" Tout est près. Les pires conditions matérielles sont excellentes. Les bois sont blancs ou noirs. On ne dormira jamais." André Breton, Manifeste du surréalisme, 1924.
Calais, le jour d’après, par Olivier Favier.
Le 2 juillet 2014, à 6h30 du matin, le centre d’hébergement de la rue de Moscou a été évacué par les forces de l’ordre. L’article qui suit est le récit de choses vues et entendues les 3 et 4 juillet, en marge des comptes-rendus factuels rapportés par les principaux médias, sur la base des déclarations officielles et des dépêches de l’AFP.
Calais, 3 juillet 2014. Au bureau de France Terre d’asile et de Médecins du monde. Les équipes se préparent à partir à la recherche des « jungles » qui ont remplacé le lieu de rassemblement de la rue de Moscou. © Olivier Favier. Reproduction non autorisée.
« Mais la guerre en Afrique est finie! » L’employée du petit hôtel, qui offre café et sourire et cherche tant bien que mal à se protéger de la réalité qui lui est exposée, sait peu ou rien des quelques 20 ou 30 nouveaux migrants qui, chaque jour, se retrouvent bloqués à Calais dans leur voyage au sortir de l’enfer. Ils ne sont pas tous africains, même si la majeure partie d’entre eux vient d’Érythrée et du Soudan, deux pays où la guerre existe à l’état endémique. Le premier est depuis plus de vingt ans sous le joug d’une dictature qui n’a rien à envier à la Corée du Nord. Si les Français ignorent jusqu’à son existence, les instances internationales, elles, observent l’hémorragie de ce petit pays de la Corne de l’Afrique avec un mélange de complaisance et de passivité. Sur cinq millions d’habitants, près d’un cinquième ont choisi l’exil. Les Érythréens de Calais sont jeunes, très jeunes, beaucoup d’entre eux ont 16 ou 17 ans, et déjà plusieurs mois ou années d’errance à leur actif, de l’Éthiopie à la Libye, avant de traverser la Méditerranée. « Les Italiens sont gentils, remarquent plusieurs d’entre eux, on nous a bien accueillis, mais là-bas il n’y a pas de travail, et moi je veux aller en Angleterre pour faire des études ». La France, ils n’y pensent même pas. « French language is difficult » répètent-ils un peu perdus, et puis le climat est hostile, il n’y a pas de structure d’accueil. Ahdi a 16 ans. Le matin même, avec son ami Abdkarim et un autre jeune Érythréen, ils ont eu à faire aux forces de l’ordre. « What’s the problem with police? » dit-il avec une moue de colère et de dépit assez inhabituelle, tant le mutisme et la résignation dominent chez la plupart de ces jeunes gens, à bout d’épuisement et d’humiliation. Il soulève son pantalon : une longue et lourde boursouflure traverse son frêle tibia d’adolescent.
Calais, 3 juillet 2014. Le 2, à 6 heures et demi du matin, le lieu d’hébergement de la Rue de Moscou a été évacué, les gens emmenés par la police dans différentes villes du nord de la France. Beaucoup d’entre eux sont déjà de retour le lendemain. Ils attendent leur unique repas du jour, rue de la Moselle, à 6 heures du soir. Ceux qui suivent le Ramadan mangeront une soupe froide, après le crépuscule. © Olivier Favier. Reproduction non autorisée.
Chaque homme dans sa vie.
