Aaron Swartz : web révolution et social-démocratie

 

 

Certains ne savent pas encore qui est Aaron Swartz. Certains ne savent pas encore que Aaron Swartz au terme de deux ans de harcèlement judiciaire et financier exercé par le tribunal fédéral des Etats-Unis s’est pendu à 26 ans, dans son appartement de Brooklyn, le 11 janvier 2013 — endeuillant le web entier.

Co-inventeur du RSS1 (le premier feed de syndication effectivement partageable d’où émergèrent les formats suivants permettant les podcasts), qui a solidarisé le web sémantique et ses blogs — puis outil de transmission de la Presse telle qu’elle advint de la communication numérique. Il avait alors 14 ans, c’était en 2000. Contributeur à 15 ans pour la création et le lancement de Creative Commons, inventeur de bien d’autres codes/ et sites que nous utilisons ou dont nous profitons directement ou indirectement, en toute cohérence du partage et d’une disposition activiste pour les droits civiques et le libre accès du domaine public, et de l’information de la connaissance sur le web.

Aaron Swartz était un codeur, autrement dit un rédacteur du code, avec en outre l’art et la manière de trouver les quelques lignes de supplément à ajouter ou les signes superflus à supprimer dans un code qu’il n’avait pas écrit lui-même, pour le transformer ou le rendre fulgurant : c’est exactement la définition des hackers dans les laboratoires du MIT.

« Je suis tombé sur lui en ligne dans la communauté des hackers. Je veux dire "hacker" de la manière la plus positive de la communauté technique, quelqu’un qui peut faire des trucs, construire des choses, avec les ordinateurs. [...] Et ce gars-là "aaronsw" a fait un tour et il s’est présenté. Il a envoyé un message à la liste en disant : "Salut, je suis Aaron. Je ne suis pas très bon pour la programmation mais je pense que ce que vous faites, c’est cool et je tiens à vous aider." Et il a commencé à faire toutes sortes de choses. Il n’a pas seulement parlé il a codé ! Et ceux qui codent, qui font des choses, obtiennent beaucoup de respect. »

Tim Berners-Lee au mémorial de Washington D.C.

Il a pris sa vie, comme on dit dans la langue américaine où dans la nôtre on dit plutôt, se dessaisir de sa vie — mais cela ne rendrait pas compte de la violence active de se pendre — au terme d’une poursuite avec des complicités secrètes du personnel du MIT violant le 4e amendement de la constitution américaine, pour servir les services secrets comme s’agissant de la surveillance d’un terroriste sous le Patriot Act. Pour la réappropriation par téléchargement et la redistribution gratuite d’un stock considérable de documents universitaires scientifiques et culturels, revues et autres, abusivement convertis en capital commercial de l’organisation JSTOR (il savait très bien qu’une caméra se trouvait dans le local technique où il déposait son ordinateur, il n’a pas agi sous anon — et finalement il a tout restitué).

Je fréquentais souvent les première pages des articles laissés visibles pour tous sur JSTOR, souvent les requêtes dans Google anglophone sur des auteurs français y menaient. Avant le centenaire de la mort de Charles-Louis Philippe, en 2009, on ne trouvait quasiment rien sur lui dans la toile française, ni sur ses grands lecteurs étrangers, ni sur le groupe de Carnetin. C’était là que je trouvais tous les indices à partir desquels je prospectais ensuite dans l’internet francophone (d’ailleurs suite à des pressions du syndicat des éditeurs français y compris faisant la chasse aux textes tombés dans le domaine public, nous n’avons plus accès aux sources littéraires canadiennes en français, ce qui est une perte considérable pour les internautes) [1]. Ces articles, en effet des publications universitaires par rapport à des lecteurs américains, puisqu’il s’agissait d’auteurs français, (et/ou du front culturel commun entre Paris Dublin et New-York) au siècle dernier.

Mais je suis convaincue que certains appartiennent à des fonds non universitaires car il existait et existe encore aussi bien qu’ici des revues littéraires aux États-Unis (sans les citer maintenant) ; ces articles pour nous réfèrent davantage aux essais sur des auteurs publiés dans les revues littéraires ou dans les colonnes spécialisées hebdomadaires des grands quotidiens, pour les amateurs des Lettres, comme on en trouvait encore il y a une quinzaine d’années. Plutôt que des revues universitaires spécialisées en sciences humaines, on pense à des revues avant-gardistes ou de sciences humaines pluridisciplinaires avec des éditeurs associatifs ou privés, (comme actuellement encore la Revue Chimères, par exemple, ou en plus récemment créée, la revue Lignes).

