par Neirie | 4 février 2010 |
Bonjour,
Cet article m’interpelle.
Au travail, j’ai une tâche principale à effectuer.
Néanmoins, je suis sans arrêt sollicité par des informations extérieurs et surtout par tout un tas de petites tâches qui viennent s’accumuler tout au long de la journée.
Je me retrouve finalement à la fin de la journée avec ma tâche principale à peine entamé.
Comment faire ?
Travaillant dans un openspace, ma solution a été de mettre un casque avec de la musique.
Mais finalement, écouter de la musique en rédigeant un mail, est-ce déjà faire du multi-tâche
Commentaire par fm | 4 février 2010 |
Il y a une différence fondamentale entre multitâche, c’est-à-dire qui saute constamment d’une tâche à l’autre sans jamais se concentrer sur une tâche principale, et celui qui accomplit une tâche principale sur laquelle il est concentré, tout en ayant quelques tâches sous-jacentes.
Commentaire par Pierre Fraser | 4 février 2010
Bonjour,
J’ai une question. Les participants étaient évalué pour des troubles psychiatriques. A-t-on notamment exclu le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité TDAH ?
Puisque beaucoup de TDAH sont multitaches et qu’objectivement ils ont des déficits cognitifs.
Commentaire par sylvie | 4 février 2010 |
Bonjour Sylvie,
je consulte un collègue qui est psychiatre, et je vous reviens avec un réponse d’ici quelques jours !
Commentaire par Pierre Fraser | 4 février 2010
2 televiseurs (+ de 200 chaines),3 ecrans d’ordinateurs dont un sur le net,au moins une radio, une table de mixage pour les sons de tous les ecrans , multitache et ça marche: encore hier soir (au milieu de tous ces flux) mon attention est attirée par la radio BBC worldservice (en sourdine pourtant)qui diffuse du rock indien (c’est mon job les nouvelles « musiques du monde »),il y a tres longtemps que je « travaille » sur ce mode… C’est grave? (a part les rayonnements des ecrans,mais j’ai passé les 50 ans)
Commentaire par Y.T. | 3 février 2010 |
J’aime!
Commentaire par Marciano | 3 février 2010
[...] resultaten van het onderzoek werden gepubliceerd in het vakblad Proceedings of the National Academy of Sciences. De onderzoekers onderzochten over welke ongewone cognitieve eigenschappen multitaskers beschikten [...]
Ping par Multitasken leidt tot irrelevantie « Is het nu generatie X, Y of Einstein? | 3 février 2010 |
Vu le type de tests auxquels ont été exposés les sujets, on peut se demander si l’exercice était pertinent pour l’appréhension de la complexité. Une analyse épistoménologique de cette recherche expérimentale me semble indispensable pour évaluer la pertinence de cette étude notamment en ce qui est de la définition de la performance.
Commentaire par Olivier MONTULET | 3 février 2010 |
D’accord avec vous, la complexité des tâches demandées ne permet nullement de determiner si à des niveaux de complexité elevés la gestion multi-tâches se révèle être un avantage ou non…
Commentaire par Marciano | 3 février 2010
Que pense l’auteur de l’article des pianistes ? Il s’agit bel et bien de se concentrer à la fois sur la mélodie à la main droite et sur l’accompagnement à la main gauche (dans le cas le plus simple). On ne peut pas dire pour autant que cela soit +/- efficace ou +/- beau que ce que feraient d’autres catégories de musiciens.
Commentaire par Carine | 2 février 2010 |
Pour les pianistes, et dire que c’est du « multitâche » à comparer à d’autres instrumentistes : à mon avis on sort du débat.
Jouer d’un instrument, quel qu’il soit, relève de la maîtrise d’une technique;
tout comme jouer de la Playstation, ou clavarder (même avec deux doigts ou plus selon habileté:-))ou tout autre exemple selon convenance.