La plupart se refusent pourtant à prononcer des jugements généraux sur les peuples qu’ils ont rencontrés. Les Soudanais recourent volontiers à une métaphore, joignant le geste à la parole : « Les hommes sont comme les doigts de la main, ils sont tous différents. » Ces mots ne sont que sagesse, car aussitôt qu’on le raconte, chaque parcours se distingue peu à peu de milliers d’autres semblables, en dépit des récurrences tragiques. Elias a 26 ans et il est chrétien orthodoxe. Il a quitté Asmara pour l’Éthiopie alors qu’il avait 2 ans. En 2000, son père a été arrêté parce que soupçonné d’être un agent du gouvernement érythréen, puis il n’a plus donné signe de vie. En 2006, la mère et la sœur d’Elias ont repassé la frontière. Sur le conseil de sa mère, il est parti vivre au Soudan, échappant ainsi à des années de conscription absurde et meurtrière, comme c’est de règle dans le régime sanguinaire d’Issaias Afeworki. Il a travaillé dans l’agriculture, un travail dur, « you know like that » explique-t-il en arrachant avec vigueur une poignée de mauvaises herbes. À la frontière égyptienne, il a eu quelques mois de répit, comme serveur dans un café. Puis il a gagné la Libye où il a vécu un enfer. Régulièrement, les migrants comme lui sont arrêtés puis libérés contre paiement d’une somme de 1 200 dollars. Ceux qui ne peuvent pas s’en acquitter demeurent six ou sept mois en prison. Il a traversé la Méditerranée le 9 avril dernier. Ils étaient 109 à bord, d’autres Érythréens bien sûr, mais aussi des Éthiopiens, des Gambiens, des Sénégalais. L’embarcation est tombée en panne dans sa route vers Lampedusa, la marine italienne est intervenue pour emmener les passagers en Sicile. À Rome, Elias a trouvé refuge dans un foyer érythréen. Certains de ses amis sont partis pour la Suède, les Pays-Bas, l’Allemagne ou la Norvège. Il a préféré l’Angleterre, un choix qu’il attend de pouvoir concrétiser à Calais depuis un mois. Lorsque la police a cerné le squat de la rue de Moscou, le 2 juillet dernier, il avait quitté les lieux depuis plus de deux heures. « J’essayais de passer, confie-t-il en souriant. Je voudrais étudier là-bas, je veux essayer de partir. En fait, je ne veux qu’une seule chose, je veux seulement travailler. »
Calais, 3 juillet 2014. Un billet de train abandonné Quai de la Moselle par un migrant. La grande majorité des réfugués sont passés par Lampedusa -ou la Sicile. Ils ont passé la frontière entre Vintimille et Nice avant de rejoindre Paris et Calais. © Olivier Favier. Reproduction non autorisée.
Ahmed est soudanais et il est musulman. Son père et son frère ont été tués devant lui parce qu’ils cherchaient à empêcher le viol de sa sœur. Elle aussi a été assassinée. C’était le 22 juin 2006. Il a passé quatre ans en Libye avant de se lancer dans la traversée. Son embarcation est arrivée à Lampedusa, le 13 juin. Il est depuis une semaine à Calais.
À côté de ses populations importantes -auxquelles il faut ajouter les Syriens et les Afghans- il y a quantité de cas plus ou moins « atypiques ». Deux jeunes du Cachemire, pareils à ces jeunes Européens que les universités envoient chaque année en séjour Erasmus, se sont rencontrés en Italie il y a quelques mois. Ils sont devenus inséparables. Le premier a passé trois ans en Angleterre avec un visa d’étudiant. À expiration de son permis de séjour, il a cru bon de renouveler son autorisation -il avait un travail à Londres- en se rendant dans un pays réputé plus facile d’accès. Son ami est arrivé à Rome par ses propres moyens en traversant la Turquie et la Grèce. L’un et l’autre ont pris le train pour la France. Ils sont bloqués à Calais depuis plusieurs semaines.
