La RdR - La Revue des Ressources
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Un ultimatum : réduisons-nous avant 2100 !
lundi, 31 octobre 2011
/ Michel Tarrier / Naturaliste français né à Paris en 1947, Michel R. Tarrier construit très tôt sa vie autour de sa passion pour la nature. Après s’être initié à l’étude des insectes dès son plus jeune âge dans la région francilienne, conseillé alors par le biologiste Jean Rostand, c’est dans les Alpes du Sud qu’il découvre dès 1965 ses premiers insectes nouveaux pour la science, qu’il commence à publier dans les revues savantes et qu’il devient l’entomologiste atypique et free lance bien connu des milieux initiés. Ses premiers travaux fondés sur la taxinomie évolutive font débat. Il se consacre d’abord à l’étude des coléoptères Carabidae et fut nommé alors « Monsieur Carabes des années 1970 ». Il s’installe en Andalousie en 1985 et se tourne, en homme de terrain invétéré, vers l’étude des papillons. Il passe alors toute l’Espagne au peigne-fin de sa science entomologique. C’est le début des grandes agressions anthropiques à l’égard de la nature et Tarrier s’emploie à utiliser le caractère bio-indicateur de ses papillons pour une veille soucieuse et une défense qu’il voudrait sans faille des habitats, de plus en plus malmenés par la pression anthropique. Écologue autodidacte devenu écologiste par la force des choses, il commence un véritable combat et entre dans l’écologisme actif. Il prospecte alors le Maroc, durant plus de quinze ans, parcourt plus d’un million de kilomètres de routes et de pistes du Rif au Sahara, dresse une cartographie entomologique ainsi qu’une banque de données très conséquente et documentée des écosystèmes de ce pays. Il tente par le biais des médias de participer à l’écologisation du Maroc qui, démographie et développement aidant, atteste un grave déclin de son riche biopatrimoine. Il donne notamment de la voix pour la sauvegarde de la forêt de cèdres et contre le surpâturage. Persuadé que l’homme moderne va à sa perte en agressant outre-mesure la biosphère, Tarrier se fait essayiste, écrit, publie et communique beaucoup, notamment sur la toile. Ses premiers livres font polémiques parce que, écologiste radical dans l’esprit de Hans Jonas, Arne Naess et James Lovelock, il s’en prend aux monothéismes régnant et à l’anthropocentrisme insolent (selon lui) qu’il estime coupable du manque de respect à l’endroit des paysages et des autres espèces. Sa théorie est qu’en détruisant son milieu, l’humain pratique une politique de la terre brûlée qui va le conduire à un véritable autogénocide. Ses derniers livres, 2050, Sauve qui peut la Terre et Faire des enfants tue, sortent en 2007 et 2008, publiés par les Éditions du Temps. Le dernier, qui est un éloge à la dénatalité afin de soulager la planète d’une surpopulation que l’auteur évalue comme indésirable, fait scandale en raison de la violence de son ton pamphlétaire. Il n’en continue pas moins ses recherches entomologiques et publie aux Éditions Biotope, Les Papillons de jour du Maroc, un important ouvrage fortement illustré où la bio-indication recommandée est au premier plan. Tout dernièrement, il a fait paraître chez L’Harmattan, Nous, peuple dernier et Dictature verte. |
De toutes les actus qui nous sont parvenues en 2011, il y a fort à parier que la plus sensationnelle et oiseuse à la fois soit celle du cap des 7 milliards d’humains que nous venons de franchir glorieusement. La population mondiale était de 7.000.057.920 personnes le dimanche 30 octobre 2011 à 14 h 27 min et 47 s (heure du pôle nord). Il n’y a plus qu’à continuer comme si de rien n’était…
Certes, ce n’est pas rien puisque nous n’étions que 3 milliards en 1960, c’est-à-dire "hier".
Si l’évènement sonne creux c’est qu’il ne s’agit pas intrinsèquement
d’une question de chiffre mais de comportement. Les lanceurs d’alerte
les plus lucides arboraient une pareille inquiétude quand nous n’étions
que ces 3 milliards, tant les signes évidents d’une Terre nourricière
maltraitée plaidaient déjà pour notre trop plein. Quand on se tient mal,
on est toujours trop nombreux. Et comme nous n’avons rien changé à nos
habitudes, tout au contraire, il est certain que 7 milliards
représentent une inquiétante excroissance de la seule et unique espèce
invasive qui soit : l’animal humain. Aujourd’hui, une seconde
correspond à 5 naissances : une véritable overdose pour notre
planète. Décompte fait de la mortalité, les 402.000 naissances
quotidiennes induisent environ 232.000 habitants de plus chaque jour sur
la planète.