Je rageais de ne pouvoir aller au-delà de l’appât, qui me fournissait pourtant de nombreux indices à partir desquels ensuite je pouvais organiser ma recherche parmi le web francophone... En général je donnais les liens dans les articles de La Revue des Ressources où je publiais le fruit et les références de mes indices. Ne disposant pas de diplôme universitaire pour accéder à l’abonnement à coût modéré prévu pour les lecteurs de l’extérieur, l’achat à l’unité était trop cher pour moi (environ une vingtaine de dollars par article). Mais tout cela était clairement soustrait au libre accès du domaine public, étant donné l’âge des documents qui m’intéressaient en tous cas, pas assez anciens pour avoir fait l’objet d’une restauration pour la numérisation. Je trouvais donc cette restriction d’accès vraiment anormale, abusive.

Quand je réalisai qu’il s’agissait du site hacké par Aaron Swartz qui lui avait valu d’être poursuivi par la justice américaine, ce site dont le putsch commercial sur un tel capital de contenus du domaine public faisait tant pester ses amis de archive.org (une autre de mes sources utiles), — selon ce que j’apprends maintenant, — j’ai tout de suite compris que ce n’était pas une vision sociale utopique du savoir et de la culture qui supportait son acte en amont, y compris s’agissant des sciences exactes, mais une conception tout à fait pragmatique de ce qui pouvait être fait et adapté aux attentes des gens en quête de savoir (sans statut pour l’autoriser à titre corporatiste)... Je ne pourrai plus passer dans ce site sans penser à Aaron Swartz.

Pourquoi enfermer le savoir, d’autant plus quand ses auteurs ne sont plus là pour profiter de leur exploitation, et les sources tombées depuis longtemps dans le domaine public appartenant à tous ?

Exemple : à la requête « Charles-Louis Philippe, T.S. Eliot, » dans Google, j’obtiens exactement Charles-Louis Philippe and T. S. Eliot, [le contenu n’est-il pas intéressant pour nous ? Bien sûr que si] Grover Smith (Yale University) in American Literature Vol. 22, No. 3 (Nov., 1950), pp. 254-259 Published by : Duke University Press .

Bien sûr, ces sources sont en réalité dans le domaine public selon la loi américaine et même davantage, y compris dans la loi française, concernant les ouvrages de 1950, pourtant plus exigeante.

Enfin, sur la « scientificité » dont la Presse française se gausse à propos de cette affaire (sans même prendre la peine d’aller voir en quoi consiste le site JSTOR et les archives qu’il propose), comme si nous étions face à une utopie — donc irréalisable — d’un jeune bourgeois lettré et scientifique voulant proposer son savoir à des gens qui ne pourraient rien en comprendre, et imaginant peut-être, en outre, qu’il pût essentiellement s’agir de formules mathématiques venues des physiciens de l’accélérateur de particules du CERN, je pose ceci : A Hacker Manifesto n’est-il pas publié aussi par un éditeur universitaire — Harvard Press ? Oui, pourtant on ne peut pas dire que ce soit un ouvrage scientifique, mais plutôt un essai épique, peut-être d’un marxisme plus proche d’Homère que de Engels dont il reprend pourtant la dialectique de la nature ? Voilà comment on peut semer de fausses idées représentatives sur les sources hackées par Aaron Swartz au MIT, s’agissant de JSTOR, consortium de contenus qui bien sûr peut aussi comprendre des documents mathématiques ou de toute autre science exacte.

En toute cohérence, pour ouvrir l’accès du domaine public, Aaron Swartz avait également libéré les livres du domaine public numérisés par Google, afin de les transférer sur Internet archive (archive.org), où la consultation était plus facile [2]. Grâce à la technologie Infogami qu’il avait appliquée pour développer Reddit il a également développé le projet Open Library pour dresser une liste interactive et participative mondiale des livres existants passés et présents, avec leurs éditeurs et les endroits ordinaires ou exceptionnels où on peut les trouver en version imprimée ou numérisée. Dans le champ institutionnel, en 2008 avec des camarades parmi lesquels Carl Malamud (qui l’évoqua dans son hommage au mémorial de San Francisco), il avait libéré plusieurs années d’archives judiciaires de la banque de données administrée par le programme PACER moyennant un coût par page [3].

