Covid-19 : quand faut-il passer un test PCR ou antigénique… et quand vaut-il mieux s'abstenir ?

Plus de deux millions de tests PCR sont désormais réalisés chaque semaine par les laboratoires. Pour compléter la stratégie de dépistage, en plein rebond de l'épidémie, des tests antigéniques sont déployés en pharmacie.

Article rédigé par

Jessica Komguen, Alice Galopin - Louis Boy

France Télévisions

Publié le 12/11/2020

 

Un test antigénique réalisé dans un centre de dépistage Covid-19, installé au palais des expositions de Nice (Alpes-Maritimes), le 15 octobre 2020. (ARIE BOTBOL / HANS LUCAS / AFP)

Alors que la deuxième vague de Covid-19 frappe la France, le nombre de tests de dépistage s'envole. Entre lundi 26 octobre et dimanche 1er novembre, plus de deux millions de tests PCR ont été réalisés, selon le bulletin épidémiologique de Santé publique France, publié jeudi 5 novembre. C'est deux fois plus que le nombre de tests hebdomadaires effectués à la sortie de l'été. Pour aider les laboratoires, soumis à une forte affluence, un système de priorisation des tests PCR a été mis en place, à la mi-septembre, avec des créneaux horaires réservés pour les personnes qui ont des symptômes, les cas contacts et le personnel soignant. 

Afin de "compléter et renforcer" cette stratégie de dépistage, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé, jeudi 29 octobre, le déploiement des tests antigéniques, moins fiables que les tests PCR, mais dont le résultat est délivré en 30 minutes maximum. Les pharmaciens, infirmiers et médecins sont désormais autorisés à réaliser ces tests, jusque-là expérimentés dans le cadre d'opérations de dépistage collectif. "A la fin du mois, la moitié des pharmacies feront des tests antigéniques", a assuré, vendredi 6 novembre, Gilles Bonnefond, le président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), sur franceinfo.

Alors, dans quelle situation devez-vous être dépisté ? Quand faut-il vous abstenir ? Quel est le bon timing pour se faire tester ? Devez-vous privilégier le test PCR ou le test antigénique ? Vous avez peut-être du mal à vous y retrouver. Franceinfo a préparé un questionnaire pour vous éclairer.

Dans quelles situations faut-il passer un test PCR ou un test antigénique ? (JESSICA KOMGUEN / FRANCEINFO)

Avez-vous des symptômes ?

Il s'agit de la raison la plus évidente de se faire tester. Toutefois, il vaut mieux toujours demander l'avis de votre médecin, potentiellement par téléphone, même s'il vous confirmera sans doute l'intérêt d'être dépisté. La liste des symptômes du Covid-19 commence à être connue : toux, fièvre, nez qui coule, ou encore perte du goût ou de l'odorat. Vous n'avez pas besoin de présenter tous ces signes pour être malade du Covid-19, un seul peut suffire. Mais la confusion possible avec les manifestations d'autres virus saisonniers représente un motif supplémentaire pour demander conseil auprès d'un professionnel.

Quel type de tests devez-vous réaliser si vous avez des symptômes ?

Votre médecin pourra vous recommander d'effectuer un dépistage PCR, qui "reste le test de référence dans la détection du virus", rappelle la Haute Autorité de santé (HAS), dans un avis du 8 octobre. Dans ce cas, il vous fournira une prescription, qui vous permettra de faire partie des personnes prioritaires et de bénéficier de créneaux réservés dans les centres de dépistage.

Si un test PCR ne peut être obtenu sous 48 heures, votre médecin pourra vous orienter vers un test antigénique. Attention, si vous avez plus de 65 ans ou que vous présentez une comorbidité (maladie chronique, obésité, etc.), cette solution ne pourra pas vous être proposée, prévoit un arrêté du 16 octobre, et vous devrez effectuer un test PCR, plus fiable.

Les tests antigéniques doivent être effectués dans les quatre premiers jours après l'apparition des symptômes, car "c'est la période durant laquelle ils sont les plus performants", selon la HAS. Si votre médecin est équipé, il pourra réaliser le test dans son cabinet. Sinon, il vous invitera à l'effectuer dans une pharmacie. Vous n'aurez pas besoin d'ordonnance, mais il est préférable de prendre rendez-vous auprès de votre officine. Comme les dépistages PCR, les tests antigéniques sont, dans tous les cas, intégralement pris en charge par la Sécurité sociale.

Etes-vous un cas contact ?