L’exemple cité par Pierre Fraser un peu plus bas (conduite d’une voiture) rentre dans ce même cas de figure : il s’agit de se concentrer sur une tâche principale, avec des « sous-tâches »
- tâche principale : regarder la route, les autres conducteurs, coordonner pieds et mains,ne pas secouer ses passagers, etc etc
- déchiffrer la partition ou s’en souvenir, coordonner mains et pieds, et puis apporter un peu d’âme à l’interprétation…
Commentaire par christine laverne | 2 février 2010
message précédent envoyé trop vite par l’appui d’une mauvaise touche
(non, le multitâche n’est pas en cause, mais mon chat très intéressé par le clavier)
il faut comprendre et lire :
- tâche principale : arriver à bon port, donc regarder la route, etc etc
- tâche principale : jouer un morceau, donc déchiffrer, etc etc
avec mes excuses pour le message en deux morceaux!
Commentaire par christine laverne | 2 février 2010
Ah, ça me rassure! Comme j’aime aller au fond des choses, mes essais de l’activité multi-tâche (quasiment dans le même l’instant) n’ont toujours fait que me ramener à la superficialité et l’incoordination. Par contre une recherche faite en menant plusieurs fronts parallèles mais en les suivant les uns après les autres au fil des enchainements libres du cerveau, cela peut être très efficace. Mais ce n’ai plus du multi-tasking au sens informatique (quasiment dans le même instant).
Commentaire par Stix | 2 février 2010 |
Je ne suis pas trop d’accord avec les résultats de l’article. Je suis multitâche, et mon fils aussi. Tous les deux avec un QI qui nous classe dans la catégorie des ‘intellectuellement précoces’, ou ‘génies’ suivant que vous vouliez connoter ou non.
Il est vrai que la capacité que nous avons de nous saisir d’un problème de façon holistique et d’entrevoir la solution rapidement ne nous entrâine pas a developper et mettre en pratique ladite solution. En clair si conceptuellement nous visons juste, nous avons une certaine réticence a entreprendre les différentes étapes amenant au résultat escompté. Et si d’aventure un autre problème se pose, nous ‘zappons’ au suivant sans prendre la peine de finaliser la démarche du premier.
Ceci est le vrai problème des multitâches, cette incapacité à concrétiser une solution. Et quand ls solution est par trop évidente, le problème n’a que peu d’importance. Dans une succession de questions de plus en plus complexes, nous cherchons à dégager le sens ultime de la dernière question. Aussi bien, la succession de tâches necéssaires pour arriver a la conclusion n’est qu’une serie d’étapes de peu d’importance…..
Et s’il n’y a pas de finalité visible à la serie de problèmes, alors nous nous en desinterressons.
Je ne dis pas que c’est mieux, au contraire cela requiert un plus grand travail, une plus grande nécéssité de concentration pour dégager un résultat. Mais quand l’esprit a été formé correctement, alors les résultats sont probants.
Les plus grands esprits sont ceux qui sont capables d’entrevoir une solution globale, ainsi que les différentes étapes qui y conduisent. La vision d’ensemble seule permet la direction.
Enfin, nous avons une propension naturelle à être multitâches, que nous avons oubliée. Préparer un diner en surveillant le petit dernier du coin de l’oeil, et en manageant les jeux du plus grand sont des choses que nous faisons au quotidien, aussi bien que lire en marchant…..
Commentaire par Marciano | 2 février 2010 |
Vous confondez le multitasking avec le foisonnement intellectuel. Je suis cependant d’accord avec vous que ce dernier représente un réel problème, puisque la tentation est grande de rester dans la joie qu’il y a à maîtriser des problèmes complexes, sans jamais aller plus loin.
C’est dommage, car donner corps à un concept, cela veut dire le mettre à l’épreuve du réel, ce qui est toujours très riche d’enseignement et de nouvelles idées.