Pendant des milliers d’années, l’homme était une espèce rare dont l’effectif augmentait très lentement. De 65.000 à 5.000 ans avant J.-C., la population mondiale est estimée avoir varié entre 6 et 8 millions d’humains. Depuis l’an 1 de l’ère chrétienne, notre monde est passé de 250 millions à 7 milliards d’habitants. Passée de 100 millions à l’âge du bronze à 200 millions d’individus au Moyen Âge, c’est surtout à partir du XIXe siècle que la démographie montre une forte incidence, notamment induite par les progrès agraires, économiques et sanitaires (auparavant seuls 2 des 6 enfants mis au monde survivaient jusqu’à l’âge de la procréation). En augmentant de 4 milliards, la population planétaire a triplé depuis 1950. Entre 1900 et 2000, notre effectif est passé de 1,65 à 6,06 milliards, le six milliardième Être humain ayant vu le jour à Sarajevo le 12 octobre 1999. Le rythme de croissance de la population mondiale est actuellement de 74 millions d’individus chaque année, certaines expertises proposent même le chiffre de 1.000 millions de naissances par décennie. On s’accorde aujourd’hui à avancer les chiffres semi scientifiques de 80 à 106 milliards d’humains ayant peuplé la Terre au fil de nos 4000 générations.
En guise de rapide survol des populations record, on dénombre : plus de 1,3 milliard de Chinois (avec le bénéfice de la politique volontariste de l’enfant unique appliquée depuis 1979, d’ailleurs reconduite ces jours-ci), presque 1,2 milliards d’Indiens, 230 millions d’Indonésiens, quasiment 200 millions de Brésiliens…
Au niveau des continents, celui asiatique rassemble 4,2 milliards de personnes, suivi par le continent africain qui a doublé sa population depuis seulement 1980 et a franchi le milliard d’habitants en 2009 (l’Afrique subsaharienne, hormis l’Afrique du Sud, atteint un taux de fécondité record avec 7 enfants par femme, 45 % des Africains ont moins de 15 ans et l’Afrique pourrait approcher les 3 milliards d’habitants en 2100, soit presque un Terrien sur trois). L’Amérique latine (y compris les Caraïbes) réunit 594 millions d’habitants, l’Amérique septentrionale 354 millions, l’Europe 733 millions et l’Océanie 360 millions.
Les taux de fertilité les plus bas se rencontrent en Europe où la fécondité moyenne est tombée à 1,6 enfant par femme (2008). On est bien loin des « performances » du Baby Boom (1945-1965) où l’idéologie égoïste et anthropocentrique de la reproduction se voyait stimulée par l’après-guerre. On assiste ainsi à un effondrement des naissances dans les 27 pays de l’Union européenne, lesquelles naissances restent encore mais de justesse plus nombreuses que les décès (léger excèdent de 509.000 naissances en 2009), mais le chiffre pourrait être négatif dans les années à venir. Une certitude : sans le flux migratoire, la population européenne ne pourrait pas se maintenir. Presque toute l’Europe a ainsi pris inconsciemment le chemin de la dénatalité. Avec quelques pays nordiques, la France tente de maintenir le défi de l’idéologie procréatrice avec un indice qui de 2009 à 2010 passe « victorieusement » de 2 à 2,01, c’est du moins ainsi que les médias ont annoncé la performance ! Il ne faut pas grand-chose pour être fier : un boom nataliste de 0,01 enfant ! Pathétique triomphe pour l’Hexagone qui jusqu’en 1795 comptait la troisième population au monde derrière la Chine et l’Inde ! C’est l’Espagne (1,4), l’Allemagne (1,35) et un certain nombre de pays de l’Est qui attestent la fécondité la plus modérée et écologiquement la plus solidaire.
La fertilité des couples européens est partout jugée insuffisante pour assurer le simple remplacement des générations si 2,1 enfants/femme est choisi comme référence d’une croissance zéro. On peut distinguer en Europe deux groupes de pays. Les pays à fécondité faiblement déficitaire et ceux à fécondité fortement déficitaire. Dans le premier groupe se trouvent la Scandinavie (y compris la Finlande), les Îles britanniques (Irlande et Royaume-Uni) le Benelux et la France. Le groupe fortement déficitaire comprend l’Europe centrale (y compris l’Allemagne) et orientale, ainsi que tous les pays méditerranéens de l’UE. L’ensemble de ces pays devrait connaître un crash démographique à moyen terme d’ici 2040, sauf immigration massive.
Dans le reste du monde, le Japon affiche un taux de 1,4 et la Chine à peine davantage avec 1,7. Les États-Unis ont une fertilité de 2,1 enfants par femme, chiffre boosté par le grand nombre d’immigrés (quelque 675.000 visas sont accordés chaque année). L’indice de l’Inde et de l’Égypte est de 2,8, deux pays déjà littéralement minés par la surpopullulation. En Afrique, les taux sont fort dissemblables puisqu’ils vont de 2 enfants par femme dans les pays du Maghreb jusqu’à une fourchette de 7 à 8 en Ouganda, au Mali et au Niger, en passant par une majorité de pays africains où l’indice est de 4 à 6 enfants par femme.