Un jeune homme s’approche, sourire aux lèvres: « Je suis le premier Ouzbek ». Il montre la photographie d’un bébé, sa fille, sur un téléphone portable. Puis il regarde les vêtements qu’ils portent, salis et usés par les nuits passées dehors. « Regarde ce que je suis devenu en quinze jours, commente-t-il avec un rire plein de stupeur, c’est la première fois que ça m’arrive, si ma mère me voyait ». À côté de lui, alors qu’on vient de distribuer le seul repas quotidien, un jeune Soudanais est allongé, immobile, depuis un bon quart d’heure. Une infirmière s’inquiète: « Il ne va pas bien du tout, il faut appeler les pompiers. »
Calais, 4 juillet 2014. Teskay a vingt ans, c’est l’un des nombreux Erythréens qui attendent à Calais de pouvoir passer en Angleterre. Son voyage lui a fait traverser deux pays parmi les moins sûrs du monde, le Soudan et la Libye. © Olivier Favier. Reproduction non autorisée.
Un anéantissement symbolique.
Le point de ravitaillement de la rue de Moscou, où plusieurs centaines d’hommes venaient passer la nuit, a été évacué officiellement pour raisons d’hygiène. On y a constaté une épidémie de gale, en l’absence aussi de moyens sanitaires adaptés à une telle fréquentation. Après la fermeture forcée de deux autres squats le 28 mai dernier, les forces de l’ordre sont intervenues en masse, faisant appel à des unités extérieures -CRS, BAC et gendarmes mobiles. Le camp a été encerclé, après validation par le Tribunal administratif de Lille d’une décision de la mairesse Natacha Bouchart (UMP). Les modalités de cette action ont surpris nombre de militants. Le 2 juillet, à 6h30 du matin, le camp était cerné, toute issue vers la mer étant barrée par des zodiacs. « Les policiers sont entrés, explique un membre du collectif No Border, et ils ont fait sortir tous les blancs, militants et journalistes. Ces derniers ont été tenus à l’écart durant toute la durée des opérations. Mais les migrants qui faisaient mine de sortir sans opposer de résistance ont été repoussés vers l’intérieur, à l’exception de quelques uns qui sont parvenus à s’enfuir. Les autres, 610 en tout, ont été rangés par nationalité puis chargés dans quatorze bus numérotés. Les bus ont rejoint les commissariats de différentes villes, Béthune, Lille, Rennes etc. Les mineurs ont été transférés dans un centre ouvert, dont ils se sont aussitôt enfuis. » Trois militants ont été placés en garde à vue le matin-même. Deux autres ont été arrêtés à dix-huit heures. Le premier, qui avait hébergé une vingtaine de migrants, est sorti de chez lui les menottes aux poignets. La deuxième, d’après plusieurs témoins, a simplement manifesté sa peur devant cette interpellation.
Calais, 4 juillet 2014. Mounir et Mohammed ont 20 et 17 ans. Ils viennent du Soudan. Ils marchent sur une voie de chemin de fer à l’abandon, de retour d’une « jungle » lointaine vers les marges du centre-ville. © Olivier Favier. Reproduction non autorisée.
Le lendemain, une militante d’une autre association explique: « Les migrants arrêtés nous ont tous raconté la même histoire. Arrivés au commissariat, on les a gardés une dizaine de minutes, puis on leur a dit qu’ils pouvaient partir. Je pense que quatre-vingts pour cent d’entre eux sont revenus dans la soirée d’hier. On est inquiets aussi pour les autres, dont on est sans nouvelle. » Le matériel fourni par les associations (France Terre d’asile ou le Secours catholique) a été saisi et placé dans deux bennes. « Ils nous ont dit qu’on pourrait tout récupérer le lendemain matin. » Arrivés à la décharge, bénévoles, associatifs et militants ont trouvé les équipements détruits. Dans l’après-midi du 3, les équipes de Médecins du monde sont parties à la recherche des « jungles » -des terrains à l’écart de la ville où des groupes plus ou moins importants de migrants se sont rassemblés- et ont procédé à une nouvelle distribution de matériel d’urgence. L’action menée par les forces de l’ordre, très coûteuse en hommes et en logistique, l’a été aussi pour les structures chargées de porter secours à des populations vivant dans la plus extrême précarité et que d’aucuns considéreraient, s’il s’agissait de ressortissants européens victimes d’une catastrophe (inondation, attentat ou enlèvement), comme en état de grande fragilité psychique suite à des chocs traumatiques répétés. Du strict point de vue de l’ordre public, elle n’a fait que rendre plus délicate toute structuration d’une communauté fragile et désorganisée, renvoyée une fois de plus vers une marginalité inutile et contre-productive. Tout se passe en effet comme si, au niveau symbolique, il s’agissait de faire disparaître les gens. « La jungle est faite pour les singes, pas pour les êtres humains » dit un Soudanais sous ce qui est devenu un grand arbre à palabres, où ses compagnons d’infortune ont accroché quelques vêtements à sécher.
