Présentation de l'éditeur
Les retraites en France subissent, comme
dans la plupart des pays européens, une profonde modification depuis la fin des
années 1980. Des voix se sont élevées devant cette " réforme ", qui constitue
une régression sociale d'une ampleur encore sous-estimée, mais elles ont eu peu
d'écho, car cette réforme ne se laisse pas identifier facilement comme telle. Le
livre de Nicolas Castel, chercheur à l'IDHE-Université Paris-Ouest et à
l'Institut européen du salariat, cherche à comprendre pourquoi les grandes
confédérations syndicales, qui sont des acteurs de premier plan de la protection
social en retranchées derrière l'idée de la retraite comme revenu différé, ont
été dans l'incapacité de défendre le système de retraite. La réforme a en partie
échoué, du fait du peu de succès des produits en capitalisation, mais elle est
en passe de réussir son objectif premier : transformer la répartition. En
mettant cette dernière au service de la prévoyance et de l'assistance, elle
rabat la figure du retraité sur l'image de l'inactif pesant sur les actifs. En
déplaçant l'enjeu du débat, ce livre montre comment la conception de la retraite
comme salaire continué peut bouleverser notre rapport au temps et au travail. En
engageant l'ensemble des rapports sociaux de classe, de sexe et jusqu'au sein
même de la famille, cette autre vision de la retraite peut contribuer à une
salutaire réévaluation sociale et politique du salariat.