Le gouvernement américain, en recourant contre lui aux lois Computer Fraud et Abuse Act de 1986, a voulu prouver qu’au défaut de la loi SOPA (qu’Aaron Swartz avait réussi à faire différer sine die), il pouvait néanmoins réprimer la liberté du net ; la répression renforcée par les lois sur la sécurité intérieure pouvait néanmoins s’exercer dans le même champ que SOPA, avec 13 chefs d’inculpation pour l’enfermer pendant 35 à 50 ans, en revenant sur des affaires antérieures classées (donc prescrites). À moins d’accepter de se déclarer « criminel » en plaidant coupable (c’est-à-dire se décrédibiliser d’agir dans sa discipline durant sa vie entière) pour alléger sa peine. Il avait d’autre part épuisé ses revenus personnels au terme de la procédure par épisodes (la première fois, il avait du déposer 100.000 dollars), une si longue procédure de deux ans tendant à épuiser ce qu’il lui restait de Reddit [4]... Et pour couronner ce tout la caution portée à 1.000.000 de dollars représentant la totalité de son patrimoine investi, fut exactement calculée pour cela, si j’ai bien compris entre les mots de Lessig et d’une ancienne compagne de Swartz : mettre la main sur la totalité de sa ressource (acquise à l’issue de la vente de Reddit) à l’origine de ses revenus courants. Donc impossible pour lui d’engager les frais de sa défense depuis le mois d’Avril dernier où la caution fut exigée : personne ne peut compenser cela dans ce milieu ni même Aaron Swartz ne pouvait le reproduire, ce sont des choses qui arrivent une fois dans une vie quand cela arrive sous la forme d’une chance, c’est une exception. Dépourvu du revenu qui résultait de l’exploitation de son propre argent, celui dont il n’avait pas hérité mais qu’il avait gagné, il ne pouvait désormais assurer sa défense ni par lui ni par le soutien solidaire, car, comme l’explique Lessig en conclusion de son premier blog, appeler la solidarité secourable de ses amis pour être aidé à se défendre du tribunal fédéral l’aurait mis en risque d’amplifier ses problèmes avec les juges régionaux. Une fois cet argent pris, plus rien ne pouvait être apuré : il n’avait aucune chance de s’en sortir. Pour un acte qui n’était ni un vol ni un meurtre.

Le refus de plaider coupable pour alléger sa peine c’était par fierté mais aussi pour se protéger de ne plus pouvoir agir légalement, ni professionnellement de gagner sa vie, ni d’exercer ses droits légitimes d’activiste. Il a donc refusé sachant le pire, et le pire de tout étant qu’il échapperait à la prison en dérobant sa vie à l’infamie de la justice, qui réalise l’injustice contre ceux qui se défendent non coupables. Cela aussi, sans doute y avait-il déjà pensé, comme il lui était déjà arrivé d’aborder l’idée de sa mort.

Alors oui : ils l’ont tué, dans la mesure où il n’avait le choix qu’entre se livrer ou se détruire — pour les empêcher de le prendre, — et oui il a pu aussi être assassiné, car le rapport légal mentionne une pendaison sans l’attribuer à (ni même citer le mot de) suicide... et dans ce cas on serait totalement dans la configuration de Martin Luther King, (assassiné par le FBI à cause de son tournant politique vers la pauvreté en passant à l’acte du soutien de la grève des éboueurs de Memphis), évoqué par Lessig dans son blog du 18 janvier. Le contexte et la situation comme la fatigue extrême de Aaron Swartz tel que décrit par ses proches dans les derniers jours, à force de lutter contre le stress et la peur, laissent supposer que sa pendaison fut un suicide — mais ne faut-il pas un peu de force physique pour organiser sa pendaison, et se pendre ? Quand on est en état de choc conséquent d’un stress ou d’un deuil la première conséquence est l’effondrement du bilan de potassium et on ne peut concevoir l’espace au-delà d’un périmètre de deux mètres autour de soi ni agir au-delà de un mètre... Et ceux qui l’aimaient et qu’il inspirait ont perdu leur Dionysos, écartelé, mangé par des prédateurs légaux titanesques, et finalement se portant lui-même le coup fatal pour en finir avec cette horreur, à moins qu’on l’y ait aidé.

Mais même l’énigme sur la façon dont Aaron Swartz aurait pu mourir ne compte pas (sauf pour punir des criminels, ce qui ne déplairait à personne, et de toutes façons on en connaît déjà nommément derrière la mort, ils sont au moins deux sur la scène et le réseau qu’ils ont desservi remonte jusqu’au gouvernement lui-même) : ils l’avaient déjà tué, du point de vue matériel puis existentiel, quand la mort fut décidée, — et l’aurait-elle été par Aaron Swartz réalisant lui-même son destin. Mais personne ne pourra détruire la charge symbolique de sa disparition, rendue si forte par la puissance de la trace qu’il a laissée et le réseau qu’il soulève, toujours dans le sens collectif, toujours dans le désir révolutionnaire d’agir et de le faire.

Allègement de peu de peine quoi qu’il pût en être, puisqu’il s’agissait d’abord de faire un exemple contre les inventeurs des sources libres qui prétendent les défendre, et pour les soumettre, parce que justement il avait réussi à faire repousser sine die la loi SOPA déjà citée (Stop Online Piracy Act) et par voie de conséquence la loi Protect IP Act, le double dossier ayant été classé au Sénat le 20 janvier 2012.

La guérilla en immersion non violente a surgi contre l’accroissement des lois américaines qui supprimaient les libertés de communiquer — entre la population et pour la population — toutes les formes de documents et d’information de la connaissance en accès libre, de la même façon que Wikileaks fut empêché d’informer sur les échanges entre les pouvoirs sur les pouvoirs, comme si la culture allait devenir secrète, elle aussi, dans l’état d’une propriété à vocation exclusive d’une classe sociale capable de payer l’université — où le crédit pour y parvenir.