La Chine et l’Inde abritent un tiers de la population mondiale et sont perçus comme les futurs leaders économiques de la planète à l’horizon 2050. En dépit de ses efforts de limitation populationnelle, la Chine supporte une incommensurable dégradation environnementale. La diminution accélérée du territoire forestier et la baisse de fertilité des sols y sont gravement avancées, pertes irréversibles auxquelles s’ajoutent la dangerosité des nouvelles formes de pollutions diverses. Le développement économique du pays le plus peuplé de la planète est donc concomitant à l’effondrement de ses valeurs écosystémiques et à l’érosion de ses ressources naturelles. Par ailleurs, si le dictat de l’enfant unique a tout de même permis d’éviter le pire en matière écologique, il en résulte de fâcheuses conséquences. D’abord sur le sex-ratio puisque, les traditions chinoises privilégiant le sexe masculin, il serait né 38 millions de garçons de plus que de fille depuis 1980 jusqu’à aujourd’hui. Ensuite sur le plan socio-économique puisque la Chine est devenue vieille avant de devenir riche. Il s’agit là d’un vrai et cruel paradoxe qui touchera tous les pays faisant preuve de dénatalité et que l’on peut résumer par une formule : faut-il pérenniser notre humanité sur une planète vivante ou sauver les caisses de retraite ? Les enfants que l’on fait pour subvenir aux vieux feront d’autant plus de vieux qui nécessiteront davantage d’enfants…
Les enfants nés actuellement dans le monde peuvent espérer vivre en moyenne 65 ans, ce qui représente une amélioration de 9 ans par rapport à la fin des années 1960. Mais la disparité est grande et représentative de la fracture Nord-Sud : si dans les pays développés la longévité moyenne peut atteindre 76 ans, elle ne dépasse pas 52 ans sur le continent Africain (guerres, épidémies dont le sida). C’est en Asie que l’espérance de vie a le plus augmentée, passant de 54 (1960) à 69 ans (2007). L’espérance de vie des femmes est partout supérieure, voire nettement supérieure à celle des hommes (84 ans pour les unes et 77 pour les autres en France en 2006).
En 1900, 90 % du 1,6 milliard de Terriens étaient des ruraux. Aujourd’hui, la moitié de la population mondiale vit dans des villes ou des mégapoles et cette concentration urbaine sera de plus de 60 % dès 2030, avec 3 milliards de nouveaux citadins dans les 30 ans à venir. Si New York était la plus grande métropole en 1950, avec 12 millions d’habitants, la relève sera assurée par Tokyo en 2015, avec 36 millions. L’essentiel de l’humanité se verra donc parqué dans des mégalopoles asphyxiantes.
Derrière tous ces chiffres se cache un grave problème : celui du contraste social entre pays riches et pays pauvres. 1,4 milliards de gens survivent avec moins d’un dollar par jour, 900 millions sont sous-alimentés.
« La Terre peut nourrir 30
milliards d’individus s’ils devaient vivre comme les habitants du
Bangladesh, et seulement 700 millions s’ils devaient tous vivre comme
des Européens. » Le Quid 2001
« Une étude des Nations unies (en 1970 !) pose
la question suivante : Étant donné la capacité agricole et
industrielle mondiale, le développement technologique et l’exploitation
des ressources, combien de personnes pourrait-on faire vivre sur Terre
avec le niveau de vie actuel de l’Américain moyen ? La réponse
est : 500 millions tout juste. » Arne Næss
Les riches fabriquent des pauvres et la surpopulation détruit la Terre…
Il y a crise écologique lorsque le milieu de vie d’une espèce ou d’une population évolue sur un mode défavorable à sa survie. La surpopulation est un état démographique caractérisé par une insuffisance des ressources disponibles pour durablement assurer la pérennité d’une population ou de sa descendance, sur un habitat territorial (local, régional, national, continental ou planétaire…). Appliquée à l’humanité, la notion de surpopulation est évidemment relative. En effet, comme l’ont noté Thomas Malthus, ou Karl Marx (chapitre XXV du Livre I du Capital intitulé « La loi générale de l’accumulation capitaliste »), son seuil dépend de la consommation individuelle et collective de ressources qui ne sont pas, qui sont peu, difficilement, lentement ou coûteusement renouvelables. Il dépend aussi de l’accès (plus ou moins équitablement partagé) à ces ressources. Mais selon Claude Lévi-Strauss : « La surpopulation est le problème fondamental de l’avenir de l’humanité », avis auquel se sont rangés d’innombrables auteurs concernés, comme par exemple le Commandant Cousteau : « Nous périrons sous les berceaux. Nous sommes le Cancer de la Terre ; la pullulation de l’espèce humaine est responsable d’une pollution ingérable par la nature. Cela est tellement évident qu’on se demande de quel aveuglement sont frappés nos dirigeants ».
Dans son rapport 2009 du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), l’ONU lança un appel dénataliste pour attirer l’attention internationale sur le fait que la natalité galopante des pays en développement était l’un des principaux moteurs du réchauffement climatique et l’un de ses premiers risques. À mon avis et sur la lancée, il eût été plus séant d’assimiler à de pareilles recommandations les pays occidentaux les plus pollueurs en les incitant tout autant à limiter leurs naissances, à un niveau encore plus drastique, sachant qu’un enfant nord-américain ou européen (et l’adulte qu’il sera) est quinze ou vingt fois plus pollueur qu’un enfant nigérien ou iranien.
