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Le 20 septembre 2011

Politique Louise Culot




BERLIN PREND LE PARTI DES PIRATES



Le Parti Pirate plante son drapeau au Parlement de Berlin – Piraten Partei en allemand dans le texte. Le mouvement politique comptera 15 re-

présentants parmi les 149 membres de la Chambre des députés de la ville. Dimanche, ces partisans de la liberté de l’information et de la neutralité d’Internet ont récolté 9% des voix aux élections régionales de la capitale allemande. C’est la première fois qu’un tel mouvement citoyen intègre un parlement de la fédération.




Le jeune parti, né il y a cinq ans, défraie la chronique. Toute la presse allemande en parle, sans exception. Tantôt avec ironie, questionnant sa capacité à prendre part à des activités plénières. Tantôt avec admiration, évoquant un mouvement qui bouscule nombre d’idées reçues.

Sa victoire n’est pas si étonnante vue de Berlin. Son programme est fondé sur des idéaux de libertés, de par-tage des connaissances et de démocratie participative chers à une partie importante de l’électorat local. Pour une ville peuplée de jeunes créatifs cosmopolites, dont une kyrielle d’artistes digitaux, graphistes et vidéastes

en tous genres, ces idées ont rencontré les attentes d’une génération.

Le Piraten Partei allemand est créé en 2006, dans la foulée de son homologue suédois, le Piratpartiet, premier du genre. Il est membre de la ligue internationale des Pirates Parties créée à la même période. Depuis 2006, des émanations de ce mouvement naissent à peu près partout en Europe – 33 jusqu’à maintenant, dont un en France.




En Suède, le Parti Pirate est devenu un parti de masse, troisième parti national en nombres d’affiliés. Les Scan-dinaves lui offrent une entrée à Bruxelles et à Strasbourg aux élections européennes de 2009. Au sein du Parlement de l’UE, il fait cause commune avec les Verts/Alliance libre européenne.

Dans ses exercices d’autopromotion, le Parti Pirate ne se réclame ni de gauche ni de droite, affirmant dépasser les clivages politiques traditionnels. Son programme : favoriser la libre circulation des connaissances en assurant l’indépendance des réseaux électroniques. Entre autres, ils souhaitent réformer les droits de la propriété intellectuelle et défendre à tout prix la protection de la vie privée. Last but not least, ils veulent en finir avec la corruption des élites, au pouvoir depuis trop longtemps selon eux.

Dans leur marketing politique, ils réclament donc plus de transparence et plus de démocratie directe. Comme le montre le programme du Piratenpartei pour ces élections tenues à Berlin. Mais aussi le droit à l’éducation, à l’information et aux savoirs.

Au nom de la dignité humaine, de l’intégration sociale et de la liberté d’entreprise, les Pirates Berlinois chérissent l’idée d’une allocation universelle. Leur programme pose le droit à l’éducation gratuite comme une condition sine qua non à l’accomplissement d’une société libre. L’accès aux savoirs devrait être garanti à tous, notamment en préservant l’indépendance des universités. Pour eux, les licences et les brevets, surtout dans le domaine de la santé, doivent impérativement être abolis.




Selon une enquête de l’institut Forschungsgruppe Wahlen, seul 1 électeur sur 10 aurait voté Pirate en raison des propositions du parti. Les autres auraient plutôt marqué un geste de protestation contre les autres mouvements.

Le profil de ses électeurs : “des gens jeunes et éduqués, tout ce dont les autres partis rêvent et n’ont pas, écrit le Spiegel. Mais, poursuit l’hebdomadaire allemand, ils n’ont sans doute pas la moindre idée d’en quoi consiste le travail parlementaire”.



Andreas Baum, le jeune trentenaire leader des Pirates, reconnaît que ses acolytes manquent d’expérience mais ils sont disposés à apprendre très vite” et une chose est sûre : ils feront parler d’eux”.

Le Parti Pirate envoie donc 14 hommes et une femme à la Chambre des députés. Heureusement qu’il n’a pas gagné plus de voix, car il ne disposait pas davantage de candidats sur sa liste. Parmi les 15, la moitié n’est pas âgée de plus de trente ans. Ils ont le look plutôt nerd. Ils travaillent comme développeurs web, ingénieur physicien, électronicien ou étudiant. La seule femme : une candidate au bac de 19 ans.

Pour caricaturer, c’est une bande d’antihéros qui a remporté les voix des jeunes Berlinois branchés. Et, avec lesquels, désormais, le maire SPD Klaus Wowereit devra composer.

Crédits photo CC FlickR gedankenstuecke