C’est en France que ces lois délirantes ont été expérimentées en premier lieu, et devenant des sortes de modèles de cupidité exportable, convoité ; si on compare les États-Unis et la France, tout simplement les dates l’indiquent : d’abord en interdisant de façon répressive le Peer To Peer (P2P) avec la loi DADVSI, votée en juin 2006, puis au nom de la taxation du droit d’auteur sur les contenus téléchargeables avec l’HADOPI, qui renforça la précédente en l’étendant et en la dotant d’une bureaucratie arbitraire, autorisée à réprimer sans recours ; cependant le projet de la loi SOPA ne fut déposé qu’en octobre 2011, après le PRO-IP Act avorté en 2008, mais de toutes façons après notre inspirante DADVSI, la leur devint le Protect IP Act (PIPA) proposé en mai 2011. Oui, nous sommes bien les premiers au calendrier des infamies contre les droits civiques et individuels dans ces domaines.

D’ailleurs, en matière de droits d’auteur pour la musique contre le piratage sur Internet en France, faut-il remarquer qu’au lieu de sauver la production de la musique et sa reproduction sur des supports matériels, ainsi que les métiers d’arts autour de l’industrie du disque (vinyls et DVD), et les droits d’auteur, comme cela avait été claironné pour justifier les mesures, en réalité ces supports ont disparu ainsi que les boutiques qui les vendaient. Ne restent principalement en France que des formats numériques, trop onéreux à l’unité ou de piètre qualité. Et en fait ce fut non seulement l’enterrement d’une industrie mais encore la réduction de la diversité musicale et l’appauvrissement de l’écoute. Il n’a pas fallu quatre ans pour liquider une industrie entière par ici et un plaisir ou un art de l’écoute largement partagé il y a encore peu de temps, à partir du moment où l’interdiction du téléchargement gratuit est devenue exécutive. L’écoute gratuite convenait donc paradoxalement au commerce des objets matériels correspondants appréciés par les mêmes collectionneurs ou amateurs.

Nous avons combattu ici sans être parvenus à empêcher ces lois qui nous ont été imposées de force par le gouvernement précédent son assemblée et ses lobbies, ni à les vaincre sous le suivant qui est l’objet du même lobbying, parce que nous sommes étouffés par la social-démocratie qui nous empêche, c’est-à-dire que nous sommes auto-résignés par empathie. Le cas de la musique étant résolu, voici le domaine public de la Bibliothèque Nationale de France qui va fondre sous nos yeux. C’est très proche de l’affaire JSTOR qui en fait se renfloue dans un principe de vase communiquant aux dépens des archives du domaine public américain.

La déroute des défenseurs de SOPA fut le résultat d’une énergie patiente et énergique d’un activisme visant les droits constitutionnels, où Aaron Swartz qui sut très vite rassembler du monde autour de lui, depuis un petit groupe d’amis, entra dans les commissions du Congrès fort d’une pétition au nombre massif de signatures, sous le titre DemandProgress, nom du site source pour la lancer. Au terme de la multiplication des procédures, finalement un sénateur s’est levé, le sénateur démocrate de l’Oregon, Ron Wyden, un seul opposant pouvant provoquer la suspension d’une loi, pour faire opposition à celle qu’il qualifia de "bombe de pénétration nucléaire" contre l’Internet, et grâce à son blocage ils finirent par gagner.

À peine Aaron Swartz était mort, les procureurs annonçaient qu’ils abandonnaient toute charge contre lui — étrange aveu d’abus de charges !

Maintenant une loi Aaron Swartz Aaron’s Law, soutenue par Lawrence Lessig, co-fondateur de Creative Commons, professeur de droit à Harvard, et animateur d’une commission universitaire et parlementaire sur la corruption politique, et par d’autres personnalités, a été déposée par la représentante démocrate de Californie au Congrès, Zoe Lofgren, pour que ce harcèlement judiciaire et policier et leurs menaces sur les novateurs et activistes du web n’ait plus jamais lieu.

Cela pourrait aussi alléger le harcèlement de Assange et la peine de Bradley Manning (bien qu’il dépende de la justice militaire et attende toujours d’être jugé). Mais les choses n’en prennent pas le chemin. Tout au contraire, comme si la mort de Swartz avait donné le signal d’une fusillade sur les autres, la justice fédérale et le FBI renforcent leurs pressions contre les activistes [5]. C’est comme si l’accablement de Swartz jusqu’à la mort était le coup d’envoi glacé d’une décision d’en finir avec les activistes de choc sur le sol des États-Unis, on peut craindre le pire, Aaron Swartz n’était pas victime d’un troupeau de bœufs carriéristes, il a été patiemment détruit sur l’ordre du gouvernement américain qui maintenant renforce sa pression sur Appelbaum ; ils ne peuvent rien prouver contre lui. Pourtant, ils le harcèlent, ils le menacent pour le fragiliser, ils tracent ses correspondants. Le journaliste Daniel Ellsberg, ancien combattant du Viet Nam et héros de la libération et de la publication des Papiers du Pentagone en 1971, l’accompagne — ce n’est pas rien.