Il faut d’urgence aider les femmes à faire moins d’enfants pour lutter contre le péril climatique, tel était le message martelé. La recommandation d’une limitation des naissances comme remède au réchauffement du climat intervenait juste avant un Sommet de Copenhague qui nous était alors présenté comme un ultimatum incontournable, mais dont le cuisant échec ne fit finalement ni chaud ni froid à personne ! Le ton de l’appel onusien n’avait surpris que les démographes les plus compromis dans le capitalisme et le socialisme industrialiste à tout crin, ceux qui pensent qu’un sempiternel développement est possible sur une planète finie, ou qu’il suffirait de le baptiser « durable » pour qu’il le soit, et que si la Terre s’alourdit chaque semaine de plus de 1,5 million d’habitants, la population mondiale va, par on ne sait quel miracle, se stabiliser en douceur à plus ou moins 9 milliards en 2050, et que la bombe démographique annoncée dans les années 1960 a déjà fait pschitt. Le mode de vie qui sert d’exemple n’est pas universaliste, c’est celui occidental. Son développement est évalué sur le PIB : plus on détruit, plus on gagne. N’oublions pas que nous sommes les inventeurs de la destruction.
Quand un démographe n’est pas seulement comptable mais qu’il est enrichi par un tant soit peu d’écosophie, ses cheveux doivent déjà se dresser sur sa tête à la lecture des chiffres 7 ou de 9 milliards, sachant que les 3 milliards des années 1960 posaient déjà problème. Une preuve en est que le Fonds des Nations unies pour la population explique que la croissance démographique dans le monde est à l’origine de 40 à 60 % des émissions de gaz à effet de serre depuis 1820. Et en 1820 nous n’étions guère davantage qu’un milliard de terriens, mais déjà pollueurs et embarrassants, faut-il croire. L’étude connue des carottes de glaces extraites de l’Antarctique et du Groenland attestent que l’augmentation de ces gaz à effet de serre a même commencé il y a presque deux siècles, mais qu’elle s’avère de plus en plus rapide depuis quelques décennies, suivie par un accroissement de la température terrestre moyenne. Une meilleure gouvernance mondiale de la planification familiale, des soins de santé reproductive et des relations entre les sexes pourraient donc avoir d’autant plus d’influence sur l’évolution du climat maintenant que nous sommes 7 milliards, qu’on ne va pas s’arrêter là et que notre humanité doit s’adapter à une hausse progressive du niveau des mers, à des tempêtes de plus en plus violentes et à des sécheresses de plus en plus prégnantes, ainsi qu’au dramatique déclin des ressources sur lesquels nous dormons sur nos deux oreilles, notamment à la raréfaction des énergies fossiles dont nous dépendons, agriculture comprise, à 100 %. L’ONU a insisté sur les femmes qui ont un rôle primordial à jouer, non seulement pour le contrôle des naissances, mais aussi parce qu’elles gèrent les ménages et que leur prééminence est immense dans la production alimentaire des pays en développement. « Il n’y a pas d’investissement dans le développement qui coûte si peu et qui apporte des bénéfices si immenses et de si vaste portée », plaidait Thoraya Ahmed Obaid, la directrice exécutive du FNUAP.
Selon l’OPT (Optimum Population Trust), donnée souvent reprise par le député écologiste français Yves Cochet, les couples qui ont 3 enfants, au lieu de 2, augmentent leurs émissions de dioxyde de carbone (CO2) d’une quantité équivalente à celle émise par 620 vols aller-retour entre l’Europe et l’Amérique. La Terre pourrait supporter les 9 milliards d’habitants que nous devrions être en 2050, mais à la stricte condition qu’il ne s’agisse que de paysans ne demandant que leur nourriture. La planète ne pourra offrir à 9 milliards d’humains les possibilités de pouvoir prendre l’avion, de manger des fraises en hiver ou des mangues en Scandinavie, d’entretenir piscines et terrains de golf, et encore moins de rouler dans des voitures, surtout électriques ! « S’il y a déjà des hommes de trop sur cette Terre, ces hommes de trop sont ceux qui se montrent exigeants, autrement dit ce sont des gens de l’Occident », avait déclaré le généticien et humaniste Albert Jacquard.
Si vous estimez que nous n’avons aucune responsabilité, ni vis-à-vis des 11 millions d’enfants qui meurent chaque année avant d’atteindre leur cinquième anniversaire, ni à l’endroit des espèces végétales et animales dont nous usurpons les niches écologiques et qui disparaissent à la vitesse grand V, que notre reproduction n’est pas excessive ou en tout cas acquittée de telles accusations, alors oui, faites encore et encore des enfants. Mais faites vite !
