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Oui, il existe une solution au problème de la dette française

Par Christine Kerdellant, publié le 21/09/2011 à 19:11

Et si on mettait en place des bons du Trésor perpétuels détenus par des Français?

Pourquoi les Japonais, bien plus endettés que les Grecs, et dépossédés de leur triple A depuis longtemps, ne sont-ils pas la cible des marchés financiers ? Ce traitement de faveur n'est pas dû à leur économie florissante : le Japon est en crise depuis vingt ans, il l'était bien avant l'Europe. Mais les spéculateurs ne s'intéressent pas seulement à la dette en valeur absolue ni même, référence habituelle, au rapport entre la dette du pays et son PIB, c'est-à-dire entre la somme qu'il doit rembourser et la richesse qu'il produit annuellement. Ils jugent aussi son taux de croissance, sa volonté politique d'équilibre budgétaire (garante de non-endettement futur) et surtout la nature de ses créanciers. Car, on le sait, mieux vaut devoir de l'argent à sa grand-mère qu'à un banquier ou à un parrain de la mafia ! Et là, l'évidence éclate : les Japonais, ces épargnants-nés, détiennent 94,4 % de la dette de leur pays, contre 29 % pour les Grecs et 33 % pour les Français... 

Pourtant, les Français sont aussi des épargnants modèles. Notre patrimoine financier culmine à 3400 milliards d'euros, dont 1350 pour la seule assurance-vie! Et la dette publique ne représente "que" 1660 milliards d'euros. Mais nous n'exploitons pas cette chance. Jean-Michel Quatrepoint, ancien patron de La Tribune, économiste et auteur de Mourir pour le yuan? (éd. François Bourin), défend l'idée des vases communicants : la dette française doit être souscrite par les Français, et non par ces investisseurs internationaux qui, au final, nous "tiennent". Concrètement, le Trésor émettrait des bons perpétuels à 4,5 %. Ainsi, il resterait à l'épargnant 3 % après impôt et CSG (1,5 % qui reviendraient dans les caisses de l'Etat, lequel ne débourserait donc que 3 %). Ces obligations assimilables du Trésor (OAT) perpétuelles remplaceraient peu à peu les tranches d'emprunt qui arrivent à échéance.  

Cela n'aurait rien de révolutionnaire. A l'époque de Pinay ou de Barre, les emprunts étaient souscrits par les Français. Mais, aujourd'hui, ni vous ni moi n'achetons en direct des OAT. Les banques se les gardent... ou les revendent dans des Sicav. Et si l'on demande à nos politiques pourquoi ils refusent d'envisager cette solution, ils répondent que cela coûterait plus cher à l'Etat. Aux taux actuels, rien n'est moins sûr, du moins si l'on ne verse pas de commissions de distribution aux banques (qui nous doivent bien ça...). Nos gouvernants chercheraient-ils à protéger ces banquiers à qui nous devons notre présente infortune ? On finira vraiment par croire que le système a été conçu pour faire la fortune de la sphère financière au détriment des Etats et des épargnants.