Toute analyse relative à une dépression et à des anti-dépresseurs ou à la « bipolarité des génies » situera cette mort au-delà de ses véritables causes, et bien davantage cherchant à en effacer l’enjeu. Car dans l’irréversibilité de la mort de Aaron Swartz se joue la dernière action symbolique du combattant de l’ombre qui tombe : la révélation de sa succession. Quand bien même il ne l’aurait pas pensé exactement comme ça, (ce qui serait difficile à croire après avoir découvert sa détermination au long de sa décennie de publications), justement le travail émergent d’Aaron Swartz tant technique que civique était public : c’est donc la question de la poursuite du combat public pour le recouvrement des libertés à l’échelle du monde virtuel, qui se pose, réalité de la connaissance qui fonde les sociétés ouvertes à tous et pour tous, ce qui les rend plus sociables, solidaires, et informées : la question de la poursuite du combat. Comme les phénomènes anonymes y vont par légions ou le reste du temps un par un, on peut parier sur la poursuite du combat, qui sans aucun doute ne fera pas défaut.

Sur le chemin de l’abstraction de toute valeur rien ne résistera, la dépense et le coût sont si bas pour des revenus si élevés, en faisant disparaître les intermédiaires humains, qui entre temps ne seraient pas restés à leur place productive de la machine à battre la valeur pour la faire monter, ou ceux dont ils ont tellement fait les poches qu’ils ont fini par les vider, ce qui les rend socialement inutiles à défendre : si nous ne réagissons pas, nous allons tous y passer. Levons-nous.

(L. D.)

Aaron’s Army, Memorial for Aaron Swartz at the Internet Archive, San Francisco, January 24, 2013, Text of Remarks by Carl Malamud (lien envoyé sur twitter par timbl).

[ Voir le compte Twitter PDF Tribute @pdftributenet qui informe le progrès du site http://pdftribute.net/, contribution des universitaires à l’hommage pour Aaron Swartz, auquel ceux qui veulent s’y associer peuvent y offrir un de leurs documents de recherche enregistré en .pdf ]Le futur web.

Notes

[1] Ainsi installe-t-on des murs entre francophones, autant dire que ce n’est pas pour l’extension internationale de la culture française ni pour son développement local. On voit ici les vecteurs de la culture agir de la même façon que les vecteurs de la musique par les gestes desquels on peut constater la destruction de tout le secteur de production de la musique pressée et gravée depuis que l’exploitation de la musique numérique a justifié la répression du P2P (op. cit.).

[2] Informations accessibles dans le site  :: S.I.Lex ::, article du 6 février 2013, où est traduite l’intervention de Brewster Kahle, fondateur de internet Archive, au mémorial de San Francisco pour Aaron Swartz, le 24 janvier 2013.

[3] Plusieurs années d’archives judiciaires de la banque de données des archives judiciaires administrées par la technologie PACER furent libérées par Aaron Swartz et Carl Malamud en 2008 et 2009 et sont encore accessibles dans le site theinfo.org créé spécialement pour les publier gratuitement en pdf, elles sont progressivement installées dans le site archive.org, où maintenant un accès direct à la banque de données fédérale est proposé via l’extension librement téléchargeable RECAP,, du navigateur Firefox, développée au Centre Berkman à l’université de Princeton. Cette action lui valut sa première fiche du FBI publiée dans son site, mais pas de poursuite s’agissant de documents officiellement publics et sur lesquels il n’avait pas exercé de commerce.

[4] Aaron Swartz avait intégré Reddit en fusionnant sa société Infogami (éponyme du nom d’une technologie d’interactivité interconnectée qu’il avait inventée et qu’il utilisera de nouveau pour Open Library), en janvier 2006 devenant l’un des deux dirigeants et notamment de la filiale résultante Not A Bug. Le groupe de Presse Condé Nast Publications (Wired, The New Yorker, Vanity Fair, etc.) acheta Reddit à la fin de la même année pour un montant qui ne se refuse pas ; l’entreprise migra à San Francisco au siège de Wired où Aaron Swartz poursuivit de travailler comme développeur avec l’un des fondateurs de Reddit ; au retour d’un voyage en Europe, en 2007, il fut sommé de quitter l’entreprise et il n’en fut pas mécontent car le système de travail de bureau et des horaires fixes ne lui convenaient pas (Tchat Interview de Aaron Swartz par le responsable du blog d’information Google sur le monde de la technique, Philipp Lenssen, le 7 mai 2007). Puis, ce qui n’était peut-être pas nécessaire, toutes les archives correspondant à son nom d’utilisateur dans le site disparurent, au point que des usagers posèrent publiquement la question de savoir où tout était passé

[5] En attendant la loi Aaron’s Law le gouvernement redouble de pressions abusives contre les activistes susceptibles de concourir aux sources anomymes et à Wikileaks notamment Jacob Appelbaum un autre brillant développeur harcelé lui aussi depuis plusieurs années, développeur entre autre de la sécurité du programme Tor (anonymous) et représentant de Wikileaks au congrès HOPE à New York, en 2010. Ici il explique que le gouvernement a obtenu un accès secret aux emails de son compte Twitter (Democracy now !, 5 février 2013).