Ironie du sort ou instinct de survie contreproductif, la
densité humaine sera beaucoup plus élevée dans les pays pauvres qui
éprouvent déjà les pires difficultés à assurer la sécurité alimentaire
de leurs ressortissants. Dans ces contrées, le contrôle de la natalité
est pratiquement inexistant et les familles de cinq à huit enfants sont
la norme. Au Burkina Faso, au Congo Brazzaville, au Burundi et en
République démocratique du Congo, en Guinée-Bissau, au Timor Oriental,
au Liberia, en Ouganda, au Mali, au Niger et au Tchad, tout comme en
Afghanistan, les populations vont tripler avant le terme de ce
demi-siècle.
La courbe générale est peut-être à un ralentissement de la croissance
démographique et à une lente stabilisation de la population globale, en
comparaison aux vives progressions des 50 dernières années. En dépit de
ce répit, 2050 verra tout de même un effectif minimum de 9 milliards de
terriens, notamment fourni par la Chine et l’Inde. À la même période,
cette dernière nation surpassera la Chine et sera en tête de liste des
pays les plus peuplés. La moitié des humains habiteront alors l’Inde et
la Chine.
Selon les démographes, la situation est grave… mais pas désespérée ! Pourtant, la survie de l’humanité dépend du possible, et non de l’impossible. La Terre – qui était plate – n’est ni extensible, ni rechargeable. Combien nous faudra-t-il de planètes si nous continuons ainsi à nous reproduire ?
« Celui qui croit qu’une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est un fou, ou un économiste ». Kenneth Boulding
« Celui qui croit qu’une démographie exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est un fou, ou un démographe ». Michel Tarrier
Innombrables sont les indicateurs qui nous alarment d’une surchauffe de la planète, d’un épuisement gravissime d’une Terre suroccupée et surexploitée : bouleversement global du climat, mort biologique des sols suite aux abus d’usages productivistes et courtermistes, pollutions sans cesses plus irréversibles, recul effarant des autres espèces dont nous occupons indûment les niches, déclin d’une biodiversité pourtant salutaire à l’humanité, déforestation sur tous les continents, épuisement des mers et des océans, tarissement de toutes les ressources dont la grande majorité n’est pas renouvelable…, la liste procure le vertige, la nausée. Ce sont les signes avant-coureurs d’un effondrement que l’establishment ne peut avouer sous peine d’un chaos économique et boursier. Nous sommes entrés dans la sixième phase d’extinction massive d’espèces, la première pour cause anthropique. Un seul chiffre, lequel concerne un cousin, voire un frère : il reste 5000 orangs-outans pour 7 milliards d’Homo sapiens. En effaçant les Grands singes, nous effaçons notre passé.
Reculer pour mieux sauter, la méthode est vieille comme
le monde et pouvait prévaloir quand le monde était jeune. Nous avons
tant l’habitude de jouer avec le feu que cette politique de la terre
brûlée est un symptôme chronique, presque familier. Stratégiquement,
cette tactique de la terre brûlée est une solution de la dernière chance
qui consiste à avancer en détruisant tout derrière soi, afin de ne
donner aucune chance de ravitaillement à l’ennemi. Comble du crétinisme,
notre ennemi n’est que nous-mêmes et outre un écocide déjà perpétré,
nous signerons un autogénocide avant la fin de ce siècle. Qu’on le
veuille ou non, nous sommes entrés dans un millénaire qui n’aura qu’un
siècle.
La vie devant soi est devenue un gros souci.
Sommes-nous si ingrats que nous faisons des enfants alors que notre monde est en mauvais état et que l’avenir pose problème ? Il est dorénavant moins préjudiciable pour la planète d’avoir un chat ou un chien qu’un enfant !
Réduisons-nous de toute urgence !
