13 mars 2013
[Le Street Art dans tous ses états —
Collecte de graffiti depuis quarante ans,
textes & images en attendant le printemps.]
À
force de célébrer l’âge d’or du
graffitisme made in 68, on l’a confiné, embaumé,
fossilisé en une sorte de défouloir scriptural sans
lendemain. Et pourtant, des seventies à l’immédiat
aujourd’hui, ça n’a pas cessé de
proliférer, se renouveler, passer de main en main, n’en
déplaise à ceux qui voudraient traiter tous les tags au
Kärcher sous prétexte de vandalisme autistique.
Alors,
pour donner à voir la permanence anonyme & clandestine de
la poésie subversive depuis quatre décennies, on a
fureté un peu partout, depuis les bombages des années
69-71 à Aix-en-Provence ou à la fac de Vincennes,
jusqu’au renouveau du pochoir révolutionnaire de Tunis à
Barcelone, en passant par les petits mots doux & rageurs qui font
partout des petits : à Besançon ou Melbourne, Toulouse
ou Oakland, Marseille ou Londres, Paris ou Montreuil, malgré
l’efficacité implacable des caméras de
vidéosurveillance et des équipes de nettoyage privées
ou municipales.
D’où cette compilation numérique, comme un chantier à ciel ouvert, qui voudrait recenser ces bribes d’écritures malhabiles, lacunaires ou sidérantes, glanés depuis quelques années sur des sites web ou, pour les plus contemporaines, avec mon appareil photo toujours aux aguets, et l’aide de quelques comparses amateurs…
Ici, nul souci d’exhaustivité, puisque la tâche est infinie par définition même. Mais, tout de même, ce recueil provisoire compte déjà plus de 2500 graffiti distincts – transcrits in extenso, datés et localisés. Juste le work in progress d’un recensement partiel & partial, qui un de ces jours deviendra peut-être un gros bouquin, mais pour l’heure, on peut feuilleter ou télécharger son état actuel en format pdf ici même….
Et dans la foulée, pour donner envie à quelques transcripteurs de me prêter main forte, pour enrichir la liste de leurs trouvailles in situ ou pour en inventer d’autres à faire soi-même, à découvrir ci-dessous, quelques messages plus ou moins récents extraits de cette somme, piochés parmi tant d’autres.
question everything
[why]
[UK, Manchester, 5 février 05
la vie ne suffit pas
[Bruxelles, sur macadam, 26 août 06]
é meglio sedurre
o essere seduti?
[Italie, Milan, 07]
identifier un doute
avec certitude
grâce à son ombre
[Paris xx, rue Denoyez, au pochoir,
«Pedrô», 20 février 07]
mordre et tenir
[Nantes, 11 mai 07
je néant vide rien
[Montpellier, au pochoir, 5 mars 07]
l’oignon fait la farce
[Bruxelles, place de Brouckère, 15 juillet 08]
je ti amo
[Italie, Gênes, 30 juillet 09]
sois citoyen
dénonce ton voisin
[ou pas]
[Poitiers, 17 janvier 09]
art cru contre
propagande incroyables!
[Paris XX, rue des couronnes, 27 avril 09]
être dans les statistiques
faire 1 bébé et demi
[Paris XI, avenue Jean Aicard,
«Zoo Project», 24 septembre 09]
il est facile de frapper
un oiseau au vol uniforme
[Belgique, Bruxelles, au pochoir, 27 novembre 09]
per ritrovarsi, bisogna perdersi…
[Italie, Caserta, février 10]
please stand by
[Crépy en Valois, «VBNC», 30 juillet 10]
s’éprouver
un petit peu
[Paris XX, au tampon encreur, 12 août 10]
le poppers est de nouveau
en vente libre!
[Marseille, au pochoir, 5 octobre 10]
you will never be famous
[Los Angeles, «Xvala», janvier 11]
quand fond la neige
où va le blanc?
[Paris XX, 10 janvier 11]
toujou couri pou ganié vi
quand tro courru vi lé foutu
[Suisse, Lausanne, mi-janvier 11]
la vie c’est un test
[Besançon, 4 février 11]
la honte de n’être plus rien
[Marseille, 8 mars 11]
quand les corps tombent
les âmes rebondissent
[Montreuil, rue de la Demi-Lune,
intérieur squat, juin 11]
embrassons l’amour
sans lâcher ton fusil
[Lyon, Croix-Rousse, 25 novembre 11]
des miettes sinon rien
[Arles, papier collé, 1er janvier 12]
love takes hostages
[USA, Los Angeles, au pochoir,
«nomatter whatness», 17 avril 12]
encore une histoire
sans lendemain
[Marseille, au pochoir, 20 avril 12]
– why sad?
– why not?
[Grèce, Athènes, quartier Exarhia,
au pochoir, 21 mai 12]
pardonnez-nous
nos enfances
[Paris IV, juillet 12]
rien ne se passe
cependant tout arrive
[Paris XX, sur grilles square,
rue des Couronnes, novembre 13]
i hate monday morning
[Portugal, Lisbonne, janvier 13]
si tu pense ce que veux
tu auras ce que peux
[Paris XX, rue Belgrand, 2 janvier 13]
à l’école étais-tu
déguisé en enfant?
[Paris I, rue des Bourdonnais, «Fred le Chevalier», 5 janvier 13]
j’ai pas attendu facebook
pour taguer sur un mur
[Paris I, impasse des Bourdonnais, 8 janvier 13]
travailleurs ou pas
rebellez-vous
[Besançon, 9 janvier 13]
illuminati killed
michaël jackson
[Paris III, rue Charlot,
«Skki©», 10 janvier 13]
rien est vrai
tout est permis
[Bobigny, chemin latéral, mi-janvier 13]
75%? évadez-vous!
[Paris XVIII, rue Championnet, mi-janvier 13]
ne mordez plus
à l’hameçon
[Lyon, Croix-Rousse, 25 janvier 13]
les meutes!
[Paris III, rue des 4 fils. 3 février 13]
sauvez-moi de ma famille
[Paris XI, rue de la roquette, 9 février 13]
les nuits
étant tabou
[Paris XI, rue Froment, 10 février 13]
ton père la cochonne
[Paris XVIII, rue Coustou, mi-février 13]
c’est dûre
dir 1000 foi
par jour
hamdoulilah [dieu merci]
[Algérie, Oran, à la craie, 19 février 13]
désoler
ont est
défoncer
[Niort, 22 février 13]
les nostalgiques m’emmerdent
[Lyon, Croix-Rousse, 28 février 13]
fume ton crack
et adule satan
[Montreuil, rue Marcel Sembat, «1kult», 2 mars 13]
comme le vizir
j’aime m’abandonner
à des plaisirs
[Paris XX, rue Julien Lacroix, 4 mars 13]
Outre cette compilation systématique & hasardeuse de quarante ans d’écritures murales, on trouvera sur le site deux diaporamas sur le même sujet, l’un consacré aux bombages des années 70 et l’autre s’enrichissant au jour le jour d’inscriptions plus récentes, glanées sur le Net ou prises sur le vif, sur cette page-là.
Et une quarantaine de graffiti en image, issus de mes découvertes des derniers mois, soit empruntés sur le Net, soit photographiés par mes soins.
Collé à partir de <http://www.archyves.net/html/Blog/?p=4483>