[6] Il s’agit de la défaite du recours de E. Eldred, défendu par Lawrence Lessig, en appel du Sonny Bono Copyright Term Extension Act voté en 1998 par le Congrès, sous l’influence du groupe Walt Disney pour prolonger ses droits, au moment où le personnage de Mickey Mouse menaçait de tomber dans le domaine public. Finalement le Tribunal Suprême, alors dirigé par le procureur général John Ashcroft, confirma le décret au défaut des plaignants, le 15 janvier 2003 — jour pour jour 10 ans avant les funérailles de Aaron Swartz. (Copyright vs/ Droit à la culture, Marina Fourtine, Copyright & Droit d’auteur, Avocats Publishing, jeudi 27 février 2003).

[7] Pour mémoire le premier texte réactif de Lawrence Lessig dont il est discuté ici :

Harvard Law’s Lawrence Lessig on Death of Aaron Swartz, in Lessig Blog V2, 12 January 2013 :

Prosecutor as bully

(Some will say this is not the time. I disagree. This is the time when every mixed emotion needs to find voice.)

Since his arresting the early morning of January 11, 2011 — two years to the day before Aaron Swartz ended his life — I have known more about the events that began this spiral than I have wanted to know. Aaron consulted me as a friend and lawyer that morning. He shared with me what went down and why, and I worked with him to get help. When my obligations to Harvard created a conflict that made it impossible for me to continue as a lawyer, I continued as a friend. Not a good enough friend, no doubt, but nothing was going to draw that friendship into doubt.

The billions of snippets of sadness and bewilderment spinning across the Net confirm who this amazing boy was to all of us. But as I’ve read these aches, there’s one strain I wish we could resist :

Please don’t pathologize this story.

No doubt it is a certain crazy that brings a person as loved as Aaron was loved (and he was surrounded in NY by people who loved him) to do what Aaron did. It angers me that he did what he did. But if we’re going to learn from this, we can’t let slide what brought him here.

First, of course, Aaron brought Aaron here. As I said when I wrote about the case (when obligations required I say something publicly), if what the government alleged was true — and I say “if” because I am not revealing what Aaron said to me then — then what he did was wrong. And if not legally wrong, then at least morally wrong. The causes that Aaron fought for are my causes too. But as much as I respect those who disagree with me about this, these means are not mine.

But all this shows is that if the government proved its case, some punishment was appropriate. So what was that appropriate punishment ? Was Aaron a terrorist ? Or a cracker trying to profit from stolen goods ? Or was this something completely different ?

Early on, and to its great credit, JSTOR figured “appropriate” out : They declined to pursue their own action against Aaron, and they asked the government to drop its. MIT, to its great shame, was not as clear, and so the prosecutor had the excuse he needed to continue his war against the “criminal” who we who loved him knew as Aaron.

Here is where we need a better sense of justice, and shame. For the outrageousness in this story is not just Aaron. It is also the absurdity of the prosecutor’s behavior. From the beginning, the government worked as hard as it could to characterize what Aaron did in the most extreme and absurd way. The “property” Aaron had “stolen,” we were told, was worth “millions of dollars” — with the hint, and then the suggestion, that his aim must have been to profit from his crime. But anyone who says that there is money to be made in a stash of ACADEMIC ARTICLES is either an idiot or a liar. It was clear what this was not, yet our government continued to push as if it had caught the 9/11 terrorists red-handed.

Aaron had literally done nothing in his life “to make money.” He was fortunate Reddit turned out as it did, but from his work building the RSS standard, to his work architecting Creative Commons, to his work liberating public records, to his work building a free public library, to his work supporting Change Congress/FixCongressFirst/Rootstrikers, and then Demand Progress, Aaron was always and only working for (at least his conception of) the public good. He was brilliant, and funny. A kid genius. A soul, a conscience, the source of a question I have asked myself a million times : What would Aaron think ? That person is gone today, driven to the edge by what a decent society would only call bullying. I get wrong. But I also get proportionality. And if you don’t get both, you don’t deserve to have the power of the United States government behind you.

For remember, we live in a world where the architects of the financial crisis regularly dine at the White House — and where even those brought to “justice” never even have to admit any wrongdoing, let alone be labeled “felons.”