Par ailleurs, je trouve déplacé le jugement de valeur que vous faites sur des capacités supposées nobles (vision globale, entrevoir une solution rapidement) par rapport à d’autres compétences intellectuelles.
Commentaire par Carine | 2 février 2010
Non Marciano, l’étude est formelle ! Si vous voulez être efficace il faut laisser crever le petit pendant que vous préparez le dîner, c’est scien-ti-fique, on vous le dit. Vous êtes un gros nul qui savez pas faire la cuisine, voilà c’est tout.
Si on réfléchit deux secondes d’ailleurs le plus efficace n’est-il pas directement de faire cuire le gamin ? De toutes façons il va mourir un jour, tentons le pragmatisme.
Commentaire par ropib | 2 février 2010
@ Carine:
Copie de mon post: ‘Je ne dis pas que c’est mieux, au contraire’….
Autrement dit je ne porte pas de jugement de valeur sur telle ou telle capacité intellectuelle, au contraire je defend l’idée que chacun vaut pour ce qu’il est et que chacun peut apporter sa pierre a tout édifice intellectuel.
LIsez mieux la prochaine fois.
Enfin je ne confond pas le multitasking avec le foisonnement intellectuel, je parle bien à chaque fois de ’succession de problèmes’, autrement dit de tâches… Hors le multitasking n’est jamais que la capacité plus ou moins grande de traiter plusieurs tâches en parallele, ou de forme sequentielle rapide en sautant d’une tâche à l’autre pour maximiser l’efficacité globale.
Et je parle pas d’informatique, mais bien de cerveau humain., je ne vous ferais pas l’affront de vous comparer à une machine
Commentaire par Marciano | 2 février 2010
Le dispositif semble mesurer l’efficacité dans une tâche unique et non l’efficacité en général. L’avantage des machines c’est qu’elles sont destinées à une tâche définie, jusqu’à preuve du contraire les tâches servent l’homme et pas l’inverse. Je doute donc de l’efficacité d’une telle étude.
Commentaire par ropib | 2 février 2010 |
les non multitâches respectent le principe d’économie cognitive : 1. entre deux processus l’un plus complexe que l’autre, on a tendance à choisir celui qui mobilise le moins de « charge cognitive » pour un résultat similaire ; 2. quand plusieurs processus sont en cours, peu à peu va dominer le processus le moins « coûteux » cognitivement. Cela peut expliquer en conséquence que les multitâches soit retiennent l’information la plus « facile » soit subissent des perturbations d’un flux à l’autre.
Commentaire par VIGNAUX | 30 janvier 2010 |
J’aime beaucoup le commentaire de VIGNAUX. Ça explique bien le multi-tâche.
Très pertinent!
Commentaire par luniversitaire | 30 janvier 2010
Bonjour Pierre,
Très bon billet, très pertinent. J’ajouterais la précision que le terme ‘multi-tâche’ est, selon moi, mal utilisé. On devrait parler de ‘task switching’ ou ‘alternance de tâches’ dans le cas d’un humain car, comme le démontre les études que tu cite, le cerveau humain ne peut traiter plus d’une chose à la fois. L’alternance de tâches rapide peu donner l’illusion du ‘multi-tâche’ (exactement comme pour un ordinateur moderne, aucun ne fait du ‘multi-tâche’, ils font du ‘task switching’ extrêmement rapidement). L’avantage qu’ont les ordinateurs sur le cerveau humain est qu’ils sont conçus pour cela et le font de façon très efficace. À l’évidence, selon les commentaires, essayer de faire fonctionner le cerveau humain de cette façon a des conséquences non négligeables et pas nécessairement positives. Il vaudrait mieux se concentrer sur les tâches en ordre de priorité et y consacrer toute son attention et réserver des plages de temps pour les activités d’interaction avec le ‘flux’. C’est ce que je fais car je me suis vite rendu compte que j’étais très peu productif en essayant de suivre par exemple les ‘tweets’ en temps réel.
Merci Pierre.