Source du logo : Femina.ch les femmes font la grève du ventre
À chacun sa planète Deux planètes pour deux points de vue : les certitudes du démographe, et celle de l’écologue. Pour le démographe, il y aurait encore de la place pour les humains et du soleil pour tout le monde, même si un milliard de personnes sont aujourd’hui en état de sous-nutrition. Pour l’écologue, la planète est devenue petite, il n’y aurait plus assez de place pour la Nature, et l’homme a besoin de cette Nature et des ressources pour vivre. Les vertueux prétendent qu’il serait honteusement malthusien et malvenu de nous réduire, que l’idée même frôle l’eugénisme, qu’il y a de la place et des ressources pour tous. Bien que très hasardeux, un tel postulat demanderait néanmoins que l’on balance par-dessus bord les autres espèces. En occupant chaque jour plus de territoire, nous avons déjà colonisé l’essentiel des habitats naturels, déconstruit presque tous les écosystèmes et contribué au recul et à l’extinction d’un nombre faramineux d’espèces végétales et animales. À tel point que nous avons fondé des institutions chargées d’une comptabilité de plus en plus pingre de plantes et d’animaux que nous avons poussés au bout du rouleau. Ce Vivant à l’état de peau de chagrin ne va pas, non plus, dans le sens de notre survie sur Terre, laquelle ne pourra se faire envers et contre la biodiversité, les sols, les forêts, les mers… Un humanisme suprématiste et focalisé sur l’acceptation d’une surpopulation humaine envahissante et destructrice va à l’encontre de la vraie thèse d’un minimum de considération écologique dont le crédo est qu’aucun végétal, qu’aucun animal ne doit disparaître de la surface du globe par la faute de l’homme. Nous sommes pourtant entrés dans la sixième phase d’extinction massive d’espèces, la première pour cause anthropique. Le rythme de croissance de la population mondiale est actuellement de presque un milliard de nouveaux individus par décennie. 350 millions de femmes n’ont pas encore obtenu accès à un éventail de moyens contraceptifs efficaces et sans danger, ce qui fait que chaque année 175 millions de grossesses ne sont pas désirées ou interviennent à un moment inopportun. Près de 40 millions d’avortements sont annuellement pratiqués, souvent dans des conditions très aléatoires. 227 femmes en meurent quotidiennement. Environ 4,5 milliards de personnes, soit près de 3 Terriens sur 4, habitent dans les pays en développement, et un milliard d’entre eux subsistent dans des conditions infrahumaines. Les démographes prétendent qu’après un long ralentissement, la population mondiale devrait se stabiliser autour de 11 milliards en 2200. C’est beaucoup trop, non pas compte tenu de la planète originelle, mais de l’état d’usure du milieu de vie et du tarissement déjà avéré des ressources, Alors dans un ou deux siècle, cette Terre sera notre fosse commune. La reproduction est un phénomène naturel à toutes les espèces, et notamment chez celles opportunistes qui doivent dominer leur habitat. Cela existe chez les rats, les cafards, les mouches ou les papillons. L’homme, dont l’instinct est fondu à la conscience, primate calculateur par excellence, a conceptualisé cette tendance naturelle afin d’en tirer une stratégie d’avenir tribal, familial, nombriliste, longévive : celle d’assurer sa descendance, et par là même la sécurité de ses vieux jours. La Terre n’est ni extensible, ni rechargeable. L’avenir ne nous commande plus l’expansion, mais la récession sous forme de décroissance natale et économique. Moins nous serons nombreux, plus nous serons prospères, voire heureux. Quelques générations vouées à seulement un enfant par femme, voire assurer un avantage fiscal aux couples qui n’enfanteraient pas, correspondraient à une mentalité nettement plus écoconsciente et respectueuse que celle d’allocations familiales comme gratification sociale. Si en Chine et au Vietnam le caractère coercitif du contrôle des naissances, ou en Inde la politique de stérilisation plus ou moins volontaire, ne se font guère ressentir dans la moyenne planétaire, c’est évidemment en raison du nombre effarant d’individus. Mais qu’en serait-il si, à l’instar des habitants des favelas sud-américaines ou des beaux quartiers des capitales européennes, on y faisait cinq ou six enfants par couple ? Les discours procréateurs sont toujours acclamés, notamment par ceux qui n’y perçoivent pas l’irréalisme, voire le cynisme, bien que la mise en pratique de ces discours soit la cause de leur misère quotidienne. Si elles acceptent de régresser, les sociétés obèses détiennent la clé budgétaire pour assister celles faméliques. L’Occident aura alors moins à redouter des ventres pleins que de ceux vides, et les gens qui sont à l’aise chez eux n’ont aucune envie d’aller chercher des eldorados. Ce n’est pas le cas des Haïtiens, des Cariocas, des Cairotes ou des Bangladais, des Thaïs et des Malais, qui, l’estomac resserré, ne se découragent pas de reproduire pour envoyer leurs enfants chercher des pépites d’or dans les immondices ou proposer leur corps à la transgression morale du tourisme sexuel.