In that world, the question this government needs to answer is why it was so necessary that Aaron Swartz be labeled a “felon.” For in the 18 months of negotiations, that was what he was not willing to accept, and so that was the reason he was facing a million dollar trial in April — his wealth bled dry, yet unable to appeal openly to us for the financial help he needed to fund his defense, at least without risking the ire of a district court judge. And so as wrong and misguided and fucking sad as this is, I get how the prospect of this fight, defenseless, made it make sense to this brilliant but troubled boy to end it.

Fifty years in jail, charges our government. Somehow, we need to get beyond the “I’m right so I’m right to nuke you” ethics that dominates our time. That begins with one word : Shame.

One word, and endless tears.

[8] L’information de l’hommage à Aaron Swartz dans le bandeau de Creative Commons :

« Remembering Aaron Swartz

As a teenager, Aaron Swartz helped design the Creative Commons licenses. His genius is reflected in RSS, Archive.org, DemandProgress.org, and dozens of other important projects. - avec le portrait de Aaron Swartz par Jacob Appelbaum, (CC BY-SA) » - Jacob Appelbaum est un développeur indépendant dans les codes de sécurité et activiste des droits et contributeur au premier plan du projet Tor (anonymat en ligne), harcelé lui-même à propos de Anonymous et depuis plusieurs années à propos de Wikileaks qu’il a représenté au congrès de 2010 de HOPE (Hackers on Planet Earth, qui se tient traditionnellement à l’Hôtel Pennsylvania à Manhattan, New York City).

[9] On ne parle pas ici de la licence libre française crée par Antoine Moreau qui l’a associée à copyleft (fondé par des développeurs du Libre, Don Hopkins (également artiste), Richard Stallman), bien qu’elle fut d’emblée radicalement ouverte, contrairement à Creative Commons fondée par un juriste, car d’après Antoine Moreau lui-même Licence libre est une ironie critique du copyright, une licence d’art, un art en soi. Les licences Creative Commons ont été juridiquement fondées face au copyright — c’est d’ailleurs pour ça, parce qu’elles proposent un cadre légal d’ouverture du copyright, qu’elles ont fini par s’étendre sous la forme d’une licence de remix en plus du partage, pour wikipédia par exemple, afin d’éviter des conflits d’intérêt à propos de la qualité des copies.

[10] TarenSK Why Aaron died, 3 février 2013, op. cit..

[11] L’absence de critique à l’égard de la stratégie des défenseurs de Aaron Swartz est tellement surprenante, et pourtant s’imposant à l’idée de toute personne ayant tenté de comprendre l’enchaînement de ces événements fatals, que c’est l’objet du premier commentaire qui tombe sur le plus beau et approfondi des dossiers publiés sur Aaron Swartz depuis sa mort aux États-Unis, dans Slate, le 7 février 2013 : The idealist - Aaron Swartz wanted to save the world. Why couldn’t he save himself ?n By Justin Peters.

[12] Voici le manifeste écrit par A. Swartz en 2008 traduit en version française par un collectif publié le 14 janvier 2013 dans le site framablog :

 Manifeste de la guérilla pour le libre accès

Guerilla Open Access Manifesto

Aaron Swartz - juillet 2008 - Internet Archive (free download)

(Traduction : Gatitac, albahtaar, Wikinade, M0tty, aKa, Jean-Fred, Goofy, Léna, greygjhart + anonymous)

L’information, c’est le pouvoir. Mais comme pour tout pouvoir, il y a ceux qui veulent le garder pour eux. Le patrimoine culturel et scientifique mondial, publié depuis plusieurs siècles dans les livres et les revues, est de plus en plus souvent numérisé puis verrouillé par une poignée d’entreprises privées. Vous voulez lire les articles présentant les plus célèbres résultats scientifiques ? Il vous faudra payer de grosses sommes à des éditeurs comme Reed Elsevier.

Et il y a ceux qui luttent pour que cela change. Le mouvement pour le libre accès s’est vaillamment battu pour s’assurer que les scientifiques ne mettent pas toutes leurs publications sous copyright et s’assurer plutôt que leurs travaux seront publiés sur Internet sous des conditions qui en permettent l’accès à tous. Mais, même dans le scénario le plus optimiste, la politique de libre accès ne concerne que les publications futures. Tout ce qui a été fait jusqu’à présent est perdu.

C’est trop cher payé. Contraindre les universitaires à débourser de l’argent pour lire le travail de leurs collègues ? Numériser des bibliothèques entières mais ne permettre qu’aux gens de chez Google de les lire ? Fournir des articles scientifiques aux chercheurs des plus grandes universités des pays riches, mais pas aux enfants des pays du Sud ? C’est scandaleux et inacceptable.