Commentaire par Richard Messier | 30 janvier 2010 |
Effectivement, nous devenons de plus en plus multitâche mais il faut demeurer vigilant. la vitesse à laquelle les nombreuses informations nous arrivent de partout font qu’on en prend souvent connaissance en surface seulement. Il faut éviter de prendre nos décisions de cette façon! Il faut savoir s’arrêter, admettre qu’on ne va pas tout attarper ce qui vient à nous, et prendre le temps de bien saisir et assimiler les informations qui sont importantes à notre prise de décision. Je crois qu’on a de la chance d’avoir accès à autant de sources d’informations et de moyens de communication, mais qu’il faut encore savoir s’arrêter de temps en temps!
Commentaire par Sonia Sanfaçon | 29 janvier 2010 |
C’est très paradoxal.
Être multitâche : comme dit la chanson « pour aller plus haut »… Être partout à la fois, gagner du temps en faisant plusieurs choses, capter le plus d’informations possibles, être au cœur de différentes sphères d’activités, egocasting renforcé???
Et puis augmentation du sentiment d’insécurité : qu’est-ce que je suis en train de louper? Qu’est-ce qui me passe à côté sans que je le vois? Il m’en faut plus, encore plus, toujours plus!
Le « plus » ressemble davantage à des morceaux de « plus » : ensuite, comme dans un PC, il faut réussir à défragmenter!
Malheureusement il y a des choix à faire entre concentration et survol, le cerveau ayant des capacités limitées de traitement des informations. Saturation des réseaux, un tri inconscient se fait.
Qu’est-ce qui est préférable : savoir (ou faire) de tout un peu, moins se disperser mais aller plus au cœur des choses?
Tout dépend des activités en cours…
– si je fais un exposé et que je vois quelqu’un finir son sandwich, téléphoner, consulter les cours de la bourse ou jouer au solitaire sur son ordinateur tout en papotant avec son voisin du prix du fuel, je peux parier qu’il aura une mauvaise note! (éliminons d’emblée le cas de figure où il copiera sur son voisin qui aura été plus attentif)Et ce sera mérité car non seulement ses réponses seront certainement en dessous du niveau escompté, mais son incorrection n’incitera pas à l’indulgence
– si je suis chez moi à écouter de la musique en regardant mes mails tout en réfléchissant à un truc à rédiger, ma foi… c’est chose courante et les résultats ne sont pas toujours mauvais.
C’est vrai, tout incite à faire plus de choses à la fois, les tentations augmentent de façon exponentielle ou presque!
Il serait effectivement intéressant de savoir s’il y a prédisposition « naturelle » au départ, mais il en ressort que le fonctionnement répété en mode multitâche renforce l’incapacité à focaliser son attention sur un sujet précis.
Tous les gadgets électroniques et nouveaux médias ne sont finalement que des outils supplémentaires, à utiliser.. ou pas en fonction des besoins ou des impératifs du moment.
Après tout : tout est proposé, rien n’est imposé?
Commentaire par christine laverne | 29 janvier 2010 |
J’abonde dans le même sens qu’Ève-Catherine. Depuis que j’utilise msn, Facebook, Twitter et autre j’ai beaucoup plus de difficulté à ne faire qu’une chose à la fois. Écouter un film devient presque une torture si je n’ai pas autre chose à faire en même temps. De plus, je cherche continuellement mes mots. Tellement que j’en perds le fil de la phrase que j’étais en train de dire…
J’ai peine à me remémorer des choses importantes, mais pour les choses futiles je n’ai aucun problème.
Et je n’ai que 28 ans. Ce sera quoi quand j’en aurai 35, 40 ou 60 ans???
Y’a un docteur dans la salle?
Commentaire par luniversitaire | 28 janvier 2010 |
Autrement dit, Cathy, tu es systématiquement devenue une multitâche. Tu vis un peu comme dans une vacuité existentielle si tu n’es pas reliée et en contact avec le Flux numérique et tes réseaux sociaux par technologies interposées. Est-ce que je me trompe ?