La surpopulation est un crime contre l’humanité Suggérer de modérer la démographie d’un monde en proie à la surpopulation semble relever de l’outrage, de l’infamie, tant le thème appartient à la langue de bois. Où sont les suggestions dénatalistes dans les pactes et les sermons écologiques ? Une telle frilosité en dit long sur le charlatanisme des auteurs, peu enclins à perdre de l’audience et dont le souci premier est de plaire, quitte à renoncer à l’audace d’une vraie vérité dérangeante et pourtant intrinsèque à tout sauvetage planétaire. Nous feignons d’ignorer la finitude d’un monde dans laquelle notre multitude puise allègrement et sans relâche, nous ne devrions pas avoir le désir d’une descendance qui ne recevra en héritage que des lambeaux et des restes. N’en déplaise à l’ignoble propagande religieuse, il n’y a qu’une raison légitime et écomalthusienne de ne pas avoir d’enfant, c’est de ne pas surpeupler davantage la seule planète dont nous disposons. Si on aime les enfants, il ne faut donc pas en faire, ou prendre le risque de n’en faire qu’un seul, un dernier, et bien aimé. Il faut quelque chose de plus qu’un couple pour faire un enfant, il faut au moins une planète viable. Posséder une famille nombreuse n’est-il pas un délit environnemental, une grave atteinte à la planète et à l’avenir commun ? Pour un ami de la Terre, toute abstinence à la procréation humaine, toute pénurie des naissances sont reçues comme de bonnes nouvelles. Nous occupons indûment les niches de toutes les autres grandes espèces que nous avons expulsées et cela se poursuit au quotidien, chaque fois que l’abattage d’un arbre de la forêt pluviale fait reculer un discret orang-outan. Imaginons un peu une Terre surpeuplée de 7 milliards d’orangs-outangs ou de rhinocéros. La liberté écologique de notre espèce humaine devrait s’arrêter là où commence celle des autres espèces. La bourse ou la vie ? Les retraites ou la planète ? Mieux vaux sauver la planète que les retraites ! Le souci des pensions ne se pose pas pour les pays pauvres mais occupe indûment notre conscience de nantis. En ce qui concerne la protection des anciens, il faut tout simplement construire la retraite avec des prélèvements sur les bénéfices, et non sur la masse salariale. C’est aussi plus juste et logique car une entreprise qui fait du gros bénéfice avec une petite masse salariale ne fait que profiter de tous les avantages de la société sans échange. Il n’est peut-être jamais trop tard et que vienne alors le grand coïtus interruptus planétaire qui permettrait à la Terre de souffler un peu ! Sans peur ni reproche du métissage, le renouvellement des générations des pays développés devra se faire par les immigrants, au grand dam des suprématistes blancs et fanatiques, hélas toujours bien en place aux commandes du destin planétaire. La survie de l’humanité dépend du possible, et non de l’impossible. L’impossible, c’est une meilleure gestion et répartition des ressources. On a tout essayé depuis des lustres et même la morale égalitaire, notamment professée par le grand livre n’a pas donné les résultats escomptés, peu s’en faut ! Refuser d’aborder le sujet, c’est accepter une certaine bestialité de l’homme, estimant que la procréation est naturelle, indiscutable et se désintéressant de sa destinée. Continuer à ne rien faire, c’est provoquer la haine l’emportera encore comme les États et leurs polices armées la promeuvent depuis des siècles, avec l’enfantement comme combustible. Le possible pour cultiver les futurs, c’est d’encourager une mondialisation de la dénatalité. Vivre moins nombreux pour que tout le monde puisse tout simplement vivre.
L’instinct de reproduction dans la déraison écologique
Envie de gestation, envie de duplication, vraiment ?
…La reproduction est lente. La femelle donne naissance à un seul petit, très rarement deux, et seulement chaque dix ans, tous les sept à onze ans pour être précis. La gestation dure huit mois. Le sevrage intervient vers trois ou quatre mois. L’enfant reste agrippé au ventre maternel jusqu’à l’âge d’un an. L’éducation est très longue et les jeunes restent près de huit ans auprès de leur mère. L’adulte peut vivre jusqu’à 60 ans, son cerveau est gros : jusqu’à 450 cm3…
Il s’agit de l’orang-outang, un cousin humanoïde s’étant écarté de nous il y a une douzaine de millions d’années et avec lequel on partage 98,5 % d’ADN commun. Il semble impensable d’imaginer les données du disque dur humain s’inspirant de celui du singe, si proche soit-il, pour modérer sa conduite et ne jamais faire plus d’un petit chaque décennie. L’orang-outang, qui signifie « homme de la forêt », fut pourtant longtemps considéré comme un homme par les tribus locales de Bornéo et Sumatra. Pas plus que l’homme ne prendra de leçon d’un anthropoïde, c’est à peine si l’allochtone colonisateur, de sa hautaine culture classique, puisse prêter attention aux considérations d’un Dayak animiste et coupeur de têtes, d’un Mamak ou d’un Orang Darat, cueilleur-chasseur naïf qui fait d’un niamouk (un moustique) un esprit vénéré dans lequel il fait bon se réincarner. Donc, l’orang-outang n’est qu’un animal à encager dans les zoos, comme la forêt n’est bonne qu’à devenir contre-plaqué. Certains vils aspects du siècle des Lumières se paient encore très cher. À constater sa proximité génétique, sa physionomie expressive, sa sensibilité et sa grande intelligence, on se demande d’ailleurs pourquoi l’orang-outang ne partage pas notre genre Homo, pourquoi nous l’avons relégué, tout comme les autres Grands singes, au rang animal au même titre que la sardine et l’escargot. S’il avait eu voix au chapitre, l’orang-outang nous aurait aidés à préserver le coin de Planète qu’il habite. Certaines tribus pensaient que ces hommes avaient été changés en animaux à la suite d’un sacrilège. Selon une légende javanaise, l’orang-outang qui est doué de parole aurait eu la sagesse de ne jamais parler pour ne pas devoir travailler. Mais l’émouvant singe est désormais victime – à cause de nous – de son faible taux de fécondité. Pour lutter contre la prolifération humaine, il lui aurait fallu faire un petit chaque année et inventer la poudre. D’un effectif évalué à 315 000 à Bornéo au début du XXe siècle, il n’en restait pas 10 % à la fin du même siècle. À Sumatra, le contingent résiduel est de 6 000 sujets. Les forêts humides qu’il habite sont abattues à une cadence effarante et d’autant plus galopante que l’huile de palme sert maintenant à l’élaboration du satané biodiesel, produit écologiquement plus destructeur que n’importe quel autre. À Sumatra et Bornéo, ce sont 4 millions d’hectares forestiers qui ont été convertis en fermes de palme. 6 millions d’hectares supplémentaires sont programmés (16,5 millions pour toute l’Indonésie). Sur l’autel de nos bagnoles, l’orang-outang sauvage est irrévocablement offert à l’extinction. Pardon, nous nous éloignons du sujet…
Comme nous, les autres Grand singes n’ont pas de saison pour se reproduire, ils font même l’amour toute l’année. Et pourtant, même du temps où on leur foutait la paix, ils ne proliféraient pas, et ce n’était pas qu’une question de taux de mortalité ou de maladies. Nous autres n’avons pas davantage de saisons, mais encore moins de raisons pour nous reproduire. C’est donc sans attendre que les petits oiseaux chantent sur les arbres en bourgeons qu’on s’invente de fausses raisons de procréer pour envahir de nos progénitures les pouponnières, les écoles maternelles et les universités, jusqu’à devenir un fléau planétaire. Homo sapiens est la pire espèce invasive.