Nombreux sont ceux qui disent : « Je suis d’accord mais que peut-on y faire ? Les entreprises possèdent les droits de reproduction de ces documents, elles gagnent énormément d’argent en faisant payer l’accès, et c’est parfaitement légal, il n’y a rien que l’on puisse faire pour les en empêcher. » Mais si, on peut faire quelque chose, ce qu’on est déjà en train de faire : riposter.

Vous qui avez accès à ces ressources, étudiants, bibliothécaires, scientifiques, on vous a donné un privilège. Vous pouvez vous nourrir au banquet de la connaissance pendant que le reste du monde en est exclu. Mais vous n’êtes pas obligés — moralement, vous n’en avez même pas le droit — de conserver ce privilège pour vous seuls. Il est de votre devoir de le partager avec le monde. Et c’est ce que vous avez fait : en échangeant vos mots de passe avec vos collègues, en remplissant des formulaires de téléchargement pour vos amis.

Pendant ce temps, ceux qui ont été écartés de ce festin n’attendent pas sans rien faire. Vous vous êtes faufilés dans les brèches et avez escaladé les barrières, libérant l’information verrouillée par les éditeurs pour la partager avec vos amis.

Mais toutes ces actions se déroulent dans l’ombre, de façon souterraine. On les qualifie de « vol » ou bien de « piratage », comme si partager une abondance de connaissances était moralement équivalent à l’abordage d’un vaisseau et au meurtre de son équipage. Mais le partage n’est pas immoral, c’est un impératif moral. Seuls ceux qu’aveugle la cupidité refusent une copie à leurs amis.

Les grandes multinationales, bien sûr, sont aveuglées par la cupidité. Les lois qui les gouvernent l’exigent, leurs actionnaires se révolteraient à la moindre occasion. Et les politiciens qu’elles ont achetés les soutiennent en votant des lois qui leur donnent le pouvoir exclusif de décider qui est en droit de faire des copies.

La justice ne consiste pas à se soumettre à des lois injustes. Il est temps de sortir de l’ombre et, dans la grande tradition de la désobéissance civile, d’affirmer notre opposition à la confiscation criminelle de la culture publique.

Nous avons besoin de récolter l’information où qu’elle soit stockée, d’en faire des copies et de la partager avec le monde. Nous devons nous emparer du domaine public et l’ajouter aux archives. Nous devons acheter des bases de données secrètes et les mettre sur le Web. Nous devons télécharger des revues scientifiques et les poster sur des réseaux de partage de fichiers. Nous devons mener le combat de la guérilla pour le libre accès.

Lorsque nous serons assez nombreux de par le monde, nous n’enverrons pas seulement un puissant message d’opposition à la privatisation de la connaissance : nous ferons en sorte que cette privatisation appartienne au passé. Serez-vous des nôtres ?

Aaron Swartz [retour].

[13] Heureusement, dès le 18 janvier, Larry Lessig (op. cit.), disait dans son blog une semaine après le drame, qu’il avait beaucoup dormi puis téléphoné et communiqué avec tous ceux qui pouvaient l’éclairer, pour vraiment chercher à comprendre ce qui s’était passé (entendre : ce qui avait pu lui échapper), et il commença à se poser les bonnes questions ou du moins à trouver les bonnes réponses démocratiques, c’est-à-dire, premièrement, que le procès de Aaron, comme la mort que ce procès avait provoquée, sa cause, comme l’engagement de Aaron, étaient politiques — et il cite Martin Luther King (qui finit par être assassiné par le FBI) pour comparer son cas de comparution judiciaire ; mais sans oser comparer directement les deux époques, restant précis ou prudent — pour ne pas faire d’attaque frontale au gouvernement Obama. Mais finalement il en déduit que ce n’était qu’un procès politique. À savoir, secondement, que les États-Unis n’étaient plus une démocratie de droit pour le droit mais le contraire, et notamment qu’il avait réalisé toute l’inversion de la démocratie américaine quand il avait connu la réponse de la procureure Ortiz, à l’interpellation que lui avaient faite des congressistes et des intellectuels, à propos de la mort de Aaron. Souhaitons qu’il saura se relever de la perte de son ami, et d’avoir perdu le procès de Aaron avant même qu’il ait eu lieu, pour parvenir à régler la justice qui s’impose sur les acteurs et les décisionnaires de la justice, aux personnalités qui ont pensé en faire carrière, qui ont été autorisées et même encouragées à tuer Aaron Swartz.

[14] Sur le hacking, voir Bulk Downloading, Aaron Swartz, and Terms of Service (Internet Archive Blogs , January 30, 2013), et l’information de la mort et du mémorial d’Aaron Schwartz à an Francisco le 24 janvier + la vidéo de son exposé à F2C en mai 2012 - Eulogy by Brewster Kahle, (Internet Archive Blogs , January 12, 2013).

 

Collé à partir de <http://www.larevuedesressources.org/aaron-swartz-web-revolution-et-social-democratie,2499.html>