Commentaire par Pierre Fraser | 29 janvier 2010
Et qui a dit que c’était inefficace tout ça ? Si ça se trouve nous ne serons plus capables de survivre après 50 ans à cause du bombardement incessant d’ondes diverses, mais qui dit que c’est inefficace, par rapport à quel objectif universel et indiscutable ?
Mais soyons sérieux 2 minutes: vous avez 28 ans. Le cadre professionnel nécessairement abêtissant, la perte de facultés physiologiques qui commence, la continuité dans une hygiène de vie discutable alors qu’on a une puissance de consommation plus grande, le matérialisme induit par la prise en charge du quotidien, la vacuité de certaines considérations métaphysiques, le dépassement de l’instruction reçue et le début d’un long chemin vers plus de connaissance de soi (il semblerait que vous n’aimiez pas la prise de tête que vous vous étiez programmée)… vous expérimentez la vie et ça n’a rien à voir avec Facebook ou Twitter.
Commentaire par ropib | 2 février 2010
Très pertinents et intéressant et j’ai bien peur d’être devenu multi-tâche à force de générer et recevoir bcp d’information à la fois .J’ai remarquer qu’avant j’avais bcp moin de misère à me concentrer quand je lisais un bouquin , maintenant j’ai bcp plus de misère à maintenir ma concentration . Il est certain que les nouvelles thecnologies change notre cerveau , parfois pour le meilleure et parfois pour le pire , l’humain s’adapte …
Commentaire par Eve-Catherine | 28 janvier 2010 |
Bonjour Carine,
le multitasking dont il est question dans mon article ne fait pas référence à la vision globale et au fait d’entrevoir une solution rapidement, bien au contraire. Ce dont je traite, c’est de la capacité à faire plusieurs choses par technologies interposées sans jamais vraiment se concentrer efficacement sur une tâche en particulier.
Lorsque vous conduisez une voiture vous êtes effectivement en mode multitâches, mais certaines tâches sont en «background», tandis que dans mon exemple, on saute d’une tâche à l’autre sans ce concentrer sur une tâche principale. Conduire une voiture requiert une tâche principale: l’attention sur la route. Mettez de côté cette tâche et le résultat sera assez percutant !
Commentaire par Pierre Fraser | 2 février 2010 |
J’ai un soucis avec votre approche: j’y reconnaîs une critique à l’égard des jeunes et de la façon dont il apréhendent le monde: Perte de la capacité de concentration, d’effort, saut d’une activité à l’autre sans fil conducteur, incapacité à s’automotiver…..
Hors je suis multitâches, je travaille avec deux écrans, et en même temps que je poste ici, je suis plusieurs conversations sur messenger. Et je n’ai pas l’impression de ne pas me concentrer sur ce que je fais. En vérité si je tapais plus vite je serais plus efficace….et pourrais avoir encore plus de taches à gerer en même temps….
Mon fils lui, arrive sans soucis à se concentrer sur plusieurs médias en même temps.. à 10 ans…
Ce qui est vrai, et ce en quoi je vous rejoins sans doute: il faut une tâche principale, un fil directeur, une vision finale du projet, pour que le tout prenne corps.
Et en cela les jeunes en general sont en déficit. Mais si on leur instille cette éducation, que l’on ne se bloque pas sur les nouveaus moyens de la production intellectuelle (nous en restons encore trop souvent au livre traditionel… hors eux, vivent dans un monde où le livre n’a pas la même valeur intellectuelle, parcequ’ils disposent d’autres médias…), alors nous pouvons apprecier que leur forme d’intelligence bien que différente de la notre, avec une préhension du monde et des concepts différents des notre, bien que nous paraissant futile et sans profondeur, recèle des trésors d’ingeniosité et d’intelligence…
Commentaire par Marciano | 2 février 2010 |