Quand il sait ce qu’il sait, à quoi peut bien correspondre le geste géniteur de l’humain ? Les Grands singes seraient-ils plus sages que nous ? Pourquoi d’autres grands animaux ne sont jamais aussi prolifiques ? La parentalité nous attendrit à ce point qu’elle nous faire prendre le risque d’un naufrage ? Se reproduisait-on sur le pont du Titanic lorsqu’il prenait l’eau ? Ou alors, c’est par pur existentialisme irresponsable, gratuit, désinvolte, avec œillères, comme ça et pour le fun, se foutant de l’enfant comme de notre première Planète, ou de la Planète comme de notre premier enfant, c’est du pareil au même. La joie d’être papa-maman est sans commune mesure ! Il ne faut pas faire confiance à un humain, il n’appartient pas à une espèce sérieuse. Souvent, très souvent, trop souvent, on râle pour savoir qui emmènera le rejeton à l’école ou qui le prendra pour les vacances, une fois « déjà » divorcés et avant de remettre le couvert en misant sur un nouveau couple. Chaque femme, chaque homme veut son comptant d’amour sous forme d’embryon. « T’en a bien fait un avec l’autre ! »
En amont de toute réflexion à propos de la conception d’un enfant, se situent habituellement des prérogatives nombrilistes et budgétaires, du type « Attendons d’avoir un bon travail, un plus grand appartement » ou « Profitons d’abord de la jeunesse de notre couple, sortons, faisons la fête ». C’est d’une redoutable maturité d’esprit ! Faut pas faire parents quand on n’a pas le sou ! Avant de devenir parents, les gens feraient mieux de s’initier à d’autres alternatives susceptibles de combler autrement le besoin de procréation. Plutôt que de produire un nouveau « nombril du monde » numéro 6.859.542.120 (chiffre du compteur de l’INED à la minute du jour de relecture de ce texte : 19 octobre 2010, à 14 h 01), s’occuper d’un autre enfant déjà sur Terre mais défavorisé est une belle alternative. Adopter, parrainer, être famille d’accueil, garder les enfants d’autrui sont des positions susceptibles de se substituer en toute légitimité au rôle génétique de mère et de père. Faisons un effort sur nous-mêmes, ne restons pas au ras des pâquerettes ! Pour ceux qui préfèrent la Nature à l’humain (ce n’est pas dissocié !), la préservation du biopatrimoine, le militantisme à la cause animale, la défense des paysages, la reforestation, etc. sont de louables activités aptes à compenser l’instinct de reproduction, légitimant haut la main et justifiant socialement le fait de ne pas avoir enfanté.
À bien y réfléchir, en évaluant le nombre incommensurable de pulsions sexuelles ressenties par un humain au cours de sa vie et en le comparant au bout du compte au nombre dérisoire (mais démographiquement énorme) des naissances qui en résultent, il semblerait que la sexualité serve d’abord à une fonction de lien plutôt qu’à une fonction strictement procréatrice. De là l’erreur considérable des églises et la frustration transmise aux fidèles. Statistiquement, l’O.M.S. rapporte que 100 millions de couples s’engagent dans des relations sexuelles lors d’un jour moyen, soit seulement quelque 3 % de la population planétaire. Ce score pitoyablement bas d’actes sexuels induit un million de grossesses grâce aux bienfaits de la contraception et de la stérilité. Pour diverses raisons, 55 % des zygotes ne dépassent pas le stade fœtal et ne parviennent pas à terme et 359 000 y parviennent chaque jour. Moins de 0,4% seulement des unions hétérosexuelles amènent donc à la création de nouveaux humains. La relation de cause à effet est donc proche du zéro. Et pourtant !