Les vendeurs à la sauvette chassés de Chinatown de Paris

Après la guerre des territoires qui s’est joué à Paris dans le XIIIe, les élus saisissent la justice.

marchand à la sauvette av d'ivry Paris 13 LP/Céline Carez

Par Céline Carez

Le 8 novembre 2020 à 12h21

Avant, à Paris, porte de Choisy (XIIIe), devant le métro, il y avait jusqu'à 20 mamies et papys chinois qui déballaient leur production du jour : sacs de perles de coco, ciboulette chinoise, chou Shanghai, nouilles sautées, gâteaux vietnamiens…, le tout installé sur une planche de fortune posée sur un chariot.

« Ils faisaient partie du paysage de Chinatown, résume Lim*, un riverain d'origine asiatique, ça nous rappelait les stands de street-food des rues de Bangkok, Hanoï et Phnom Penh ! Même si c'était illégal, les policiers fermaient les yeux. C'était bon enfant. »

Les mamies asiatiques délogées par des Roms

Seulement voilà, ces derniers mois, le quartier a changé de physionomie. « Les petites mamies de la porte de Choisy se sont fait intimider et progressivement virer par les Roms », regrette Lim. Il n'en restait que cinq. Un marché chaotique de biffins, émaillé de vols à l'arraché, de tensions, générant une pétition signée par 1 300 habitants de l'avenue de Choisy et envoyée à Jérôme Coumet, le maire (DVG) du XIIIe, a pris le dessus.

Avenue d'Ivry, c'est un réseau de marchands à la sauvette indo-pakistanais qui a agacé les commerçants, dénonçant « une concurrence déloyale ». Les élus se sont saisis du dossier des vendeurs à la sauvette du XIIIe arrondissement. La semaine dernière, Buon Tan, député de Paris d'origine cambodgienne, membre de La République en marche, a déposé un amendement à l'Assemblée, « souhaitant que la future police soit en mesure de verbaliser les sauvettes ». De son côté, Jérôme Coumet, qui avait envoyé tous les jours avant le confinement des agents de la DPSP (future police municipale) sur la porte de Choisy, alerté le commissariat, fait des opérations conjointes entre la police et la RATP a, lui, saisi la justice. « Nous voulons faire un travail de fond sur ces filières d'approvisionnement des marchands à la sauvette », indique l'élu.

/C.C  

Des résidents « écœurés »

Ce samedi, au neuvième jour de confinement, la porte de Choisy était quasi déserte. Avenue d'Ivry et rue de Tolbiac, c'était « service minimum mais service quand même », résume, ironique, Emmanuel Compain, riverain et président de la copropriété des Olympiades. Quelques marchands indo-pakistanais déballaient des avocats vendus 2 € les quatre, des bananes, des mangues…

« Le quartier a changé, décrypte Jacques Hua, secrétaire de l'association des commerçants du quartier. Après la génération de jeunes vendeurs à la sauvette, asiatiques, certains sans papiers, organisés, ravitaillés sous le manteau par des grossistes de Rungis, il y a eu les marchands indo-pakistanais. » L'arrivée des Roms cet été a été le point d'orgue. « Ils se sont rabattu porte de Choisy, précise un riverain, fuyant une capitale désertée par les touristes, déballant ce qu'ils trouvaient dans les poubelles. Ils ont traité les lieux comme un dépotoir. Certains ont détroussé des clients aux terrasse, chapardé chez les commerçants »

 

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