Calais, 4 juillet 2014. Ionas est érythréen, il a 22 ans. Je l’ai rencontré tandis qu’il attendait avec d’autres sous le pont d’une voie rapide aux environs du port. Tandis que nous parlions, un camion de la police est passé en klaxonnant. Un policier nous a regardés derrière ses lunettes noires, nous invitant de la main à quitter les lieux. © Olivier Favier. Reproduction non autorisée.
Le 4 au soir, après deux journées épuisantes passées à collecter les témoignages et à recenser les points de rassemblements, les associations se sont faites plus discrètes. La veille, des personnes extérieures aux structures organisées sont venues prêter main forte. Un pompier est passé livrer des sandwichs, une infirmière est venue dispenser soins et conseils, comme elle le fait chaque jour, en dehors de ses heures de travail. Le matin, quelques 70 femmes et enfants d’un squat ont été légalement déplacés dans des locaux gérés par le Secours catholique. Le soleil commence à descendre sur Calais, les habitants se rendent en foule vers la plage pour regarder le match France-Allemagne sur un écran géant. Deux jeunes filles, les joues peintes de bleu blanc rouge, esquintent une Marseillaise. Leur improvisation guerrière s’ouvre sur un vers lourd de sens, deux mots lugubres, spécieux et hors d’âge -sang impur. Ils résonnent et se perdent bientôt au long de la rue royale, au cœur d’un centre-ville où les réfugiés sont absents.
Calais, 4 juillet 2014. Le lieu évacué de la rue de Moscou depuis le phare de Calais. Le jeune guide se souvient que deux jours plus tôt on voyait encore les migrants. Il soupire: « C’est compliqué. » © Olivier Favier. Reproduction non autorisée.
Les associations et collectifs présents à Calais:
· Passeurs d’hospitalité, chronique des exilés à Calais.
· Le site de l’association Salam à Calais, présidée par Jean-Claude Lenoir. Ce dernier a fait partie des personnes placées en garde à vue le 2 juillet au matin. On peut l’entendre dans un entretien de 2009 à la sortie du film Welcome de Philippe Lioret.
· Le site de l’Auberge des migrants à Calais. Un membre de l’association a été placé en garde à vue le 2 juillet au matin.
· Calais migrants solidarity, un site géré par le collectif No border. Voir notamment la page, Calais, cette frontière tue, énumération non exhaustive des décès à la frontière entre la France et l’Angleterre. 3 militants du collectif No border ont été placés en garde à vue le 2 juillet, un le matin, deux autres en fin d’après-midi. Et aussi l’article réalisé sur Rue 89 le 10/04/2011 à partir des documents vidéos collectés par les militants: « Harcèlement policier à Calais: les vidéos qui font honte. »
· Le bureau d’information de France terre d’asile à Calais.
· L’antenne régionale de Médecins du monde, qui à Calais partage ses bureaux avec France terre d’asile.
· La délégation du Secours catholique pour le Pas-de-Calais, association qui gère depuis le 4 juillet le centre d’hébergement des femmes et des mineurs. Contactée, l’antenne du Secours populaire m’a fait savoir qu’ »elle ne s’occupait pas des migrants » et m’a renvoyé vers le Secours catholique.