Vous pouvez, sans présenter de symptôme, être porteur du virus. Le risque que vous ayez été contaminé existe notamment si une personne que vous avez récemment côtoyée est testée positive. Selon les modalités de votre rencontre, vous pouvez être considéré comme un cas contact. Si la personne positive a donné votre nom, l'Assurance-maladie vous contactera via l'adresse mail rattachée à votre compte Ameli

Les enquêteurs de l'Assurance-maladie s'appuient sur une définition bien précise de ce qui constitue un contact. Cela peut être : un face-à-face à moins d'un mètre, sans masque, quelle que soit sa durée ; au moins 15 minutes passées dans le même espace confiné, toujours sans masque ; avoir été en face de la personne pendant plusieurs épisodes de toux ou d'éternuements. Vous trouverez la totalité des critères sur le site de l'Assurance-maladie.

Vivez-vous avec une personne contaminée ?

Si la personne testée positive vit avec vous, mieux vaut alors faire un dépistage le plus rapidement possible. Là encore, l'Assurance-maladie vous contactera. Sur son site, celle-ci indique qu'il vous faut rester isolé "jusqu'à la guérison du malade", même si votre test est négatif, puis encore sept jours après sa guérison. Passé ce délai, vous devez effectuer un nouveau dépistage. S'il est à nouveau négatif et en l'absence de signe de la maladie, l'isolement prend fin.

Si vous ne vivez pas sous le même toit que le malade, l'Assurance-maladie vous invitera à réaliser un test sept jours après votre dernier contact avec lui. En le faisant plus tôt, vous risqueriez d'être déclaré à tort négatif. Vous devez vous isoler d'ici là, et au moins jusqu'à la réception du résultat. 

Quel type de test devez-vous réaliser si vous êtes cas contact ?

L'Assurance-maladie vous invitera à vous isoler et à passer un test PCR, selon les délais recommandés. En tant que cas contact, vous serez considéré comme une personne prioritaire, et vous pourrez bénéficier de créneaux réservés dans les centres de dépistage.

Pour l'heure, les tests antigéniques ne sont pas destinés aux personnes contacts, précise le site de la Sécurité sociale. "Cette position sera réévaluée rapidement en fonction de la disponibilité des données cliniques" sur l'efficacité de ces tests chez les cas contacts et "du fait de l'intérêt manifeste des tests antigéniques dans la lutte contre la propagation de l'épidémie", selon l'avis de la HAS.

Une personne de votre entourage est-elle un cas contact ?

Si une personne que vous avez fréquentée récemment, ou avec laquelle vous vivez, a été en contact avec une personne positive, il est logique de vous demander si, par son intermédiaire, vous avez pu être également contaminé. Néanmoins, évitez de vous précipiter dans un centre de dépistage, même si vous en avez parfaitement le droit.

Votre proche devenu cas contact va de toute façon devoir faire un test, au terme duquel il saura s'il est positif, et donc s'il a pu vous transmettre le virus. En attendant le verdict, les autorités sanitaires ne vous demandent pas de passer un test. "On se retrouverait vite à tester 60 millions de Français", expliquait à franceinfo, en septembre, Lionel Barrand, le président du Syndicat national des jeunes biologistes médicaux, pour qui une telle logique contribuerait à engorger les laboratoires. Vous ne seriez par ailleurs pas prioritaire pour passer un test, et exclu de certains créneaux. En attendant d'en savoir plus sur le statut de votre proche, veillez au respect strict des gestes barrières, notamment avec les personnes de votre foyer. 

Allez-vous voyager hors de France, ou revenez-vous d'un pays étranger ?

Certains pays exigent la présentation d'un test négatif pour pouvoir entrer sur leur territoire. Pour en savoir plus, il vous suffit de consulter le site du ministère des Affaires étrangères, qui met régulièrement à jour ses conseils aux voyageurs pour chaque pays. 

Avec l'instauration du nouveau confinement, le gouvernement a fermé les frontières extérieures à l'espace européen, sauf pour les Français et les résidents en France. Si tel est votre cas, vous devrez présenter, à votre arrivée sur le territoire français, la preuve d'un test négatif au Covid-19, réalisé moins de 72 heures avant le vol. Si vous ne pouvez pas justifier à votre arrivée de cet examen négatif, un test à l'aéroport vous sera imposé. Cette mesure ne s'applique pas si vous revenez d'Australie, de Corée du Sud, du Japon, de Nouvelle-Zélande, du Rwanda, de Singapour ou de Thaïlande, précise le ministère des Affaires étrangères.

En revanche, les frontières intérieures à l'espace européen demeurent ouvertes. Cela concerne les Etats membres de l'Union européenne, Andorre, l'Islande, le Liechtenstein, Monaco, la Norvège, le Royaume-Uni, Saint-Martin, le Vatican et la Suisse. Si vous revenez d'un de ces pays, le test n'est pas obligatoire. Gardez en tête que ces recommandations sont évolutives. Avant tout déplacement, consultez donc le site du ministère des Affaires étrangères.