Calais, 4 juillet 2014. Le portail de l’ancien lieu d’hébergement de la rue de Moscou. Un migrant a écrit son désir de vivre en Angleterre, un autre a collé son étiquette de bagage Eurolines, dans les trous de la grille, des menottes en plastique ont été glissées. © Olivier Favier. Reproduction non autorisée.
Quelques articles de ce site sur les migrants et les réfugiés:
· Yahya Khedr, itinéraire d’un réfugié syrien, par Olivier Favier. Discussion avec un réfugié syrien à Saint-Ouen, en avril 2014.
· Les noirs de Tawargha dans les limbes des camps de réfugiés, par Antonio M. Morone. Sur le racisme en Libye.
· Conscience et humanité noyées, par Olivier Favier. Autour du naufrage au large de Lampedusa, le 3 octobre 2013.
· Omar et la mécanique du monde, par Léonard Vincent.
· Érythrée, rouge et invisible, entretien avec Léonard Vincent. Pour comprendre l’histoire et la situation actuelle de ce petit pays de la Corne de l’Afrique.
· RESF, résister en réseau, entretien avec Brigitte Wieser, du Réseau Éducation Sans Frontière.
· La politique des deux pas, entretien avec Pierre Henry, directeur général de France terre d’asile.
À lire:
· Haydée Sabéran, Ceux qui passent, Paris, Carnets nord, 2012. Et sur Libération du 4 juillet 2014, « Enfermés dehors à Calais ». Avec quelques photographies de Lionel Charrier, lesquelles sont exposées aux Rencontres d’Arles du 7 au 13 juillet 2014.
Mise à jour:
· La Voix du Nord annonce une manifestation des migrants pour le samedi 12 juillet à 14h, place d’Armes à Calais. Compte-rendu de la dite manifestation sur le même journal le 12 juillet.
· Un article du blog Fini de rire sur Médiapart en date du 8 juillet fait état d’environ 140 personnes retenues en Centre de rétention administratif, pour lesquelles un nombre conséquent d’Obligations à quitter le territoire français ont été prononcées.
· Éditorial de Pierre Henry, directeur général de France terre d’asile, à la lettre d’abonnement n°74 de juillet 2014 -envoyée le 15 juillet-:
Calais ou le rêve d’Ubu
L’opération de police réalisée à Calais le 2 juillet dernier n’est que la énième répétition des évacuations mises en œuvre depuis 15 ans à cette porte de sortie de l’Europe. Elles sont tellement répétitives qu’elles en arrivent même à lasser les médias, pourtant friands d’opérations coup de poing.
Les résultats d’une telle action justifient-ils un tel entêtement ?
120 mineurs isolés étrangers ont été acheminés vers deux centres de loisirs où aucun éducateur spécialisé n’était présent pour les encadrer. Résultat : la moitié avait déjà repris la route à peine arrivés. Au bout de cinq jours, il n’en restait plus qu’un seul. 205 personnes ont été placées en centre de rétention loin de Calais (Rouen, Metz, Rennes…) suite à des décisions stéréotypées notifiées à la chaîne. Cinq jours plus tard, c’est la préfecture elle-même qui libérait toutes les personnes encore retenues !
Au final, le seul résultat de ces opérations, aussi coûteuses pour le contribuable qu’inefficaces, est d’enfoncer un peu plus les migrants dans l’incertitude et la précarité, avant de les retrouver d’ici quelques semaines ou quelques mois, aux abords de … Calais.
Ubu est français, Ubu est anglais, il est peut-être même européen. Ils devraient pouvoir discuter ensemble.
Calais, 4 juillet 2014. Les environs du port sont entièrement « sécurisés ». L’accès en est empêché par des fils barbelés et des systèmes de surveillance. Ce panneau est écrit en français, en anglais et en arabe. © Olivier Favier. Reproduction non autorisée.
Collé à partir de <http://dormirajamais.org/calais/>