Par ailleurs, notez que les tests antigéniques, plus rapides à analyser que les tests PCR, sont en cours de déploiement dans les aéroports français. Pour l'heure, ils sont notamment disponibles dans les aéroports de Paris-Orly, de Marseille et de Nice. Toutefois, de nombreux pays ne reconnaissent que la validité des tests PCR pour l'admission des passagers en provenance de France.

Avez-vous une opération programmée dans un hôpital ?

Avant une intervention médicale, certains établissements vous demanderont de passer un test pour s'assurer que vous n'êtes pas porteur du virus. Personne ne vous renseignera mieux que l'hôpital ou la clinique où vous devez vous rendre. En raison du temps d'attente souvent nécessaire pour effectuer un dépistage PCR et recevoir les résultats, n'hésitez pas à vous y prendre à l'avance, tout en respectant le délai fixé par l'établissement. 

Notez également que vous ne pourrez pas réaliser un test antigénique, puisqu'ils ne sont pas pratiqués sur les personnes asymptomatiques, sauf dans le cadre de dépistages collectifs ciblés (dans les Ehpad, les aéroports, les établissements pénitentiaires, etc.), précise le site Ameli.

Votre employeur vous demande-t-il de vous faire tester sur votre lieu de travail ?

Le nouveau protocole sanitaire en entreprise, mis en ligne jeudi 29 octobre, donne la possibilité aux employeurs de réaliser des campagnes de dépistage. A condition que ces campagnes se fassent "dans le respect des conditions réglementaires" mais aussi que les salariés soient "volontaires" pour se faire dépister. Votre employeur ne peut donc pas vous imposer de vous faire tester.

Pour réaliser ces campagnes de dépistage, les entreprises peuvent s'équiper en tests antigéniques. Ces opérations doivent "être intégralement financées par l'employeur et réalisées dans des conditions garantissant la bonne exécution de ces tests et la stricte préservation du secret médical". Ainsi, si vous souhaitez réaliser un test au sein de votre entreprise, le résultat ne pourra en aucun cas être communiqué à votre employeur.

Allez-vous porter assistance à une personne vulnérable ?

Dans le cadre du confinement, les réunions privées sont interdites. Vous ne pouvez donc pas rendre visite à votre famille et à vos amis, sauf pour aider un proche vulnérable, comme un parent dépendant ou âgé. Dans ce cas, vous devrez vous munir d'une attestation, téléchargeable sur notre site, et cocher la case relative à "l'assistance aux personnes vulnérables". 

Lors de votre visite, le plus important reste de respecter scrupuleusement les gestes barrières. Vous pouvez passer un test PCR, si vous le souhaitez. Mais sachez que votre prise en charge ne sera pas prioritaire, les laboratoires traitant d'abord les personnes symptomatiques et les personnes contacts. Notez également que vous ne pourrez pas réaliser un test antigénique, puisqu'ils ne sont pas pratiqués sur les personnes asymptomatiques, sauf dans le cadre de dépistages collectifs ciblés (dans les Ehpad, les aéroports, les établissements pénitentiaires, etc.), précise le site Ameli.

Avez-vous juste envie d'être testé par curiosité ?

Des dizaines de milliers de nouveaux cas de Covid-19 sont recensés quotidiennement, et on sait qu'il est possible d'être porteur asymptomatique. Dans un tel contexte, on peut comprendre que, sans avoir de raison précise de vous penser contaminé, vous vous interrogiez quand même. Pour l'heure, les tests antigéniques ne sont, sauf cas particulier, pas pratiqués sur les personnes asymptomatiques. Vous avez en revanche le droit de passer un test PCR, et il vous sera remboursé comme pour n'importe quel patient.

Cependant, en pleine deuxième vague de l'épidémie, les laboratoires continuent de faire face à une forte demande. Les centres de dépistage tentent déjà de traiter rapidement les tests des personnes symptomatiques et des cas contacts, qui bénéficient de créneaux prioritaires, auxquels vous n'avez pas le droit. Mais même en vous faisant tester en dehors de ces créneaux, vous contribuerez à la charge de travail des laboratoires. Dès lors, si rien de concret ne vous amène à penser que vous pourriez être positif, mieux vaut sans doute vous abstenir. Vous aiderez les autres patients à obtenir plus rapidement un résultat dont ils ont vraiment besoin.

 

Collé à partir de <https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/infographie-covid-19-quand-faut-il-passer-un-test-pcr-ou-antigenique-et-quand-vaut-il-mieux-s-abstenir_4175691.html>